Flash Back // Chez les esclavagistes [PV//Läyan]

Ellie sortit discrètement de la chambre du gardien des lieux. Elle n’avait que dix-sept ans à l’époque, mais cela n’avait pas dérangé monsieur qu’elle soit mineure, et elle se doutait même qu’il n’hésitait pas à en prendre des plus jeunes qu’elle. Enfin, tout cela n’avait aucune importance, elle était dedans. Et lui, il était mort avant d’avoir pu faire de même.

D’un geste précis elle ferma la porte derrière elle. Elle savait la pièce bien rangée, nickel, pas la moindre goutte de sang ne venait dénoncer son crime –normal, le sang, elle l’avait récupéré entièrement. Le pauvre cadavre exsangue avait été planqué dans le placard –elle aurait bien trouvé une meilleure cachette, mais elle manquait de temps, tant pis, la femme de ménage aurait une belle trouille en venant ranger le linge.

L’adolescente s’aventura donc dans le couloir de la bâtisse. Au moins, le type qui vivait là cachait bien son trafic d’être vivant, jamais elle n’aurait pu se douter de son commerce. Non c’est vrai, un bon gros couloir bien sinistre en sous-sol ; avec des dalles noires, des tâches de sangs et des torches au mur comme suspendues à des chaînes de torture. Il avait beaucoup de goût et les flics étaient sûrement aveugles.

Enfin, des flics cons signifiaient plus de boulot pour elle, elle n’allait pas s’en plaindre. Il fallait bien manger dans la vie et cette « mission de récupération » la nourrirait, elle et son frère pour un mois au mois si elle réussissait.

La jeune femme avait été entraînée toute son enfance à retenir des listes gigantesques, aussi, se souvenir de la photo de sa cible, ainsi que son nom, n’avait rien de difficile. Läyan, une esclave.

Apparemment très demandée car un autre esclavagiste était prêt à verser une jolie somme pour la chiper à son concurrent. Et oui, la dure loi de l’offre et la demande, tout ça.

Elle n’avait que peu de compassion pour la victime –la compassion, elle n’en avait pas le temps, il fallait qu’elle s’occupe de son frère et qu’elle survive.- Les remords aussi, elle s’en soucierait après. Après tout, c’est le principe des remords, ça vient après avoir fait la bêtise.

Puis, essaya-t-elle de se rassurer : l’esclave devait être bien mieux lotie qu’elle ou Josh. D’après ses recherches elle vivait dans une pièce non loin, sous la demeure de son maître ultra riche. Au moins, elle devait manger à chaque repas. Et quoi, au pire, elle couchait avec l’autre ?

La belle affaire. C’était juste d’écarter les cuisses qu’on lui demandait, pas le grand écart.

Ellie s’arrêta, percevant du bruit non loin d’elle. Immédiatement elle voulut se cacher dans la pièce adjacente, mais celle-ci lui résista, visiblement fermée.

Foutue idée de fermer les portes dans un complexe top-secret. Alors on ne cache pas ses activités aux yeux du monde, mais on vérifie bien les verrous avant de partir ?

Les bruits de pas se rapprochaient dangereusement à présent, et elle savait qu’elle ne croiserait pas des enfants de chœurs, ici, et maintenant en ce lieu.

Enfin, si elle en croisait, le mec était pédophile et kidnappeur en plus d’esclavagiste.

Ce fut bien la première fois qu’Ellie dû prier pour être en présence d’un pédophile.

Malheureusement les dieux ne l’écoutaient jamais.

Deux hommes baraqués se pointèrent au bout du couloir, tous deux munis de flingues impressionnants –ils devaient avoir quelque chose à compenser, comme leurs potes dans le placard. Mais, contrairement à leur pote dans le placard, elle n’avait pas eu le temps de les « infecter » avant de venir et ne pouvait donc pas les éliminer en un clin d’œil.

Bien évidemment, ils la virent. C’aurait été trop beau que leurs belles lunettes noires bien clichés cachent leur cécité à tous les deux. Et bien évidemment ils sortirent l’habituel « hey, toi là, ne bouges plus ! » en dégainant leurs flingues.

Quel manque d’originalité. Vraiment, elle était déçue.

Elle n’attendit pas que la première balle fuse, et déploya son nen pour se ruer vers eux. Elle savait que l’aura n’était pas assez puissante pour arrêter les balles, mais ma foi, elle espérait qu’ils ne s’attendraient pas à cette réaction et la louperaient sous le coup de la surprise.

Ellie eut à peine le temps de sentir la douleur dans son épaule droite, elle bondit, sauta pas dessus les types en costumes, et atterrit derrière eux. Croque-jambe.

Et mollets en béton armé. Elle abandonna le croque-jambe et fila en quatrième vitesse au bout du couloir. Tant pis pour la discrétion.

Malheureusement, la jeune fille ne fut pas assez rapide et on l’attrapa pas l’épaule, celle qui saignait en plus. Le type la souleva de terre comme si elle ne pesait rien –ce qui n’était pas faux- et la dévisagea avec sévérité.

« Qu’est-ce que tu fiches ici toi ? »

Pendant un instant, Ellie considéra sérieusement l’idée de s’excuser et de leur sortir « je me suis perdue en fait, vous me raccompagnez et on oublie tout ? » Mais quelque chose lui disait qu’ils ne la croiraient pas.

« Tu vas répondre oui ? »

Méchant numéro 1, celui qui la tenait, fit un signe à méchant numéro 2 ; qui lui envoya une violente claque au visage –comme si lui casser la mâchoire l’aiderait à parler.

C’était elle ou eux.

Bien évidemment, Ellie préféra se choisir elle. Se concentrant un instant sur sa blessure, elle banda sa volonté et son nen pour faire de son sang une arme. Elle plissa le nez, et leva les yeux vers celui qui l’avait frappé.

Puis elle lui cracha un jet de salive ensanglanté dessus.

Le jet lui traversa le crâne.

L’autre n’eut même pas le temps de comprendre, la blessure d’Ellie s’hérissa et lui transperça la main. Elle profita de son ahurissement pour soutirer le flingue de sa ceinture et d’appuyer sur la gâchette. Elle ne le tua pas –elle avait appuyé trop tôt, mais lui explosa les bijoux de famille.

Alors que l’autre se roulait au sol en gémissant à côté de son ami mort, Ellie décida que c’était le moment de s’éclipser. Tant pis pour la mission, elle serait déjà heureuse de sortir d’ici vivante. Josh avait besoin d’elle pour survivre dehors. D’elle vivante.

Elle se précipita donc au bout du couloir et fit sauter la serrure avec un bon coup de révolver.

« Qui va là ? »

Et bien évidemment, de toutes les portes du corridor, de toutes les pièces de ce foutu manoir, elle avait décidé de se cacher dans celle occupée.

Les dieux la détestait carrément.

Quelle heure était-il ? Midi ? Minuit ? La jeune fille ne saurait le dire. Enfermée depuis des années dans cette cellule de pierre froide, éclairée par des lumières artificielles. Sept ans qu'elle vivait privée de soleil, si ses longs cheveux avaient réussis à garder leur teinte charbon, sa peau elle était devenue blanche comme le marbre qui décorait la grande maison de son maître. Elle soupirait, resserrant l'étreinte de ses bras sur les maigres chevilles. Un geste qu'elle regretta rapidement, car ses bras, cernés par des bracelet en métal, avaient grand mal à cicatriser.

- Ma pauvre petite Lay'. Je suis désolée de ne rien pouvoir faire. - Fit un être spectrale à ses cotés.
- Ce n'est rien Yukihime ... - Laissa-t-elle échapper doucement.

Depuis qu'on l'avait enchainée, elle n'avait jamais cessé d'espérer que quelqu'un vienne la chercher et la rapporte à sa terre, celle de ses ancêtres et si cette terre était hors d'accès, qu'il lui offre le monde comme maison. Tout lui conviendrait, tout lui suffirait, même mendier à genoux sous la pluie lui plairait bien plus que de servir encore cet homme qui la salissait de plus en plus chaque jour qui passait.
Un an déjà. Voilà un an que ce monstre avait osé vendre son corps à prix d'or sans qu'elle n'en soit informée. Possédé par l'esprit d'une noble volage, fort heureuse de retrouver son amant resté dans le monde des vivants. Des larmes pointèrent aux coins de ses yeux, mais Läyan se fit violence pour ne pas qu'elle dégringole le long de ses joues. Cet acte aurait déclenché le serment de Katsuo, son premier esprit gardien, qui en plus de ne pouvoir rien faire pour protéger le serment de l'enfant qu'elle était, aurait fait apparaître les autres serments écrits sur ses bras et l'aurait atrocement brûlé. Elle enfouit son visage dans ses genoux, recouverte de sa longue chemise de nuit bleutée, pour essuyer ses larmes.

Tout était si morne, si triste, si sombre que même les fantômes pleuraient des larmes fictives qui, contrairement à celles des vivants, ne pouvaient colorer d'ombre le sol dallé de la chambre de la médium. Au coin de la chambre, le grand fantôme, dont les cicatrices avaient figé dans le temps un grand sourire heureux, ne put supporter la tristesse de celle qu'il avait adopté il y a fort longtemps déjà. Il s'approcha à pas de velours et s'assit sur le lit de la jeune femme, en face de cette dernière. Läyan leva doucement ses yeux bleus, rougis par le chagrin. Le défunt à la peau mâte la regardait en souriant, comme si rien ne les avaient touchés depuis leur rencontre, qu'ils vivaient dans ce petit paradis perdu quelque part sur terre. Katsuo, releva ses manches et de ses grandes et fines mains, il se mit à donner la mesure et une étrange mélodie d’outre-tombe se mit à planer autour d'eux.
C'était là l'un des dons des morts, il pouvait créer certains objets fait d'ectoplasme ou encore faire apparaître des chansons s'il le voulait.

- Alors Lay'. Quelle musique est-ce ?

Les cordes et les instruments à bois s'alliaient avec légèreté, tourbillonnant tel un ruisseau, bondissant comme un jeune lièvre et atterrissait avec candeur sur le lac au milieu du grand bois d'où elle provenait. Une musique bien connue, que tout le monde connaissait, que Läyan appréciait particulièrement et dont la référence fit sourire.

- Le Lac des cygnes.
- Bien joué !
- Ne te moque pas de moi, ce n'est pas très compliqué.
- Chuuut. Ecoute.

La jeune médium posa son menton sur ses genoux et écoutait. Elle adorait la musique, cela lui permettait de s'évader loin de ses barreaux, loin de tous ses malheurs, mais elle n'y avait que rarement le droit. Seuls les morts, quand ils le voulaient, pouvaient lui faire entendre la musique qu'elle demandait poliment. Elle se perdit au milieu de ses notes durement jouées, Katsuo restant concentré pour ne pas perdre la mélodie et ainsi la faire taire. La jeune femme fut tellement comblée par cet air de liberté, qu'elle oublia les bruits alentours et Morphée commença même à lui caresser ses longs cheveux noirs.
Pourtant, le silence était bien loin d'elle et le couloir des esclaves n'avaient que rarement été aussi agité. Un intrus avait pénétré en ces lieux, mais cela, seul les morts l'avaient deviné. C'est un coup de feu qui fit sortir, en sursaut, Läyan de ses penses. Que se passait-il ? La musique s'était interrompue. Trop de surprise, trop de peur quand à ce qui se cachait derrière cette porte, la jeune femme n'osa pas bouger. Elle entendait les coups pleuvoir et les cris retentir, mais que pouvait-elle faire de sa geôle ?

- Yuki', veille sur Lay'. - Fit le maître du Casino en sautant du lit, se précipitant vers la porte.

Le fantôme eut à peine le temps de traverser la porte, qu'une femme aux cheveux d'un blanc immaculés le traversa à son tour. Sans le voir, ni même le sentir, elle continua sa route. Le verrou de la porte ne résista pas longtemps à l'arme qu'elle avait en main et cette dernière se faufila dans l'obscurité de la chambre de la médium. Le cœur de Katsuo rata un battement - s'il on put dire - et il ne se fit pas prier pour faire volte-face.
Dans la chambre, éclairée de quelques lumières à peine, Läyan put distinguer la nouvelle arrivante. Ses cheveux blanc lui descendaient dans le dos et se soulevaient avec elle à chaque respiration. Elle songea qu'elle avait fuit, mais pourquoi ? Intriguée, plus qu’apeurée par cette étrange femme dont elle sentit émaner une étrange force, elle osa, d'une voix faible, attiré son attention.

- Qui va là ?

Katsuo traversa la porte et la femme avec rapidité. Son visage contrarié et ses dents qu'il maintenait fermement serrées indiqua à Läyan qu'il était inquiet. Qu'est-ce qu'il avait vu de l'autre coté ? Que savait-il ? Doucement, la médium se dirigea vers le rebord de son lit pour poser un pied sur le sol dallé, prévoyant une attaque, une rébellion, un acte désespéré... Que pouvait-elle encore imaginer ?

- S'il vous plait, qui êtes-vous ?

Ellie se figea sur place. Sa première réaction face à l’inconnue avait été de se placer en position défensive – dos au mur, poings levés. Mais la jeune femme face à elle n’avait guère l’air dangereux (d’un autre côté, Ellie non plus.) L’intruse se permit de dévisager sa future opposante – prête à en découdre avec elle, et un frisson lui remonta l’échine : c’était celui de sa cible !

Finalement, elle avait choisi la bonne porte. Evidemment, ah-ah, tout se déroulait exactement comme prévu !

Elle esquissa un geste un peu brusque pour se pointer du doigt :

-Enchantée Läyan, je ne peux pas te donner mon nom, mais je suis venue pour te libérer.

Elle ne lui laissa pas le temps de lui répondre ou réagir et s’approcha de l’esclave d’un pas décidé. Improvisation, improvisation. Au moins, elle avait la cible, il ne restait plus qu’à trouver un moyen de s’enfuir toutes les deux et elle aurait de quoi s’occuper de Joshua pendant un moment. Quand Ellie vit les chaînes aux chevilles de la jeune femme, elle cacha son dégoût. –Plus tard les sentiments, plus tard les remords, d’abord sortir de là indemnes. Elle n’avait pas besoin de se souvenir du visage accablé de la jeune femme d’à peine son âge, encore moins de retenir les marques sur ses bras et ses jambes, ou les signes d’enferment et de soumissions qui suintaient par tous les pores de son être.

Ellie avait déjà sa part de souvenirs douloureux, elle ne désirait pas s’encombrer de ceux des autres.

La jeune femme sortit son arme et vérifia les munitions : encore trois balles.

Cela allait faire du bruit et ameuter les gardes en revanche.

Ellie scruta la pièce à la recherche de quelque chose pour servir de silencieux. Ce fut vite-fait, de toute évidence l’esclave logeait ici, et il y avait un lit avec un oreiller. (Elle semblait logée, nourrie et habillée de façon correcte, au moins, essaya de se persuader Ellie). Elle s’empara de l’édredon et le plaça entre l’embout de son canon et les maillons de la chaîne retenant Lay ici.

Puis elle tira. Deux fois.

Cela souleva quelques plumes, mais il n’y eut pas un bruit de tonnerre, et surtout, les liens n’avaient pas résistés. Ellie les balaya du bout des doigts pour être certaine d’avoir bien réussi à les faire céder et déforma quelques autres maillons récalcitrants qui restaient. Bah voilà, ça c'était du bon boulot !

-Voilà, tu es libre. On a fait la moitié du travail.

Ellie envoya une œillade qui se voulait rassurante à sa cible, et elle se redressa, lui tendant la main :

-Suis-moi, on va trouver une sortie maintenant.

Elle sursauta et se retourna vers elle, les poings levés. En fait, elle devait avoir aussi peur qu’elle.Mais contrairement à l’esclave, qui resta comme figée par la peur, la jeune inconnue réagit vivement en la pointant du doigt. Elle eut un sursaut et ses yeux s’écarquillèrent, que lui voulait-elle ?

- Enchantée Läyan, je ne peux pas te donner mon nom, mais je suis venue pour te libérer.

Elle aurait écarquillé encore plus les yeux si elle le pouvait, mais elle n’aurait pas pu le faire sans que ses pupilles bleutées sortent de leurs orbites. A la place, elle cligna plusieurs fois des yeux devant les dires de cette femme. La … Libérer ? C’était tellement beau qu’elle ne savait pas comment réagir. Sa bouche s’ouvrit, mais aucun mot ne put en sortir, elle voulut se mouvoir vers elle et partir dans l’instant avec elle, peu importe qui elle était, mais elle n’arrivait simplement plus à bouger. Elle était comme paralysée.
Même ses esprits gardiens autour d’elle n’en revenaient pas. Si Yukihime, eut finalement un sourire réjoui, Katsuo fronça les sourcils, décidé à se méfier de cette femme. En particulier quand cette dernière s’approchait trop rapidement de cet enfant qui était devenue sa princesse, sa maitresse, pour qui son cœur de pierre s’était affaibli après des années à haïr et à mépriser son prochain. Quand elle dévoila l’arme qu’elle portait avec elle, ce fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase. D’un mouvement vif, le fantôme frôla la tête sa protégée, et pointa la blanche.

- Lay’ écarte-toi d’elle ! Je ne lui fais pas confiance.
-   Katsuo … - fit doucement Yukihime, se dépêchant de s’approcher du grand fantôme pour le retenir.

Sa voix criarde la ramena à la vie. Läyan tourna vivement la tête vers ce dernier, alors que la femme aux cheveux blanc le traversa pour saisir l’édredon posé derrière lui. Elle agit si vite, qu’elle n’eut pas le temps de comprendre ce qui se passait. Elle tira deux coups de feu, qui arrachèrent un petit cri de surprise à l’esclave, et Katsuo collé à cette dernière n’attendait qu’un seul faux pas pour agresser cette femme avec toute la fureur dont il était capable.
Bien qu’en temps normal, Läyan ne se serait pas inquièté de ses instincts protecteurs, car ce dernier ne pouvait que rarement faire quelques choses contre les personnes vivantes, la situation troublante et ce petit bout d’espoir qu’on avait fait revivre en elle attisèrent la crainte que son billet de sortie disparaisse. Elle ne devait pas mourir, pas après tout le chemin qu’elle avait fait pour elle.

L’espace d’un instant, elle se demanda pourquoi elle était venue ici, malgré le danger. Elle n’arrivait pas à penser, trop aveuglée par cette joie qui l’envahissait peu à peu, pour elle, elle était venue de son plein gré, tel un Robin des Bois venue délivrer les pauvres emprisonnés en ses lieux. Elle songea même qu’elle devait être accompagnée d’un Petit Jean et d’un Frère Tock quelque part dans les couloirs menant aux autres geôles. Doucement, elle se voyait respirer à nouveau, comme si le souffle de la liberté s’était glissé par l’entrebâillure de la porte pour lui insuffler le pouvoir de voler aussi loin qu’elle le désirait. La jeune femme brisa ses chaines, allant jusqu’à déformer les maillons récalcitrants.

-   Voilà, tu es libre. On a fait la moitié du travail.

Elle voulut la remercier du fond du cœur, mais sa voix coupée ne lui en laissa pas l’occasion, quand bien même un large sourire se dessinait sur les lèvres de Läyan. Elle lui tendit la main, et après une petite hésitation, de peur que sa main ne passe en travers de la sienne, elle la saisit. La main de la médium était tellement froide, qu’elle crut celle de la jeune femme aussi brûlante qu’après un effort intense, mais ce fut peut être le cas, qui pouvait le savoir ?

- Suis-moi, on va trouver une sortie maintenant.

La brune hocha la tête et la suivit docilement en lui tenant fermement la main. Le cliquetis de ses chaines brisées, accompagnait le claquement de ses pieds nus et marquait ses mouvements pressés vers la porte en fer qui l’avait longtemps maintenue enfermée. Elles regardèrent prudemment à l’extérieur. Pas un garde, juste des cadavres allongés sur le sol et des esprits au-dessus de ces derniers, inoffensifs. Dans leur direction, des voix masculines hurlaient des ordres, pressaient les hommes en marche dans leur direction.
Läyan serra les dents, il faudrait faire vite si elle ne voulait pas retourner dans sa prison. Elle jeta un coup d’œil dans la direction opposée, les couloirs continuaient et elle savait pertinemment où ils menaient.

-    Par-là , je connais un raccourci pour sortir d’ici – s’empressa-t-elle de dire en chuchotant.

Elle les connaissait bien, ces couloirs. Elle devait les parcourir chaque jour. Elle savait que si l’on continuait tout droit, on accédait à la demeure principale, mais que si l’on empruntait quelques passages secrets, on pourrait alors aller accueillir un client dans le jardin. Ils avaient été rare, ces moments où la médium sortait dans la cours, mais elle se souvenait assez bien de l’emplacement des passages pour s’y rendre avec sa sauveuse.

-   Il y a des passages secrets dans cette direction pour déboucher sur le jardin du maître, on accédera directement à la porte principale par là-bas.

La dénommée Läyan ressemblait à un animal effrayé, et pourtant, celle-ci trouva le courage de lui prendre la main et d’accepter son aide. Elle devait être désespérée. Cela arrangeait beaucoup Ellie. D’un geste assuré, elle l’aida à se mettre debout sur ses pieds. Les restes des fers qui enserraient ses chevilles cliquetaient un peu, et elle grimaça à l’idée que les gardes puissent les repérer à cause d’eux. Mais elle ne pouvait décemment pas tirer une balle là, sans prendre le risque de lui exploser la cheville –et après, qui allait devoir porter la blessée ? C’était bibiiii.

Au moins, elle est obéissante et courageuse. Maintenant, espérons qu’elle ne sera pas un boulet.

Parce que la jeune femme en avait sa claque des boulets. D’un pas prudent elle s’avança vers la porte et vérifia le corridor, gardant la main de sa cible dans la sienne, bien à l’abri derrière elle.

Personne. Juste des cadavres, mais elle percevait des injonctions au loin –sûrement la panique, on crie souvent quand on panique, et les supérieurs devaient chercher un pauvre subordonné sur qui rejeter la faute aussi. Tant que le chao régnait, elle avait une chance de s’en tirer, et ce, même si l’esclave ne savait pas se battre.

Vérifiant son arme –encore une unique et dernière balle, elle décida qu’il ne lui serait plus utile maintenant. Ellie hésita à le confier à Layan pour qu’elle puisse se défendre, mais l’idée d’avoir quelqu’un d’armé dans son dos la répugnait (et si la jeune fille était endoctrinée, avait l’esprit annihilé par son maître et lui tirait une balle dans le crâne pour retourner dans sa cellule et éviter les représailles de maître ? Ellie ne désirait pas courir le risque). Elle garda donc le revolver qu’elle cala dans son soutien-gorge.

C’est alors qu’elle se demandait quelle direction prendre que Layan se décida à parler.

-là , je connais un raccourci pour sortir d’ici.

Pratique ! Elle aurait aimé avoir un esclave à chaque mission pour lui montrer les raccourcis.

Läyan possédait une voix fluette, très faible, comme si elle craignait son propre écho. Plus elle la voyait, l’entendait, constatait son état, plus Ellie avait du mal à repousser les remords.

- Il y a des passages secrets dans cette direction pour déboucher sur le jardin du maître, on accédera directement à la porte principale par là-bas.

Ellie la dévisagea un instant, tâchant de déceler une trace de mensonge dans ces propos. Puis, elle décida de rester sur ses gardes – et de se servir de Layan comme bouclier si elle tombait dans une embuscade, mais de tenter l’issue qu’elle lui proposait. Cet endroit était un vrai labyrinthe et après tout, elle n’était entrée que grâce à l’autre sale type pédophile. Néanmoins, elle ne put s’empêcher de marmonner à la jeune esclave :

-Ne l’appelle plus « maître » tu es bientôt libre, tu t’en souviens ?

Elle tenta de lui envoya un sourire rassurant –et hypocrite, car après tout, Ellie allait juste la remettre à un autre maître (mais il ne pouvait qu’être meilleur que celui-là, non ?). Ellie observa la jeune fille qui la regardait avec une entière confiance –et même de l’admiration, et la tromper lui fit un peu plus mal que d’habitude. (Après tout, elle, elle arnaquait les arnaqueurs, et volait les voleurs, c’était plus facile à gérer niveau conscience et tout.) Mais cette fille devait à peine avoir son âge, peut-être moins.

Mais ce n’était pas comme si elle avait le choix après tout : elle aussi elle devait manger, et surtout, soigner son petit frère. Puis, qu’est-ce qu’elle pouvait faire d’autre ? L’emmener avec elle sur les routes ? Ellie avait déjà du mal à survivre seule, Läyan vivrait bien mieux en servant un vieil homme comme son client plutôt qu’à essayer de survivre dans la rue.

-Je te suis, montre-moi le chemin et on sort toutes les deux. Lui lança-t-elle en la faisant gentiment passer devant –lui tapotant le dos.

Puis songeant que si sa cible se faisait tuer par accident en passant devant, elle aurait fait tout ça pour rien, elle s’arrêta.

-Tu sais te défendre Läyan ?

Vu sa physionomie chétive, et sa tenue, Ellie admit immédiatement que non, et elle ne lui laissa pas le temps de répondre.

-Ne bouge pas.

La jeune fille revint rapidement sur ses pas et s’approcha des cadavres des hommes du couloir. Il ne lui fut pas dur de dénicher un couteau à un des ceinturon et encore moins de s’entailler son poignet –elle commençait à avoir des marques de scarifications et se couper faisait moins mal.

Son sang s’écoula sur sa peau blême et elle pressa la blessure pour l’en faire jaillir, puis couler jusqu’au cadavre. Cela ne lui prit que quelques secondes pour que son nen intègre le l’auréole rouge qui stagnait au sol, un peu plus pour le faire revenir dans le corps pourrissant, et encore un peu pour qu’elle puisse prendre le contrôle du mort grâce à la manipulation du sang.

Mais maintenant elle avait un bouclier à disposition et peut-être même un alibi. Ellie avisa les chaînes de Läyan, et les fils ensanglantés qu’elle enroulait toujours à ses bras –et dont elle se servait surtout pour porter son frère dehors. Un plan naquit dans un recoin de son crâne.

Avec un œil scrutateur elle avisa son zombie, puis épousseta un peu son costume. Le noir des vêtements cachait globalement le fait qu’il avait baigné dans son propre sang une bonne demi-heure. Et les lunettes noires empêchaient quiconque de croiser son regard vide. Finalement les clichés avaient leur utilité.

Ellie revint vers Layan avec son esclave-mort sur les talons, et elle lui montra ses fils de nen.

-Enroule ça autour de tes poignets, je vais faire pareil. Il passera devant en tenant le bout de cette corde, comme s’il nous mettait en lieu sûr. Je ne peux pas le faire parler, alors si tu croises quelqu’un, essaye d’avoir l’air…naturel ?

Satisfaite de son plan elle hocha du chef à Layan et lui sourit –sincèrement cette fois :

-Montre-moi le chemin vers la sortie.

Elle la regarda, droit dans les yeux, sûre de ses dires et impatiente de quitter les lieux. Plus elles attendaient, plus les vivants se rapprochaient et plus les morts s’agitaient, rendant leur cris plus audible pour la petite médium et de moins en moins supportable. Les fantômes des deux gardes étaient toujours là d’ailleurs, regardant leur corps meurtrier d’un air béat, ne se rendant pas encore compte de leur trépas.

-      Ne l’appelle plus « maître » tu es bientôt libre, tu t’en souviens ?

Elle cligna plusieurs fois des yeux, comme surprise par une telle déclaration. Elle lui sourit, elle n’hésita pas un instant à lui rendre ce doux sourire rassurant. C’était vrai, bientôt elle n’aurait plus de maitre et de fer aux chevilles pour l’entravé. Elle serait simplement libre. Cette idée raviva la flamme du courage que les larmes croyaient avoir éteinte et chassa la peur avec violence, loin, bien loin de ce cœur emproi aux rêves d’une vie meilleure. Elle avait l’à toutes les raisons de faire confiance à cette fille dont elle ne connaissait même pas le nom, cette confiance aveugle en une parfaite inconnu n’eut pour effet que d’attisé la colère, né de la crainte, de premier esprit gardien de la jeune femme. Katsuo demandait des preuves avant de faire confiance, tellement de preuves et de dévotion qu’il était impossible pour lui de quitter les lieux comme Läyan était en train de le faire.

-      Je te suis, montre-moi le chemin et on sort toutes les deux.- Lui fit-elle en lui tapant doucement le dos

Läyan se faufila avec entrain vers le couloir désert, entrainant la jeune femme avec elle, prête à mener sa sauveuse vers la sortie en la tenant fermement par-là main, mais sa course s’arrêta bien vite. A peine quelques centimètre après être sorti de sa prison, la main de la blanche se renforça sur la sienne pour réfréné ses ardeurs, elle la regarda indécise.

-      Tu sais te défendre Läyan ? – A peine eut-elle ouvert la bouche, que cette dernière enchaîna - Ne bouge pas.

Quand sa main lâcha la sienne, elle eut peur pendant quelques instants qu’elle l’abandonne et quitte les lieux par là où elle était venue. Elle ne savait pas trop pourquoi elle pensait cela, alors qu’elle savait pertinemment qu’elle était là pour elle et qu’elle avait besoin d’elle pour quitter les lieux saine et sauve, mais cela avait été plus fort qu’elle.
Cette jeune femme choqua toutes les personnes, vivante ou non, présente dans le couloir, quand d’un geste rapide elle s’entaillait ce maigre poignet qui lui appartenait. Läyan du couvrir sa bouche avec ses fines mains pour éviter qu’un cri n’en sorte, quand un flot de ce liquide cramoisie, qui apporte la vie, jaillit et s’écoula vers le corps sans vie d’un pathétique gardien du corridor. Quel ne fut pas sa surprise, quand le corps sans vie et sans âme du gardien se mit à se lever, comme si une vie artificielle lui avait été donnée comme par enchantement. Le fantôme semblait aussi décontenancer que la jeune femme et, furieux de se faire voler ce qu’il avait de plus précieux, essaya en vain de le reprendre. Dépourvu de pouvoir, il ne pourrait plus jamais rien faire, si ce n’est de ce laissé porter par la tendre chaleur de l’au-delà qui attirait parfois, les fantômes aillant accepter leur mort.

-      Rend moi mon corps, salope !- hurla le spectre.

Il n’eut pas le temps de portée un coup de poing infructueux, que le maitre du casino l’envoya à terre, d’un simple coup de pied dans le ventre. Si les esprits des morts pouvait porter des attaques mentales, pour peu qu’il soit puissant, il ne pouvait pas toucher ce qui était vivant, mais tout spectres pourvu qu’il soit formé d’ectoplasme pouvait très bien porter atteinte au corps d’un de ses semblables. C’est ainsi que beaucoup de combattants de jadis se battait encore sur les champs de bataille, tuant leur ennemis fantomatique, qui se reformait après quelques instants et lui sautait dans le dos pour le poignardé à son tour.

-      Touche pas abrutie. De ce côté, c’est moi le roi et tu ne pourras rien faire que je ne désire pas.

Ce n’était pas tout à fait vrai, mais Katsuo était un maitre dans l’art du mensonge et de l’intimidation. Il ne fallut qu’un regard pour que le fantôme agressif devienne aussi docile qu’un chiot abandonné. L’esprit gardien tourna son regard vers la blanche, elle devait bien faire deux tête de moins que lui, si ce n’est plus. Il plissa des yeux, ne voulant pas détacher son regard d’elle, voulant percer ce secret qu’elle détenait.

-      Elle utilise le nen. – affirme-t-il

Läyan savait que, si dans de rare cas, certains fantôme pouvait utilisez leur nen après leur mort, beaucoup n’en avait plus cette capacité, mais en revanche, pouvait toujours ressentir une personne l’utilisez pourvu qu’il soit assez proche de cette dernière. Si Katsuo aurait été encore vivant, il n’y aurait nul doute sur le fait que la jeune femme aurait vivement reculé en sentant son souffle chaud dans sa nuque, ou qu’elle aurai vu une de ses grandes et fines mains approcher les siennes. Katsuo, c’était ce genre de personnes qui inspirait plus la terreur que le respect, et dont on ne souhaitait qu’une chose : Ne pas le trouver à sa fenêtre après avoir entendu un bruit sinistre. Il arrivait de temps en temps au fantôme de plaisanté sur son apparence pour faire rire Läyan, comme dire qu’il aurait parfaitement sa place dans la maison d’hanté la plus fréquenté du monde et qu’il suivrait les clients pas à pas pour leur sauté dessus le moment venue, pour peu qu’on pouvait le voir.
Bien que désormais responsable de la protection de Läyan, bien plus que de s’amusé à terrifier des enfants, il préféra ordonner à sa complice de veillé sur cette dernière, tandis que lui surveillerai la blanche. Il estima qu’il avait bien fait de se méfier d’elle, en plus de ne pas divulgué son prénom, voilà que cette petite sotte avait fait une démonstration de son pouvoir à un fantôme peu amical.

Cette sorcière, tel était le statue que le fantôme lui donnait, épousseta le cadavre dont elle avait procession et se retrouva vers la médium qui l’attendait sans dire mot, intriguer par ce tous les gestes de sa sauveuse, à l’écoute de toute les paroles qui pouvait bien être dite. Läyan regarda les fils que la jeune femme possédait avec attention et bu chacune de ses paroles quand elle parla enfin après ce qui lui parue un long moment de silence.

-      Enroule ça autour de tes poignets, je vais faire pareil. Il passera devant en tenant le bout de cette corde, comme s’il nous mettait en lieu sûr. Je ne peux pas le faire parler, alors si tu croises quelqu’un, essaye d’avoir l’air…naturel ?

Dans l’instant, la brune opina du chef et saisit les fils que la blanche lui tendait, puis elle les enroula vivement autour de ses bras serré des bracelets en fer dont elle ne pouvait se défaire. Elle avait fait trop de tour, trop rapidement, il suffira que sa camarade s’arrête et l’entraine dans son élan pour que le fils se resserre et lui coupe la circulation sanguine, mais cette idée ne pouvait lui parvenir maintenant, car la blanche continua.

-      Montre-moi le chemin vers la sortie.
-      Par ici - lui répondit-elle avec enthousiasme en saisissant la main du zombie.

Une autre aurait pu être répugné à tenir la main d’un cadavre, mais la jeune femme, cette si jeune femme en avait vu bien pire durant sa courte existence. Les morts venait à elle parfois ensanglanté, d’autre fois décapité, elle avait même dut appeler un lépreux un jour. Alors tenir la main d’un corps, contre le fait de se faire posséder par un homme dont le corps décomposé, dont elle pouvait ressentir les désagréments de la maladie, c’était un bien piètre mal.

La médium les entraîna en courant à toutes jambes à travers un dédale qu’elle ne connaissais trop bien. Faisant halte face à un mur de pierre, tâtonnant vivement sur toutes les grosses pierres qui le soutenait, elle finit par trouver celle qui, d’une pression de la main, ouvrait cette porte coulissante qui menait aux escaliers de la liberté. Il n’était pas assez large pour que deux personnes passent côte à côte, en général c’était le maître qui ouvrait la marche et un garde du corps qui la fermait pour ne pas que la petite esclave ne fuit, mais aujourd’hui c’était différent. Läyan passa la première, guidant son allié dans ce passage sombre dont on ne voyait pas à plus de deux mètres. Elle trébucha, deux fois, mais ce vaillant petit cœur refusait d’abandonner pour un genou écorché alors que les portes de la liberté l’attendaient à quelques mètres de là. Devant la porte de la sortie, le manège à l’entrée du passage recommença et elle chercha en maudissant cette pierre qui ouvrait les portes.
Elle ne put empêcher un soupir de soulagement quand elle la trouva enfin et que la lumière artificielle les lanternes lui rendit la vue. Elle sorti du passage, tenant fermement la main au mort-vivant et se retrouva vers cette sauveuse qu’elle bénissait tant.

-      A droite, au bout du couloir, c’est la sortie. – Lui dit-elle en souriant.

Encore une fois, une dernière fois, elle les entraina avec toute la joie du monde vers ses chemins qu’elle seule connaissait, mais au détour du chemin le ciel s’assombrit. Ils durent se stopper net, quand le maître, un homme de bonne constitution et dont la barbe et les cheveux gris affichaient les signes évident de la vieillesse, et quelques un de ses meilleurs gardes leurs barrait la route. Le plus terrifiant, aux yeux d’un étranger devait être ce géant, croisée sumo, dont les mains immenses pouvait saisir un crâne humain et sans doute le briser comme on brise un cure-dent, mais pour Läyan, le plus terrifiant était l’homme qui l’avait acheté il y a longtemps. Cet homme qu’elle appelait maître par obligation et qui avait fait d’elle le pire objet que le monde eut porté.

-      Il … - s’essaya-t-elle d’une voix peu assuré – il nous emmène en lieu sûr.

Tout se passa si vite. Le Maître sorti un pistolet de sa veste, visa et tira une balle en plein milieu du crâne de la marionnette putride. Les yeux de Läyan ne pouvaient être aussi grands et affiché un autre sentiment que l’horreur. Elle lâcha la main du mort et son corps entier, malgré qu’elle se faisait violence pour l’en empêcher, tremblait comme un arbuste secoué par le vent. Comment pouvait-il avoir un cœur aussi noir, aussi mauvais pour tirer sur un de ses hommes. La brune serra les dents, en lui jetant un regard emplie de rancœur.

-      Je t’en prie Läyan. Ne me dit pas que cela t’étonnes encore. Tu devrais savoir à force, que peu importe le problème, tu ne dois pas quitter ta chambre.

Il réarma son arme et la visa. Non, l’évidence ne fit qu’un tour dans la tête de la médium qui tourna la tête vers la cible de ce monstre. Tremblante, incapable de contrôler un tel reflexe de peur, mais courageuse, bien plus qu’il n’y paraissait, son corps entier fut libéré de cette pétrification que la présence de ses hommes avaient créé en elle, quelques instinct auparavant. Entre son maître, l’arme et sa sauveuse aux cheveux blancs, elle se dressa, bras écarté, faisant barrière de son corps.

-      Läyan écarte toi – fit la maître, d’un air décontenancer.
-      Jamais !
-      Ecarte-toi ou je tire.
-      Vous ne tirez pas, je vous suis bien trop précieuse pour cela.

Le coup parti. Le bruit retendit dans le couloir et un silence survient avec la chute de quelques gouttes de sang. Läyan baissa les yeux, son épaule avait été touchée.

-      Encore une fois Läyan – fit-il en réarmant une nouvelle fois son arme – écarte toi, sinon je tire. Je m’en fiche après tout, j’ai engagé un bon hunter pour te recoudre au besoin.

Décidément, la dénommée Läyan était très utile. Elle obéissait bien, elle devait vraiment vouloir sortir. Même si elle attacha un peu trop bien les fils autour de ses poignets. La jeune esclave ne rechigna même pas à l’idée de prendre la main d’un cadavre ambulant, et elle ne lui posa aucune question. Elle ouvrit la voie, et dénicha un passage secret dont Ellie n’aurait jamais soupçonné l’existence.

Elle prit note de toujours vérifier les briques des futurs bâtiments qu’elle visiterait, peut-être même les compter, si ça pouvait lui permettre de dénicher d’autres sorties comme ça. En tout cas, sa cible se révéla extrêmement pratique : elle savait bien où aller. De temps à autre Läyan avait le regard qui s’absentait, comme si elle se perdait dans ses propres pensées, et Ellie craignait qu’elle ne soit perdue, mais cela ne durait jamais longtemps et elle reprenait la tête.

Le couloir, long, étroit et sombre –il fallait vraiment que les méchants investissent dans des éclairages dignes de ce nom- la dérangeait. Cela obligeait Läyan à prendre la tête, tout juste précédée de son esclave de nen, puis par elle. Mais il n’existait aucune autre alternative. Au moins avec les fils aux poignets, elle pouvait protéger Lay, son zombie pourrait intervenir au moindre problème, été lle, couvrait leurs arrières si jamais ils étaient suivis. Quand on a le choix entre être Charybde ou Silla, ou prend la solution la moins pire.

Au bout d’un moment, elle perçut le cri de Layan, qui annonçait que la sortie se rapprochait. Le cœur d’Ellie se mit à battre plus fort dans sa poitrine. Elle allait retrouver Joshua dehors, et avec l’argent de cette mission, peut-être qu’elle pouvait lui dénicher un bon hôpital pour quelques mois. De quoi le requinquer, ces derniers temps il devenait trop jaune à son goût, son foie devait le lâcher…Puis au moins là-bas il serait nourri chaque jour, et lavé.

Même si le prix de ce confort était de trahir cette esclave, cela valait le coup. A peine eut-elle songé à cela qu’une autre voix retentit dans le couloir. Une voix qui ne lui était pas inconnue. C’était celle de son client ! Celui-là même qui lui avait demandé de subtiliser Läyan. Que faisait-il ici ?

Ellie voulut voir ce qui arrivait plus haut, mais son idiot de Zombie lui bouchait la vue, trop grand, et plus haut dans les escaliers, elle ne pouvait voir que son dos. Bonjour le panorama.

Il … - s’essaya-t-elle d’une voix peu assuré – il nous emmène en lieu sûr.

Ellie ne put qu’admirer la tentative de Läyan, elle s’en tenait au plan, c’était bien. C’est alors que le coup de feu retentit. Ellie se trouvait derrière son zombie, mais elle eut le temps de voir sa tête exploser sous l’impacte avant qu’il ne s’effondre sur elle et ne la recouvre de tout son poids. D’habitude, la jeune fille se serait amusé de la situation, lançant avec sarcasme un truc du genre « soupe de cervelet, qui veut de la soupe ? » ou aurait traité son esclave de gros boulet de zombie, avant de lui ordonner de bouger –après tout, contrôlé par elle, il n’avait pas besoin de sa tête. Mais là, à être recouverte d’une mixture gélatineuse odieuse, et écrabouillée dans un escalier, sombre, trop étroit, avec un fou qui lui tirait dessus…

Son souffle se coupa un peu trop brutalement.

Pas comme ça.

- Je t’en prie Läyan. Ne me dit pas que cela t’étonnes encore. Tu devrais savoir à force, que peu importe le problème, tu ne dois pas quitter ta chambre.

Qu’est-ce que cela signifiait, pourquoi son client lui tirait dessus, pourquoi connaissait-il Layan ? Qu’est-ce que c’était que toute cette connerie ? Le poul d’Ellie s’accéléra alors qu’elle essayait tant bien que mal de se défaire du poids du cadavre. Elle essaya bien de lui dicter ses ordres avec le nen, mais elle devait être trop effrayée, ou paniquée. Ou elle ne savait pas.

Elle avait besoin d’un bain, d’un bain maintenant. Elle était couverte de cervelle ! Il fallait qu’elle sorte tout de suite ! Et Joshua, où était Joshua ? Et maman, et papa ? Elle deviat trouver sa mère et son père, et…

Le deuxième coup de feu lui vrilla les tympans et elle se recroquevilla précipitamment, les mains sur les oreilles. Mais étrangement, il lui remit aussi les idées en place. Voir Läyan, positionnée entre elle et l’agresseur, blessée…Lui rappela douloureusement que le pire s’était déjà produit. Qu’elle ne se trouvait pas sous un inconnu qui venait de détruire son univers mais un homme qu’elle contrôlait. Qu’elle n’était plus la fille fragile mais une combattante. Que ce n’était pas à cette petite de la protéger, mais à elle de le faire. Après tout qui était la plus âgée ? Elle. Qui était la cible de la mission ? Läyan. La règle des mercenaires était simple.

D’un claquement de langue, elle fit s’agiter les fils de nen enduits de sangs, ceux qui se trouvaient sur leurs poignets respectifs. Puis, lentement, elle fit bouger son zombie sans tête de là et se redressa.

Son cœur avait beau s’emballer, ce n’était plus la même panique qu’avant. Plutôt une bonne dose d’adrénaline. Elle fixa cet homme au bout du couloir, qui tenait le flingue, ainsi que son acolyte aux gros bras. Nul doute que si elle devait les affronter à la loyal, elle n’avait aucune chance.

Manque de bol pour eux, Ellie avait appris à ne pas la jouer réglo. Après tout, cela ne sert à rien de suivre les règles contre des criminels.

En plus elle détestait l’idée qu’un mec aussi moche se soit joué d’elle. Elle s’approcha donc en haussant des épaules et repoussa läyan.

Pour la rassurer et la remercier aussi peut-être, elle lui fit un clin d’œil.

-Et bien et bien, à ce que je vois on avait tout prévu. Pas mal, je l’avoue.

Elle croisa les bras, prête à faire intervenir son zombie encore étalé par terre, comme s’il était mort –enfin, plus mort que tout à l’heure. Elle plissa des yeux à l’adresse du maître du jeu :

-Alors c’était quoi votre but ? Tester votre système de sécurité, pour être sûr que votre petit jouet soit à l’abri ?

Tout ça pour ça ? Gaspiller la vie de ses subordonnés pour une histoire de logistique, pour rassurer son égo ? Les humaisn ne cessaient jamais de la dégoûter. Chaque jour un peu plus. Depuis toute petite elle était témoin de leurs chef d'oeuvres, qu'ils soient bons ou mauvais.

Elle inspira un bon coup, puis admira le paysage. Rien à faire, pour passer avec läyan, elle allait devoir les éliminer. Ce que ce type n’avait pas compris, c’était qu’elle finissait toujours une mission : on lui avait demandé de libérer l’esclave, de la sortir de la bâtisse, et c’était ce qu’elle allait faire. Et puis pour la paye, si le maître des lieux étaient morts et sous son contrôle sanguin, elle pourrait accéder à ses coffres. Elle avait encore une chance de s’en tirer avec les bénéfices.

Ellie sourit un instant et sortit le révolver de son soutien-gorge. Puis elle le pointa sur Läyan ostensiblement, le canon pile sur sa tête.

-Vous avez un médecin qui peut, peut-être, lui recoudre l’épaule, mais en avez-vous un qui peut lui réparer une cervelle trouée ?

Et vu la tête que le « maître » tirait, quelque chose lui disait que non. Maintenant il n'avait que deux choix, soit essayer de lui tirer dessus -mais il prenait le risque qu'elle ne bute Layan avant, soit les laisser filer. Peut-être pouvait-il essayer de lancer son gros bras sur elle, mais elle, elle avait un zombie à qui il manquait un cerveau. Et des fils de nen enroulés autour des poignets de l'esclave, prêts à la tirer en lieux sûrs.

Ellie sourit, en position de force. Décidément, elle préférait toujours être au dessus, la maîtresse du jeu qui les contrôlait tous.

- Alors c’était quoi votre but ? Tester votre système de sécurité, pour être sûr que votre petit jouet soit à l’abri ?

Elle ne comprenait pas. Elle avait peur, très peur. Son cœur battait à tout rompre, alors que la peine et l'horreur de la réalité la prenait à la gorge comme un animal féroce. Elle avait été manipulée, un pauvre petit jouet sans plus de valeur que le fait d’être utilisée, encore et encore. Elle ne sentait même plus la douleur de son épaule blessée, juste une vague chaleur lointaine. Elle avait envie de pleurer, de crier face à ce cauchemar, ce faux-espoir ; mais ses yeux étaient si secs qu’elle ne pouvait plus, du moins, pour le moment. Läyan était tellement choquée, peinée par ce qu’elle venait de découvrir qu’elle ne savait plus quoi penser, qu’elle ne voyait même plus les petits signes complices que la jeune femme lui lançait. Elle avait l’impression d’être le petit pigeon en cage qui assistait impuissant à la querelle des humains. Cette image était si réelle pour elle, qu’elle se convainquit qu’elle n’était qu’un pauvre oiseau fragile qu’un rien pouvait briser.
Ses pensées funestes furent balayées par un acte encore plus sombre. La blanche l’attira vers elle, plaqua le canon de son arme volée sur sa tempe et la petite médium, de sa minuscule place d’otage pour sa liberté, ne pouvait que rester planter là, tremblante. Apeuréd par un destin des plus flous, peu importe le coté dont elle se plaçait.

- Vous avez un médecin qui peut, peut-être, lui recoudre l’épaule, mais en avez-vous un qui peut lui réparer une cervelle trouée ?

Et pendant ce temps, pendant que la blanche se croyait seule et maître des lieux, Katsuo fulminait, enrageant et son aura meurtrière prit possession de l’autre monde. Dos à ce dernier, Läyan ne put voir cette horrible grimace qu’il arborait, ses yeux brillants d’une envie meurtrière, ses gencives apparaissant comme un chat feulant contre l’ennemi. Le canon sur la tempe de sa protégée fut la goutte d’eau qui fit déborder le vase, Yukihime eut à peine le temps de réagir que le fantôme se jeta sur cette femme dangereuse.

Un fantôme ne peut pas porter atteinte physiquement à une personne. S’il est assez puissant et que sa victime est assez faible, il peut la posséder. S’il est assez fort, il peut arriver à déplacer quelques objets, mais Katsuo était lié à Läyan et utiliser cette puissance qu’il possédait jadis aurait réveillé les serments de cette dernière et l’aurait blessée. Mais cela ne l’empêchait pas d’agir sans réfléchir et de s’introduire dans le corps de la traîtresse. Elle, elle ne dut ressentir qu’un affreux vent froid la parcourant, comme si une fenêtre avait été laissée ouverte un soir d’automne et que le vent s’engouffrait à l’intérieur de la bâtisse, éteignant le feu qui entretenant la tendre chaleur de la confiance. Alors que ses poils devaient se hérisser sur ses bras, au fond de son être, le spectre bousculait son âme pour accéder à sa mémoire. S’il avait pu, le maître du Casino lui aurait tripoté les boyaux pour lui faire clairement comprendre qu’elle risquait de regretter amèrement son geste, mais le faire aurait porté atteinte à Läyan et il ne le désirait pas. De plus, il n’eut pas besoin de cela.

Katsuo eut un mouvement de recul pour sortir de son corps. Il flotta quelques instants, puis il retoucha sol, les sourcils froncés, mais la colère apaisée. Yukihime le regarda avec de grands yeux inquiets, alternant entre ses yeux verts poison et les deux femmes qui se tenaient à ses côtés. Il était resté à la limite du possible, ses sentiments auraient pu le pousser à puiser involontairement dans les réserves de sa maîtresse, mais ce ne fut pas le cas.

- Katsuo, qu’est-ce qui s’est-il passé ? – réussit-elle à articuler.

Quand un fantôme possédait une personne sur un si court laps de temps, il ne pouvait que saisir des bribes de sa mémoire.

Des mots : Ellie. Elizabeth Disamarta. Joshua. Sang. Plan.

Il ne pouvait saisir que des mots dans un premier temps. Généralement, le nom, puis de plus en plus de choses avec le temps. Ce qu’il pouvait voir également, c’était les dernières pensées d’une personne et cette petite garce avait une bien bonne idée derrière la tête. Utiliser Läyan pour les emporter toutes deux à l’extérieur.

- Elle a un plan – Finit par dire le fantôme. – On peut que lui faire confiance de toutes façons.

Il cracha ces derniers mots, mécontent de voir le destin de sa maîtresse entre ces mains tachées de sang. Il serra les dents, mais se résigna d’une certaine manière à lui faire confiance. Il s’approcha d’elle, comme s"il était encore capable de la toucher et être une réelle menace pour elle, enroulant son bras droit autour de sa gorge, le visage déformé par un affreux sourire.

- T’as intérêt à ce que tout se déroule bien ma petite Ellie, sinon il se pourrait que tu le regrettes.
- Ellie …

Sa voix, comme un murmure, rappela à Katsuo que sa princesse le voyait, l’entendait, qu’elle était bloquée dans une cage de peur et d’angoisse. Elle leva les yeux vers lui, et vers cette femme dont elle venait d’apprendre le nom. A son égard, le mort eut un sourire qui se voulut plus doux. La main gauche du fantôme vint mimer un caresse sur ses longs cheveux noirs.

- On n’a d’autre choix que de lui faire confiance, Lay’.

Les tremblements de la médium diminuèrent jusqu’à disparaître. Elle avala sa salive en tournant les yeux vers le maître, son arme et ses sbires. Face à eux, ils se tenait tous debouts, avec un mystérieux plan en tête et cette petite brune, de sa misérable place d’otage, en vint à se demander si elle était vraiment ce petit oiseau fragile qu’elle pensait être. Après tout, un petit oiseau fragile restait à jamais enfermer, sans jamais chercher à fuir les barreaux de sa prison. Elle, elle ne désirait qu’une chose. Partir aussi loin que possible, quitte à s’arracher les ailes pour cela.

- Ellie… Tu me fais confiance ? – Dit-elle en murmurant.

Une petite boule commençait à se former dans son ventre, appréhendant un acte douloureux. Dans ses yeux clairs, le maître lu cette détermination qu’il avait déjà vu durant nombres de ses tentatives de fuite.

- Non Läyan, ne fait pas cela c’est une très mauvaise idée. Tu sais que tu vas avoir mal. – A ces mots, la petite brune posa ses mains sur le bras qui la tenait près de la blanche. – Tenez la fille en joue, mais surtout ne touchez pas Lay’.

Elles passeraient, quel qu'en soit le prix.

A ma petite Ellie :

Spoiler:

Ellie tâchait de ne pas regarder l’expression peinée de Läyan et de se focaliser uniquement sur l’ennemi quand le frisson lui remonta l’échine. Pendant une seconde il lui sembla juste avoir oublié de respirer. Malgré sa chaire de poule elle fit de son mieux pour paraitre imperturbable et conserva son masque d’indifférence. Il ne fallait pas montrer sa faiblesse aux adversaires, c’était tout ce qu’ils attendaient : une faille pour la prendre à revers et ficher son plan en l’air.

Ellie avala donc sa salive et essaya d’ignorer la sensation glacée tandis que son esprit tournait à cent à l’heure. Avait-elle déjà perdu trop de sang ? Faisait-elle de l’anémie ? Elle songea à tout ce qu’elle avait fait jusqu’à maintenant pour se défendre : d’habitude elle tenait plus longtemps que ça en faisant bien plus. Au pire, songea-t-elle à toute vitesse, elle pouvait toujours récupérer le sang de son zombie ? Oui, mais elle ne connaissait pas son groupe sanguin du coup, elle allait devoir se fatiguer pour éviter un empoisonnement en purifiant ce foutu…

A peine eut-elle achevé cette pensée que l’impression disparue. Comme si une bonne âme venait de fermer la fenêtre créant le courant d’air. Elle n’eut pas le temps d’en découvrir l’origine qu’un petit murmure timide s’éleva, provenant de son otage.

-Ellie…

Comment connaissait-elle son prénom ? Ellie l’ignorait. Et c’était inquiétant. Flippant. Qui d’autre ici savait ? Est-ce qu’elle avait laissé passer cette information par inadvertance ? Est-ce que ce « maître » avait fait des recherches sur elle ? Est-ce qu’il était susceptible d’en savoir plus ? Comme l’endroit où elle avait caché Joshua pendant la mission ?

Ou alors, c’était dû à Läyan, après tout elle semblait importante, peut-être qu’elle avait des pouvoirs particuliers comme certains individus dans le monde ? C’était possible, et dans ce cas, encore plus effrayant. Elle tenait en otage une fille, qu’elle avait trahie, et dont elle ignorait toutes les capacités.

La petite voix de la raison –que la plupart des gens possédaient mais qu’Ellie préférait ignorer la plupart du temps, lui envoya d’un air hautain : « Tu t’es encore foutue dans une belle merde. »

A qui le dis-tu.

Comme d’habitude quand Ellie se mettait à stresser, la jeune fille ne put retenir la réplique sarcastique, murmurant dans ses dents :

-Oui c’est moi, mais qui es-tu pour connaître mon nom alors que je ne te l’ai pas donné ? Il n’y a plus de politesse ici.

Ce n’était pas vraiment adressé à Layan, plus une phrase pour elle, pour râler. Parce que râler ça défoule et vu comment c’était parti, elle n’allait pas pouvoir se défouler autrement. Elle doutait avoir le loisir d’enfoncer son poing dans la figure du maître avant longtemps. Et si elle tentait de le faire sur l’autre, elle risquait de s’y casser les doigts.

Elle jeta un coup d’œil de biais à la petite Läyan : celle-ci semblait reprendre du poil de la bête et être plus déterminée que jamais. Ou alors elle lui en voulait, au choix. Beaucoup de gens en voulait à Ellie, elle commençait à y être habituée. Quelque chose comme quoi elle énervait les gens (Elle ? L’innocence incarnée !) En tout cas, malgré ses airs fragiles et son corps frêle, la jeune esclave cachait une certaine force. Tant mieux, elles en auraient besoin pour sortir de là.

-Ellie…Tu me fais confiance ? Susurra Läyan après une hésitation.

La question la prit de court et l’ironie lui arracha un sourire. Hey, c’était elle qui jouait les séductrices avec cette réplique. C’était sa réplique ! Mais bon, la petite esclave semblait avoir un plan, et elle, elle n’avait qu’une diversion en tête. Au pire, elle combattrait.

-Pas vraiment, c’est pas comme si on avait le choix. Lui répondit-elle avec une grimace, discrètement. –Je fais diversion, si tu as un plan fais-le à mon signal.

De l’autre côté, le maître semblait s’impatienter et il envoya avec un air bravache :

-Vous bluffez, vous n’oserez pas la tuer parce que vous savez que si vous le faites vous ne sortirez pas d’ici vivante.

-Moi, bluffer ?

D’un geste du menton provocateur Ellie dévisagea le maître, puis elle leva légèrement le canon de son arme et appuya sur la détente. La balle frôla Lay mais ne la toucha pas, et alla se loger directement dans le plafond. Voilà, plus de balle. Maintenant elle bluffait.

Avec un sourire manipulateur elle envoya une œillade dédaigneuse au « patron ».

-Vous voulez parier ?

Et après avoir fini, elle déploya son nen afin de pouvoir jeter son zombie sur eux.

-Maintenant Lay !

Les yeux. Cette grimace dont avait coutume de faire ces hommes et ces femmes dont elle venait de découvrir un grand secret. Ils apparurent sur le visage de la blanche dont elle connaissait désormais le nom.

-Pas vraiment, c’est pas comme si on avait le choix. Je fais diversion, si tu as un plan fais-le à mon signal.

La petite brune ne comprit pas au premier abord, pas habituée à agir aussi vite et avec une pointe d’humour dans ce genre de circonstance. Et puis, où faire diversion ? Ce n’était qu’un mur et la solution que Läyan avait trouvé était bien plus simple. C’est d’ailleurs pour cela que les rides du maître étaient apparues si vite sur son front : rien n’était pire qu’un génie avec un pouvoir comparable à celui de son jouet favori. La maintenir enfermée se relevait être une tache compliquée et ses bracelets en fer restaient le seul moyen qu’il avait trouvé pour faire tenir Läyan tranquille. En vain, l'esclave était visiblement décidée à se blesser pour quitter les lieux.

- C’bon Lay’. On peut y aller, on te suit.

La voix de Katsuo l’encourageant fit s’évaporer les doutes qui naissaient en elle et attisa la flamme du courage qui brûlait au fond de son petit ventre, qu’on avait de nombreuses fois essayer d’éteindre de mille manières que ce soit.

Un coup de feu parti. Läyan, tout comme leurs adversaires ne s'y attendaient pas et fut bien plus choquée de ce tir que leurs opposants. Elle jeta un regard inquiet à Ellie, ferait-elle un peu attention à elle quand même ? Elle allait l’aider, pas besoin de lui tirer dessus alors qu’elle était coopérative. Elle eut presque une petite larme à l’œil tellement le coup l’avait surprise, mais tout allait pour le mieux dans le presque meilleur des mondes puisque la balle avait fini dans le plafond . Ce dernier avait laissé tomber sa poussière sur la tête des jeunes filles. L'esclave renferma sa poigne sur le bras de la blanche de peur que quelque chose ne se passe pas comme prévu...Comme le plafond qui leur tombe sur la tête par exemple.

- Oh bon dieu de mes deux, faites que cette petite me la tue pas avant de sortir d’ici – fit Katsuo, une main sur le visage excédé par le comportement de la blanche.

Son attention fut attirée par Yukihime, qui le fixait d’un regard critique, tout le sérieux et le drame de la situation semblait avoir quitté l’autre monde. C’était normal, de ce côté du miroir de passer aussi vite d’une expression à une autre. C'était aussi typique de l’ancien maître, dont le comportement excentrique avait eu le don d’énerver nombres de ses confrères.

- Quoi c’est vrai ! – Se défendit-il
- T’aurais fait la même chose !

Loin de cette querelle de couple, Läyan se concentrait attentivement sur la situation. Réfléchissait, calculait, anticipait la douleur à venir et n’attendait qu’un mot… un seul et unique mot de la part d’Ellie et elles seraient libres. Alors qu’elle remit le canon de l’arme sur sa tempe, la brune retint son souffle, encore un peu.

-Vous voulez parier ?

Une aura sombre se déploya. Une aura qui la surprit, plus qu’elle ne l’effraya, mais elle comprit alors que c’était ça son signal. Dans son dos, elle ne vit pas le mort sans tête se soulever et prendre assez d’élan pour s’envoler aux devants d’elles. Pour leur servir de bouclier. Bonne initiative, mais elles n’en auraient pas besoin. Cette pensée, cette adrénaline parcourant le corps de la médium à vive allure, eut le don lui étirer un sourire si large qu’elle crut que la commissure de ces dernières allaient se fendre.

-Maintenant Lay !

En un instant, tout son corps s’entoura d’une aura bleue et froide. Ses mains et ses poignets la brûlèrent quand son nen fit apparaître ses serments et ce maudit chapelet pourpre qui la brûlait à chaque fois qu’ils étaient recouvert par on ne sait quel chose étrange. Elle avait mal aux bras, depuis longtemps déjà, mais elle se moqua de la douleur et de tout ce qu’elle provoquerait, elle s’élança sa main maintenue fermée sur le poignet de la blanche. Peu importe qu’elle lui torde le bras, peu importe qu’elle se déséquilibre suite à la surprise. Elle fonça dans le mur de corps avec elle. Le barrage d'ennemis se dressant face à elle qui paraissait infranchissable, mais elle lui avait demandé de lui faire confiance et si elle le faisait par contrainte, l’inverse n’était pas vrai.

Läyan courut vers eux, les chaines à ses pieds créant toujours le bruit macabre de l’enchaînement et son épaule lui faisait mal, mais qu’importe ! Son corps, celui de sa partenaire, étaient désormais aussi translucides que les fantômes auxquels elle parlait. Alors que les mains du géant parurent s’abattre sur elles, la petite femme ne ralentit pas l’allure et ne releva même pas la tête. Les mains du mercenaire leur passèrent au travers du corps. Ô combien elles étaient imposantes, il leurs était désormais impossible de saisir ses deux proies qui, dans leur course, traversèrent bientôt tous les êtres présents aussi facilement qu’un spectre, ne laissant derrière elles qu’un vent froid.

Läyan adorait faire ce tour petite, passer au travers tout et faire des farces à tout va. Mais depuis que des menottes serraient ses poignets, ce tour était devenu un calvaire pour elle. Chaque personne qu’elle traversait lui brûlait un peu plus les poignets, à tels point qu’un léger filet de sang finit par couler de sous les menottes, le sang qui quittait le contact de son corps reprit sa consistance habituelle et tacha le sol. Läyan put maintenir cet état spectrale, pour elle et Ellie, une bonne dizaine de minutes avant que la douleur ne soit plus supportable. Son nen disparut avec son souffle, et si le serment de Katsuo était toujours visible sur ses mains, elle ne pourrait plus passer aux travers des murs sans crainte de ne plus pouvoir utiliser ses bras correctement.

Elle haletait quand elles atteignirent la sortie, les hommes et les maîtres criant loin derrière elles à cause de l’effet de surprise. Ce n’est qu'à ce moment, que le médium lâcha la blanche, sa main engourdie à force de l’avoir maintenue fermée avec tant d’ardeur. Elle se courba, une main sur sa blessure sanguinolente, une autre sur son ventre pressant son point de côté.

Dehors, il pleuvait.

Depuis le temps que Läyan avait rêvé de sentir la sensation de l’eau de pluie qui coulait sur son corps.

Ellie pensait avoir à faire combattre son zombie sans tête et devoir se débrouiller seule quand Läyan l’attrapa par le col en manquant de l’étrangler à moitié. Son doigt se crispa sur le revolver et appuya sur la détente par inadvertance, l’inhabitude de se servir d’arme à feu, sûrement.

La jeune femme n’eut pas le temps de se féliciter de sa bonne idée de vider le chargeur. La jeune esclave avait peut-être l’air fêle et faible mais elle la maintint fermement et l’emporta comme si elle ne pesait rien- cela devait être en parti vrai. Sur le coup, Ellie eut tout juste le loisir d’ordonner à son Zombie de se jeter aux devant d’elles pour leur servir de bouclier. Elle ignorait tout du plan de la brunette, mais il leur fallait au moins quelque chose pour se protéger de la brutasse qui encombrait le passage ! Etait-elle totalement folle ?

Qu’est-ce qui lui avait pris de tout miser sur le plan d’une folle ?!

Son minions se jeta à temps sur le « maître » avant qu’il ne tire, la surprise d’avoir un corps sans tête qui les protégeait marcha un temps comme diversion. Mais Layan continua sa course folle vers l’espère de gros bras qui faisait office de mur. Celui-ci, bien payé pour ne pas les laisser s’enfuir, déploya ses bras énormes.

Elles alllaient finir en purée !

La jeune femme s’apprêtait à lui lancer une lance sanguine dans le corps, quand elles plongèrent sur lui. Et lui passèrent au travers.

Comme ça.

Sans le tuer ni rien, juste au travers comme s’il n’avait guère plus de consistance que de l’air. Pas passer sur le corps comme le voulait l’expression, mais en dedans. Genre, à travers ses tripes et ses boyaux. Ils lui avaient fait du rentre dedans. Plus elle y songeait et plus cet événement prenait des allures super perverses.

Et le cerveau d’Ellie eut un sérieux bug. Et comme d’habitude quand celui-ci était dépassé par les évènements, il sortit une connerie :

-On vient de le pénétrer ! Ah-ah ! DANS SON CUL !

Elle le regretterait après. Ou pas.

Läyan ne s’arrêta pas en tout cas, ni ne parut indignée de sa phrase, elle laissait une trace sanguine sur son passage et Ellie se souvint à la dernière minute que la jeune esclave était blessée. De loin, elle savait son zombie encore aux prises avec le maître et son sbire, aussi, quand la jeune esclave s’arrêta, exténuée, elle ne s’en inquiéta pas. Ils avaient un peu de temps devant eux.

L’air frais lui mordit le visage dès qu’elles sortirent. Une fine bruine s’était mise à tomber et le ciel, gris et nuageux, donnait un air lugubre au paysage digne d’un camp de d’extermination. Pourtant, cette atmosphère lourde et humide semblait les accueillir à bras ouverts, tel un paradis, après l’enfer qu’étaient les souterrains.

La prise se relâcha et Ellie put se dégager de sa prise. Sur le coup, elle se demanda si elle avait encore une existence physique. Après tout, si la jeune femme possédait des pouvoirs semblables, comment pouvait-elle être encore enfermée ici ? Ils devaient y avoir une embrouille quelque part. Peut-être qu’elle avait laissé son corps derrière eux ?! Son pauvre petit corps allongé dans le couloir là-bas et qu’elle était une sorte de projection astrale-à-la-gomme ?

Ellie décida d’en avoir le cœur net tout de suite, et d’un geste précis et déterminé, elle frappa le mur en face d’elle de toutes ses forces.

Et ça fit super méga mal.

Ellie retint un cri de douleur et souffla sur ses pauvres doigts endoloris : pas de doute possible : ils se trouvaient bien là en chaire et en os (quoique, peut-être qu’un ou deux avaient été brisés après ça).

Ce furent les halètements de Läyan qui lui rappelèrent l’urgence de la situation. Ses halètements et les cris qui résonnaient dans leurs dos. Apparemment, ils avaient réussi à se débarrasser de son esclave de nen pour les poursuivre. Pourtant elle le sentait toujours « vivant », le problème, c’est que sans contact visuel, elle pouvait très bien lui ordonner de marcher droit dans le mur et le garder coincé pendant des heures comme ça. C’était con comme un PNJ informatique ces bêtes là (pour ça qu’ils pouvaient se passer de cerveau après tout.)

Plus moyen d’attendre : ils étaient près d’elles, mais elles, elles se trouvaient encore plus près de leur but. Ellie se précipita vers Läyan –elle lui demanderait des explications sur son super pouvoir plus tard et la prit par le bas.

-Merci pour ton aide. Ta technique est cool. Mais debout maintenant, il est temps de filer.

Pour la motiver et lui montrer que la liberté approchait à grand pas, elle décida de la débarrasser de ses menottes, avec le fil de fer sanguinolent renforcé au nen, cela ne fut pas très dur de crocheter leurs serrures. L'acier tomba dans un cliquetis funeste.

Mais la petite esclave paraissait toujours en très mauvais état, remarqua-t-elle avant même de la presser à se lever. Ses bras imbibés de sang, elle n’irait pas bien loin. Il fallait d’abord arrêter l’hémorragie.

La concernée semblait non seulement exténuée, mais aussi toute chamboulée, le regard levé vers le ciel, elle goûtait à la sensation des gouttes de pluies dévalant sur sa peau. Depuis combien de temps était-elle enfermé là-dessous pour être heureuse d’être trempée jusqu’aux os ? Ellie refoula cette pensée –après tout, si ça lui faisait plaisir de se les lui geler, grand bien lui fasse. Cela ne durerait pas après quelques jours dans la rue à chercher un abri.

Parce qu’une part de la jeune fille avait déjà décidé que Läyan allait la suivre dehors : peut-être se séparait-elle après un moment dehors, mais elle ne pouvait décemment pas l’abandonner comme ça après l’avoir libéré pour provoquer son maître, non ? Ce type l’avait payée pour qu’il la libère, et elle allait le faire jusqu’au bout, tant pis pour lui. Il n’avait qu’à engager des mercenaires moins douée qu’Ellie.

Il lui restait encore la plaie faite aux poignets, aussi il fut facile à Ellie d’extirper un peu de son sang de ses veines et pour le diriger vers la blessure de Läyan. Il lui fallut quelques secondes pour infiltrer le systèle sanguin de la jeune femme et pour forcer le sang à coaguler pour qu’il arrête de couler. L’intérieur lui prit plus du temps, plusieurs parties avaient été abîmées et il fallut recréer un courant sans veine. Cela pouvait servir comme solution provisoire, mais elle allait devoir voir un chirurgien. En revanche le sang qui coulait de ses bras provenaient de brûlures, et c’était plus difficile à gérer, plus douloureux aussi ? Avoir des croûtes sur une peau déjà complètement carbonisée n’avait rien d’une expérience plaisante. L’esclave allait devoir supporter. Tant pis.

Pendant qu’elle la soignait plus ou moins, Ellie admira le paysage, à la recherche d’une échappatoire. Elles se tenaient dans une coure intérieure, certes, à l’extérieur, mais entourée de grands murs très hauts. Aucune prise visible à l’œil nu et pas d’arbres se servir de tremplin. Il faudrait employer ses fils de nen. Elle espérait avoir encore assez d’énergie pour ça.

Le temps qu’elle soigne Layan, le maître avait rattrapé son retard. Il déboula du tunnel comme un fou furieux et s’égosilla aussitôt :

-CETTE FOIS CA SUFFIT ! RELÂCHE-LA TOUT DE SUITE SI TU VEUX TA PAYE !

Et Ellie eut un mouvement provocateur à son encontre :

-Mais vous m’avez payée pour que je la libère, je ne fais qu’obéir à mon contrat ! On m’a demandée de la faire quitter cet endroit, et c’est ce qui arrivera, je suis une pro, moi monsieur !

Elle observa Läyan, en espérant qu’elle avait assez récupéré pour ce qui suivrait :

-Tu es prête ?

Läyan ne comprit pas dans l’instant pourquoi la blanche frappait ce pauvre mur qui n’avait rien demandé à personne, au lieu de se reposer un peu et mieux repartir loin de ce lieu sordide. Après un petit mot, ou plutôt un remarque de Yukihime, la jeune femme comprit assez vite le pourquoi du comment, mais elle n’avait pas la force de parler. Le souffle emballé, court, perdu parmi les longs couloirs qui menaient à sa prison lors de sa fuite. Fort heureusement, Ellie s’en aperçut et approcha vivement d’elle en lui prenant le bras. Elle crut qu’elle allait hurler de douleur.

- Merci pour ton aide. Ta technique est cool. Mais debout maintenant, il est temps de filer.

Filer. Courir. Fuir. Bientôt la liberté. Elle déglutit et tourna la tête vers la sortie, ignorant tant bien que mal les blessures atroces de ses bras ensanglantés. Pourquoi avait-il fallu qu’il l’utilise aujourd’hui ? Pourquoi fallait-elle qu’elle s’échappe aujourd’hui ? Aucun repos n’avait été accordé à ses bras malmenés par les nombreuses possessions et elle en subissait les conséquences maintenant.

Elle allait prier on ne sait quel dieu, quel mort, quand un miracle se produisit. Les fils de fer qu’Ellie avait auparavant entouré à ses bras se mirent à bouger d’eux même et à crocheter la petite serrure de ses menottes. Elles tombèrent au sol en un drôle de cliquetis qui laissa Läyan béate. Elle était libre ! Ses bras ensanglantés reçurent la pluie comme la bénédiction d’une nouvelle vie. Le sang s’écoula avec l’eau qui recouvrait son corps, marquant tous les détails de son maigre métabolisme, collant ses mèches de cheveux noirs les unes aux autres, et elle restait là, à admirer ses bras dénués de liens meurtriers. Elle sourit, elle était si heureuse qu’elle ne pouvait que sourire devant cette vision merveilleuse qu’était ses bras nus ! Bien que recouverts d’une multitude de points rouges, symboles de ses brûlures qui avaient fait couler le sang il y avait peu de temps. La pluie heurtant sa peau brûlée lui fit mal, mais elle s’en moquait bien, cela la soulageait bien plus.

Ce n’est qu’après un moment que la médium se rendit compte qu’Ellie s’affairait à la soigner. Touchée par son action, peinée de ne pas pouvoir l’aider, d’être un fardeau pour elle jusqu’à présent. Elle s’en mordit les lèvres en souriant. Ses pensées étaient toutes mélangée, elle qui avait coutume de se détacher des monstruosités dont elle était témoin chaque jour dans l’autre monde, voir qu’une femme vivante était capable de bienfaits à son égard la touchait énormément, mêlant ainsi ses sentiments de bonheur et de confusions. De peine et de joie intense. Elle songea qu’elle ne la remercierait jamais assez, mais déjà, le maître apparut à la sortie du tunnel. Son rêve et son sourire disparurent comme les gouttes de pluies tombaient sur le sol, devenu boueux, du jardin.

- CETTE FOIS CA SUFFIT ! RELÂCHE-LA TOUT DE SUITE SI TU VEUX TA PAYE !

Et son sourire devint une grimace, un mélange de peur et de haine que le maître n’apprécia point. Car dans les yeux clair qu’il fixait, il y vit la confiance et cette envie de fuir qu’il n’avait jamais réussi à assassiner. Malgré les soins d’Ellie, ses bras continuèrent à lui faire mal, formant des cloques douloureuses là où les perles du chapelet devait se trouver, la douleur de ses bras ne la quittait pas et la lançait encore et toujours. Depuis que le monstre avait choisi de la vêtir d’un fichu kimono pour paraître plus sérieuse, plus belle, plus impressionnante. Son épaule la faisait souffrir aussi, mais malgré tout, elle força ses jambes fatiguées à la porter. Elle tremblait. Mais la détermination qu’elle avait restait sans faille, s’il fallait perdre un membre pour les sauver toutes les deux, alors elle leur laisserait un de ses bras ravagés par les plaies et quitterait les lieux à toutes jambes. Parce que pour détaler loin de ce lieu maudit, sans jambe, cela risquait de devenir compliqué...

- Tu es prête ?

Elle hocha la tête. Prête à se défendre par l’attaque. Elle n’avait plus peur, car elle avait quelqu’un à ses cotés sur qui compter désormais. Quelqu’un qu’on pouvait voir et toucher, dont les paroles ne restaient pas vaines malgré les hurlements à s’en déchirer les oreilles. Un allié bien vivant que Läyan était déterminé à garder tel quel. Elle lâcha son épaule endolorie et laissa son nen parcourir tout son corps libéré de ses chaines. Quelle sensation incroyable était d’utiliser son talent sans souffrir le moins du monde ! Ce fut comme une sensation d’euphorie qui la parcouru dans le même temps, un vent glacé qui insuffle la puissance et cette force qui tenait les mauvais esprits éloignés. Sur ses bras couvert de sang et d’écriture étrange, le chapelet apparu sans souffrance, si ce n’est une légère pression sur les cloques déjà présentes.
Dans son dos, une femme et un homme mort depuis longtemps avaient le même regard déterminé et les membres tendus, prêts à agir et à bondir. Les jambes droites, la tête levée aussi haut qu’elle le pouvait, elle était sûre désormais : elle était prête.

- Je suis prête. Allons-y. – Elle ne criait pas, elle n’arrivait pas à crier, mais dans ses mots, on pouvant entendre et ressentir sa détermination.

Läyan semblait avoir repris du poil de la bête, debout, elle laissait couler son nen avec fierté. Ainsi c’était donc pour ça qu’elle était si précieuse à ce « maître » ? Comme Ellie ignorait encore presque tout de ses capacités –et elle espérait que celles-ci ne se limitaient pas à se rendre inconsistant, parce qu’en combat, ce n’était pas très efficace- elle préféra se préparer elle aussi à la bataille.

Son Zombie était bien loin, et il ne serait pas d’une très grande utilité sans sa vue. Mais Ellie se souvenait du temps qu’elle avait mis pour arriver dehors et des directions qu’elles avaient prises, dans l’ordre. Il faudrait juste un peu de temps pour qu’il les rejoigne. Elle chercha mentalement le nombre de personnes qu’elle avait infecté avant de venir ici –dix, plus un, endormi dans l’armoire. Elle n’avait jamais contrôlé plus de douze personnes pour combattre. Elle n’avait jamais eu besoin de faire ça avant. La prochaine fois, elle regarderait mieux le contrat d’embauche avant de signer, surtout les petites lignes en bas.

Enfin il y avait une première fois à tout. Développant son nen, elle repéra chacun d’entre eux, et, constata avec surprise qu’ils se rapprochaient tous de sa position. Sans qu’elle ne les y force.

Cela ne sentait rien de bon tout ça. Surtout que le maître en face, toujours encadré de son gros bras, retrouva soudainement le sourire.

Il était grand temps de se barrer.

-Läyan, tu restes derrière-moi, et tu fais ce que je te dis, d’accord ?

Elle manipula à nouveau ses fils recouverts de sang, et l’un d’entre eux vint longer son crochet dans la ceinture de Kimono de l’esclave – comme ça, si elle n’arrivait pas à suivre le mouvement ou qu’Ellie constatait une ouverture permettant de fuir, elle n’aurait qu’à tirer dessus pour l’emporter avec elle.

La jeune femme chercha des yeux une prise, n’importe quoi capable de les aider à se propulser au-dessus du mur, mais avant qu’elle n’ait fini son tour complet, le maître avait hurlé quelque chose et plusieurs portes dissimulées dans les parois s’ouvrirent à la volée. Vomissant un torrent de sbires.

Merveilleux, il étaient donc tous là pour le fête, songea sarcastiquement Ellie, avec une pointe de panique.

Mais qu’est-ce qui lui avait pris de s’embarquer là-dedans ? Si jamais elle s’en sortait vivante –et il le fallait, Joshua ne survivrait pas sans elle- elle n’accepterait plus jamais ce genre de mission. Non non, plus que celles visant à récupérer des objets bien inertes que personne ne garde précieusement avec une tonne de gardes armés jusqu’aux dents. Enfin c’était trop tard pour les regrets : maintenant, sa survie ne dépendait que de ses actes. Cela avait un petit côté rassurant aussi. Si elle se battait bien et intelligemment, elle pouvait le faire ! Se convainquit-elle. Lorsqu’elle voulut reprendre son revolver pour menacer –faussement- Lay pour les tenir à distance, Ellie se rendit compte qu’elle l’avait certainement laissée tomber dans le souterrain. Suite à sa surprise d’avoir traversé le gros bras. Très précisément.

Et bien entendu elle ne l’avait pas laissé tombé à l’intérieur de lui, histoire qu’il ait des maux d’estomacs. Nooooon, elle était comme ça, elle aimait se compliquer la vie. Sans arme, c’était plus amusant comme défi. Elle se serait baffé.

« Messieurs, elles sont à vous, ne blessez pas Läyan. »
-Sympa pour moi, merci, je suis déçue, je croyais que nous avions une bonne relation vous et moi ! S’apitoya-t-elle faussement.

Le seigneur et maître ne trouva pas sa réplique très drôle. Aucun humour.

Bien évidemment, les autres obéirent comme un seul homme, en se jetant sur les filles. Ellie n’avait pas bien le temps de se soucier de Läyan –de toute façon, n’avaient-ils pas ordre de ne pas la blesser ? Elle s’occuperait d’elle si elle se faisait attraper, pas plus. Et évita un premier coup de gros bras.

Mentalement, elle rechercha ceux qui, dans la foule, avaient été infecté par son sang sans le savoir. La chance voulut que ce fut celui qui tenta de lui tirer dessus avec son arme. Elle enclencha aussitôt Cursed Blood.

Contrôler une personne vivante avec le sang n’avait rien d’une partie de plaisir, il fallait aller contre la volonté du type, contre ses muscles même. Il était plus simple de faire sortir le liquide vital du corps de sa victime pour s’en servir contre lui que de s’obstiner. Seuls les cadavres obéissaient vraiment bien avec son sang dans les veines. Aussi, Ellie ne tenta même pas de le manipuler, elle claqua simplement des doigts. Un caillot se forma aussitôt chez tous ceux qu’elle avait déjà maudi, et se logea droit dans un vaisseau du cerveau, le moyen le plus rapide de les tuer.

Pas assez rapide pour l’empêcher de tirer, il appuya sur la détente avant de s’effondrer dans un gémissement, se tenant la tête. Le temps de tomber à genoux et il était mort –elle n’avait plus qu’à le toucher pour appeler son sang à elle ou mouvoir son cadavre. La balle frôla la joue d’Ellie –sûrement avait-il visé la tête et la douleur lui avait fait manquer sa cible.

Certains membres du groupe marquèrent un moment d’arrêt en voyant dix de leurs compagnons s’effondrer après que leur ennemi ait simplement claqué des doigts, mais le maître vociféra plus fort et menaça leur paye. Apparemment perdre de l’argent les effrayait plus encore.

Ellie profita néanmoins de cet instant de flottement pour se précipiter vers le premier corps, elle l’effleura du bout du doigt et le sang jaillit par tous les trous pour venir l’aider à former son bouclier liquide et sa lance sanguine. Le minion à terre se redressa, tel un zombie, avec ce qui lui restait dans les veines.

Elle retomba sur ses pieds et recula en quelques sauts.

Au loin, son premier esclave sans tête arrivait, dans le dos du maître. Ma foi, si elle ne pouvait plus se servir de Läyan comme otage, il allait faire l’affaire ! Décida-t-elle aussitôt. C’est à ce moment là qu’Ellie reçut un énorme choc à la tête qui l’envoya directement au sol. Elle n’eut même pas le temps de comprendre ce qui lui arrivait que plusieurs autres poids se jetèrent sur elle pour la garder plaquée face contre terre.

Elle joua aussitôt de sa lance sanguine pour se débarrasser des premiers, mais il en arrivait toujours plus et elle doutait de pouvoir tenir le rythme. Elle observa son Zombie, qui lui renvoya son regard mort et perdu, ses yeux rouges la fixant bêtement, et furieuse elle lui envoya :

-Faut vraiment que je songe à vous rendre intelligent, aide-moi au lieu de rester planter là !

Et soudain, les portes s’ouvrir et vomir les ordres de sbires prêt à mourir pour un misérable objet. Le tout pour une petite pièce en guise de paye. Läyan dut tourner sur elle-même pour tous les voir, pour les comptés. Ceux qui parurent à l’instant des centaines n’étaient plus qu’une trentaine, mais ils étaient tellement massif, ses pauvres gorilles, que les deux femmes se retrouvèrent rapidement enfermer. Les manches de son vêtements de nuit relever, les poings serrer, la petite Läyan était prête en découdre et Katsuo n’attendait qu’un signe pour se lancer dans son corps et se battre à travers elle.

Il était comme ça Katsuo. Il était protecteur, un style de papa poule refoulé, mais Katsuo c’était aussi ce gars qui se fout de tout, qui fait du champ de bataille une grande fête pour pouvoir rire de la mort de ses ennemis. C’est un maître dans le domaine de la perversité, un être mégalo qui se plait à prendre tout le monde de haut, parce qu’il à réussit ce beau diable. Il a donné beaucoup de lui, et avant sa mort, il était puissant et redouté. Mais aujourd’hui ce n’est qu’un pauvre spectre perdu dans le monde gris dans lequel il hère. Déçue par ses paires et attendrit par le destin funeste d’un enfant réduit en esclavage, il s’est lier à elle pour qu’on se souvienne de lui à nouveau, ce grand maitre du Casino, ce spécialiste de l’étrange et du bizarre. Les yeux de vipère analysait tout, son visage balafrait affichait une horrible grimace souriante et son mort spectrale semblait battre à cent à l’heure. Il était temps, temps de partir et de montré leur puissance.

- Messieurs, elles sont à vous, ne blessez pas Läyan.
- Sympa pour moi, merci, je suis déçue, je croyais que nous avions une bonne relation vous et moi ! S’apitoya-t-elle faussement.

Il la regarda, cette petite Ellie dont il avait violé l’âme, il ne pouvait que lui sourire. Même si elle était un peu folle, un peu stupide sur les bords à risquer ainsi la vie de sa chère petite princesse, Katsuo l’aimait bien. Il trouvait qu’ils se ressemblaient un peu tous les deux, ce petit côté excentrique, emplie d’humour et d’improvisation leur donnait un point commun qu’il ne voulait pas nier, car il trouvait cela trop ironique. Si cela n’aurait tenue cas lui, il se serai attaché à la blanche et il l’aurait suivi, pour la connaitre et pour rire de ses erreurs, mais sa petite brunette avait déjà harponné son vieux cœur pourri et l’abandonné le tuerai une seconde fois.

Un claquement de doigt et le combat débuta. La médium se laissa totalement aller et il ne fallu que quelques secondes à peines pour que le premier esprits gardien ne possède son corps, poussant son âme dans un petit coin de son corps. Certains l’avait vu, quelques secondes avant que l’esprit n’entre dans son corps, il devenait visible aux mortels, mais peu importe. Katsuo, dans le corps de Läyan, serra plusieurs fois ses mains, redécouvrant comme à chaque fois les sensations d’un corps humain, d’un cœur battant et d’un sang circulant dans ses veines. C’était presque jouissif. Cela faisait tellement longtemps qu’il connaissait la petite femme que son corps de lui posait guère de problème, il s’y était déjà habituer, comme un second corps dont il avait la possibilité d’utiliser. Un pauvre fou s’approcha, tentant avec ses gros bras de saisir la petite esclave, mais il ne s’attendit pas à ce que cette dernière se retour, agrippe son col et lui colle une droite magistrale. Il n’était pas mort, mais assommé, Läyan était frêle et fragile, mais avec Katsuo dans son corps c’était une autre histoire. Le maitre avait de la répartie, de bon réflexe et lui, au moins, maitrisait bien son nen et savait donner de vrai coup de poing.

- Ecoute moi mes petits gars, moi je suis pas Lay et si tu me cherche encore je vous arrache la tête sans regrets.

Le plus terrifiant, ce n’était pas la menace en elle-même, mais que la douce voix fluette de Läyan avait laissé place à la voix de soprano de Katsuo. Le contraste entre l’homme terrifiant qu’était Katsuo et la douce médium était surement la chose la plus moche qu’ils eurent vu dans la cour, si ce n’est leur camarades mourant les uns après les autres sans raison apparente. Quoi que le pire pouvait être la différence de nen. Celui de Läyan était comparable à un vent froid et lointain, une étrangeté parmi tant d’autre qui cachait de nombreux secrets, Katsuo donnait la même impression que d’être poursuivit par une horde de zombie, dans les égouts où coule une eau verte et dont le peuple se compose d’insectes brillant d’une couleur étrange et de rats à l’allure franchement flippante. C’était aussi agréable que cela, alors quand ce nen se fit ressentir en s’échappant du corps de la frêle esclave, certains prirent simplement la fuite, se moquant de cette paye promise.

Avec ce nen verdâtre qui émanait de son corps, la petite femme fit des prouesses. Bondissant vivement, capable de décroché des coups de poing digne de ce nom et doté d’une faculté d’esquive que personne ne l’aurait crue capable. Katsuo s’amusait, ses hommes n’étaient que du menu frottant et il aurait pu continuer longtemps ainsi, avec cette petite blanche et son don de contrôlé les zombies, mais plonger dans son combat, il ne la voyait pas. Quand il l’entendit hurler, c’est Läyan à l’intérieur de son corps qui réagit. Le fantôme surpris par l’intervention de sa maitresse, esquiva de justesse un coup de crosse d’un petit malin qui désirait obstinément sa paye. D’un geste rapide, la petite femme possédé saisit le poignet de l’homme et l’entraina vers le sol, d’un geste précis du pied, elle visa le coude de ce pauvre gorille. L’arme tomba, elle ne jeta dessus pour la ramasser. A l’intérieur de son corps, tout devenait étrange, Katsuo contrôlait son corps et lui donnait ses connaissances en combat, mais la volonté de Läyan prenait le dessus suite au cri d’Ellie. Elle leva les yeux et la vie se faire envahir par une montagne de corps. Affolé à l’idée que la blanche ne se face étouffé, elle reprit la maitrise de ses jambes pour se rué vers elle. Katsuo attentif, maitrise son bras pour mettre en joue un sbire approchant sur la droite et n’hésita pas une seule seconde pour le tuer. Il n’était pas Läyan, il était beaucoup plus cruel.
La jeune femme poussa tous les hommes se trouvant sur son passage, sauta pas dessus les morts en criant le prénom de la jeune femme, apeuré à l’idée qu’il soit déjà trop tard.

- Faut vraiment que je songe à vous rendre intelligent, aide-moi au lieu de rester planter là !
- En fait, c’est pas si utile que ça les zombie – Fit Katsuo, mais le fantôme avait tellement l’habitude d’exprimer ses pensées à voix haute qu’elle sortir de la bouche de Läyan. Fort heureusement, Ellie ne semblait pas l’avoir entendu.

Malgré ses remarques désobligeantes, le maitre était bien décidé à l’autre, cette pauvre petite tranche de pain sous son tas d’aliment avarié. Lui, il était serin, mais pas Läyan.
Läyan, elle était jeune et elle avait peur, elle n’avait pas confiance en elle et elle voulait ne plus voir des horreurs comme ça. Lay’, elle aime et elle veut aider cette petite de tout son cœur, de toute son âme. Lay’ affolé, c’est un nen incontrôlable et quand elle toucha le cadavre de ce zombie qui refusait d’avancer, trois perles de son chapelet bondir de son bras. Comme des sauterelles, mais avec beaucoup plus de force. Avec elle, c’est le fantôme de Katsuo qui parti. Aucun des deux ne compris ce qui se passa, Läyan se retrouvait soudain vidé de cette aura meurtrière et protectrice et voyait son nen s’évaporé de son corps comme par magie. Katsuo avait perdu les battements de cœur de sa princesse, pour un cœur mort et pas une âme à l’horizon, mais il était plus grand, plus fort et il était un homme !

Il baissa les yeux et examina rapidement son nouveau corps. Celui du zombie que Lay’ venait de touché. La médium surprise était tombé à genoux devant le visage d’Ellie. Ne voulant pas perdre une seconde devant la masse d’homme qu’il restait, Katsuo força son corps à lui obéir et à se mettre en mouvement. C’était tellement facile, il ne ressentait plus rien, pas une résistance, pas un point de côté, juste une totale liberté, cela en devait presque plus agréable que possédé l’entièreté du corps de la médium. Il saisit le premier homme du tas et l’envoya volé avec facilité. Nouveau corps, nouvelle capacité, associé à son nen, le maitre du Casino n’eut aucun mal à terrifier les résistants et à rendre à Ellie sa liberté, mais dans sa joie il ne remarqua pas que son visage se décomposait plus vie que la normal et quand il aida Ellie à retirer le dernier homme qui lui passait sur le corps, une main se décrocha de son poignet, laissant émané de la blessure une odeur putride.

Läyan, elle, ne pouvait rien faire. Elle ne se sentait pas bien, elle se sentait vidé. Yukihime à sa coté essayait en vain de la soutenir en mimant posé ses mains sur ses épaules, mais rien. Son nen s’envolait rapidement, trop rapidement…

Ellie commençait sérieusement à étouffer, écrasée par tous ces mercenaires. Quelqu’un lui tirait les cheveux et un genou lui rentrait dans les reins. De nouveau, comme dans les souterrains, elle sentait ses poumons se vider de toute substance tandis qu’une panique étrangère et familière à al fois ressurgissait du fond de son être.

Son nen émit quelques protestations, et de sa lance elle tâcha de se libérer seule, pourfendant qui elle pouvait. Mais on lui enfonça la tête dans le sol et une douleur lui traversa les reins. Une blessure. Une blessure mortelle. Elle sentait du sang s’écoulant de sa blessure. Son sang à elle.

Un frisson de peur, de panique lui remonta la colonne et lui donna envie de sortir de son corps. Ramper, se griffer jusqu’à s’arracher la peau, jusqu’à ne plus sentir le contact d’hommes inconnus, faire disparaître jusqu’au fantôme de leurs traces de son être.

Dehors, allez vous-en, qu’ils la laissent tranquille !

Le nen, déboussolé par ses émotions incohérentes, vacilla, et ne devint guère plus efficace qu’une petite pichenette.

Elle allait mourir si ça continuait comme ça. Elle allait se faire attraper, des types allaient disposer d’elle comme bon leur souhaitait. Et tout prendrait une couleur écarlate. Ellie entendit distinctement les battements de cœur s’accélérer, cognant si fort contre sa poitrine qu’il lui faisait mal. Elle plissa des yeux et reprit son souffle, essayant de se concentrer sur son nen pour reprendre le contrôler, endiguer l’hémorragie… ! Trouver un moyen de se débarrasser des autres avant qu’ils ne l’étouffent, rejoindre Joshua…

Joshua ! Joshua n’y arriverait pas sans elle ! Elle devait s’en sortir vivante, elle devait au moins faire un effort !

Soudain, une vague glacée la traversa. Et tout ralentit. Ses pulsations frénétiques se calmèrent. Ellie reconnut cette sensation de résignation et de lassitude, d’épuisement. Mais elle se força à rouvrir les yeux : non. Elle ne devait pas se laisser aller. Cette sensation, elle le savait, s’avérait être le prélude de la mort ! Hors de question qu’elle…

Brusquement le poids qui l’écrasait, l’étau l’emprisonnant s’allégea, et une main surgit au milieu d’un hâlo verdâtre, aveuglant et répugnant. Glacé, les doigts lui saisirent l’épaule et la tira en dehors de la masse grouillante d’humains. Une odeur de pourriture et de sang assaillit les sens d’Ellie et pourtant, cette flagrance avait des relents de liberté. Le contact de la pluie après la chaleur suffocante des corps sur le sien, la simple sensation de l’air. Une véritable bouffée salvatrice.

Ellie ne chercha pas à comprendre pourquoi son zombie arborait une telle expression –si humaine, si éveillée, ni même pourquoi il se décomposait si rapidement. Tout ce qui comptait à présent, c’était qu’elle ne se trouvait plus par terre, à la merci d’elle ne savait qui. Sur le coup, elle ne se soucia de rien d’autre et se jeta au cou de son zombie.

Bon, bon zombie ! Elle regrettait tout le mal qu’elle avait osé dire sur lui ! Il n’était pas du tout débile !

Le contact ne dura pas longtemps, guère plus d’une seconde, mais savoir qu’elle serrait dans ses bras un allié, qu’elle sentait son sang pulser dans le corps en décomposition, suffit à la rasséréner.

Elle ferma les yeux et se concentra sur les pulsations de son propre cœur. Le flux de son sang. Aussitôt, elle se permit de faire une boucle, là où on l’avait blessée dans la mêlée. Puis, elle dirigea son énergie sur sa lance, qui reprit du piquant, et sur ses mignons. trois d’entre eux avait été tués, proches. Deux autres avaient été blessés. Puis son zombie, celui qui l’avait sauvé…Elle devait lui donner un plus gros afflux pour ralentir la décomposition. Plus de sang…

Aussitôt Ellie se redressa et ceux tués dans la bataille l’imitèrent. Elle envoya un sourire sournois aux mercenaires qui voyaient leurs anciens collègues se relever pour se dresser contre eux :

-La contre-attaque, vous connaissez ?

Elle vida les trois nouveaux zombies du sang qui leur était inutile pour l’envoyer vers celui qui paraissait le plus intelligent –son sauveur. Et se tourna vers lui : dans le fond, elle vit Läy, apparemment épuisée. Il lui semblait avoir entendu sa voix quand elle était écrasée par les autres. Par réflexe, Ellie se plaça devant elle et se mit en position de défense. Imités par ses mignons.

Bien. Bien. Maintenant quoi ?

Elle avisa le sang de la coure, les flaques et la beau prenaient lentement une couleur rouge sale.

Cela suffirait. D’un geste du pied elle traça une ligne ronde devant elle et déclara froidement :

-Vous ne passerez plus cette ligne.

Manipuler 5 zombies lui demandait des efforts, surtout que celui sans-tête tenait tête difficilement à gros bras au loin, cherchant à attraper le patron. Mais il n’y parviendrait pas. Trop bête pour ça.

Ellie se tourna vers son zombie intelligent et essaya de le pousser à rejoindre l’autre, mais il lui résista. Comme encore vivant. Elle fronça les sourcils, perdue.

Mais n’eut pas le loisir d’u réfléchir plus que ça, un type essaya de l’attaquer avec un sabre. De franchir la ligne. Elle réagit aussitôt et fit tournoyer sa lance. Mais au lieu de lui donner une consistance coupante, elle la fit éclater contre le pauvre bougre. Les gouttelettes voletèrent de partout. Le pauvre homme, criblé de petites blessures recula. Mais il était déjà trop tard pour lui, son sang était infecté par le sien.

Elle lui saisit l’épaule le vida entièrement, pour se faire une nouvelle lance. Les autres, cherchèrent à s’approcher, à la prendre de revers, mais elle activa les gouttelettes de sa précédente arme, celles qui avaient fusionnées avec l’eau ensanglantée et la boue.

Sur le coup, elle désirait juste leur percer les pieds, mais son nen, mal dosé sûrement, transforma le sol en véritable dos de hérisson sur lequel s’empalèrent les imprudents et fit reculer les plus forts. Le tribut de ce hasard se fit sentir aussitôt et Ellie en eut le souffle coupé.

Haletante, elle perçut le froid de la pluie plus durement qu’auparavant et passa une main sur son menton pour s’essuyer son menton collant et trempé, couvert de sueur. Quand elle a retira elle remarqua que la moitié de sa main avait pris une douleur rosée peu amène.

Elle ne le savait pas encore, trop prise dans le combat, mais Ellie commençait à suer du sang.

En revanche la jeune femme sentit bien ses forces s’épuiser : il fallait mettre fin à cette bataille au plus vite. Un coup d’œil par-dessus son épaule lui apprit que Läy paraissait aussi peu en forme qu’elle.

Elle se tourna vers son zombie, -tandis que les autres faisaient barrière de leurs corps pour les entourer, protecteurs.

-Va…Le patron…Là…

Elle aurait aimé avoir plus de force, sortir la réparti qui tue, mais son gosier sec, sa langue lourde et la bouche pâteuse avalait la moitié de ses mots, et même articuler si peu lui coûta. Elle s’interrompit avant de finir pour tousser une glaire ensanglantée. Pas bon ça. Songea-t-elle.

Du coup elle pointa du doigt le maître, en se concentrant sur son nen. Puis, inspirant un bon coup –un autre de ses infectés venaient de mourir, empalé par le mélange de boue, de pluie et de sang, et il se redressa aussitôt pour la rejoindre, elle reprit, à la fois à Lay et à son mignon :

-Il est…Temps que le maître…Goûte un peu à la captivité…non ?

Pour le remercier de son geste salvateur, Ellie sauta au cou de ce valeureux zombie pourvue de l’âme d’un ancien assassin de haut rang. Si on aurait pu considérer ce geste comme adorable, si on omettait le coté répugnant du corps en décomposition et de l’aura totalement répugnante qui émanait de ce dernier, Katsuo n’eut pas du tout cette pensé. Loin d’être attendrit par un élan d’affection, son cerveau réagit relativement mal à ce petit câlin, bien qu’il ne dura que quelques secondes. « Alerte ! Alerte ! Une sangsue c’est accrocher à mon cou » suivit d’un habituel « Lâche-moi espèce de gueuse ! », c’était ce qu’on aurait pu entendre si on se trouvait dans la tête du mort, enfin du mort-vivant allons-nous dire. Car cette étrange combinaison donnait l’impression d’une renaissance, un drôle de hasard biologique qui associait un corps fait de chair et de sang, ce décomposant certes, mais vivant quelques instants plus tôt, et une âme de l’autre monde, un ectoplasme se glissant dans ce corps mort pour en prendre possession et retrouve les sensations d’un être vivant.

Si Ellie et Läyan n’avait pas conscience de ce qu’elle venait de réaliser, par accident, elles seront d’ici quelques années que ce phénomène étrange fut leur premier car de Biohazard. Une merveilleuse combinaison de deux pouvoirs effrayant, permettant de donner une seconde vie aux extraordinaires pouvoirs, aujourd’hui disparue.

Mais ce qu’elles ne savaient pas encore, c’était la puissance qu’elles devaient déployez pour maintenir cette fabuleuse technique. Une quantité de nen si importante que Läyan ne pouvait plus se tenir debout, se vidant peu à peu de son énergie vitale si précieuse, ne pouvait lutter contre ses serments qui gravissaient ses bras sans entrave. Ses bras, son torse et bientôt ses jambes se virent ôrné de ses serments qu’elle avait passé avec les morts. Jamais elle n’avait vu ses écritures s’étendre aussi vite, jamais elle n’avait vu son être aussi près de l’anéantissement, elle allait surement mourir si cela ne s’arrêtait pas, mais elle ne savait pas comment stopper cette frénésie.

Ellie semblait l’avoir oublier, prévoyant une contre-attaque surement digne d’un maître, mais la jeune femme ne remarquait pas ce qu’elle faisait exactement, trop préoccupée par les textes grimpant sur son corps. Katsuo remarqua que son corps se concevrait un peu mieux. « Un peu » qui sonnait comme un « beaucoup », car les chairs morte ne tombaient plus de sa main perdu depuis que la blanche lui avait donné le précieux sang qui battait désormais au rythme de battements de cœur artificiel. Contemplant la jeune femme et sa maitrise du sang, il put remarquer les étranges teintes que prenait son corps. Une peinte rosée, virant sur le rougeâtre quand elle instauré une ligne démarquant un bouclier invisible, une sueur rose coulant de son front et puis quoi encore ? Il ne put s’empêché de sourire devant l’ignorance des limites typiques des jeunes gens. Elle se tuerait presque cette petite, au lieu de fuir comme toute personne normale. Le fantôme, maintenant zombie doté de raison, songea qu’elle aurait mieux fait de reprendre la petite Lay’ dans ses bras et de fuir à toute jambes en passant au travers des murs de la bâtisse. Rien ne pouvait résister aux Gost Body, si ce n’est un objet entouré de nen, mais ce n’était pas le cas de la barrière présente, de toute manière, qui aurait la puissance nécessaire pour insuffler du nen à toute une muraille ? Katsuo aurait bien boulu le connaitre en tout cas.

Il était trop tard à présent. Le maître du Katsuo ne pouvait que contempler la déchéance des deux femmes qui se vidait peu à peu de ce qu’elle avait de plus précieux. Läyan trop blesser et épuisé pour se relever, Ellie trop obnubilé par ce besoin de survivre temps bien que mal. Elle avait le poussé, lui donner des ordres, il ne réagissait pas, parce qu’il en avait envie. Préfèrent s’habituer à son nouveau corps et analysez la situation déplorable dans laquelle ils se trouvaient. Il ne voyait même plus Yukihime, perdu quelques part à côté de Läyan. Il déplora sa présence un instant, mais l’oublia vite aux profits du monde des vivants en pleine effervescence. Un sifflement lui échappa quand Ellie transperça de toute par un pauvre gars arrivant vers eux, « Quelle cruauté » ironisa mentalement Katsuo, mais voilà qu’elle haletait, laissant sur son doux visage une mine aussi éreinté que pouvoir l’être sa petite princesse. Il était peut-être temps de se bouger, non ? Yukihime lui aurait surement déjà hurlé dessus depuis un bout de temps.

- Va…Le patron…Là…

Il baissa ses yeux verdâtres vers elle, avant de les relever vers cet hideux vieillard qu’il aurait aimé égorgé depuis fort longtemps, mais … C’était là l’occasion ! Seulement, il y avait un hic, il y avait toujours un hic dans l’histoire de toute façon, mais celui-ci était assez énorme pour réfréné les envies de meurtre de Katsuo. Läyan. Elle était trop épuisé pour se défendre seule et les marques qui dévorait son corps à chaque minute signifiait que son temps était compté, mais également qu’elle ne pouvait pas avoir recourt à Yukihime. Il doutait et il a avait peur que le sang qui le maintenait debout de lui soit pas d’un assez grand secours pour prendre les deux femmes sous son bras et fuir avec elles en cas de besoin.

- Il est…Temps que le maître…Goûte un peu à la captivité…non ?

Läyan leva les yeux vers elle, enfin. Son regard déterminé lui donna la force de sourire, malgré ses tremblements qu’on n’aurait su attribuer à la peur ou au froid. Elle n’était pas particulièrement apte à la vengeance, mais si c’était la seule solution pour quitter les liens vivants. Aillant enfin regarder ce qui l’entourait, elle y vu un carnage, un massacre sans nul doute et elle crus sentir l’horrible odeur d’un corps en décomposition. Elle put croisée le regard de ce zombie étrange, comme pourvu de vie. Son regard ne la trompa pas un seul instant, elle y reconnu son vieil ami. Comment avait-il fait pour atterrir là-dedans ? Elle n’en savait rien, mais promis de remettre cette question à plus tard. Elle serra les dents et les lèvres et hocha la tête, autant pour Katsuo, que pour Ellie.

Assuré par cette reprise de soi, Katsuo ne perdit plus une seconde. Son nen jaillit de toute part de son corps et il bondit tel un chien enragé sur sa proie. Ce pauvre maitre dont il se délectait déjà du sang. Dans ses mains, l’aura verte se matérialisa en deux dés, de simple dé qu’il envoya d’une simple pichenette dans la tête de deux sbires lui barrant la route. Il bondit, prenant appui sur leur dos pour s’élancer plus violement encore. Il devait être trop fort, trop vicieux ou encore trop enthousiasme à l’idée du massacre, mais se surplus de puissance fut un désastre pour celle qui maintenant temps bien que mal l’âme et le corps intacte. La cheville céda la première, il jura malgré qu’il ne put sentir la douleur, mais avec cette chute pitoyable, d’autre organes devinrent vert puis noir, jusqu’à exploser et éclaboussé la maître de la tête aux pieds avec cette substance répugnante. L’âme de Katsuo continua dans son élan et son coup de poing qu’il aurait tant voulue lui donner, ne fit que traverser le maître comme à chaque fois qu’il levait la main sur lui.

- Non ! – hurla-t-il – Non, pas maintenant ! Non !

Il le frappa, encore et encore, mais à chaque fois son corps passait au travers du sien et le maitre ne sentait qu’un vent froid le traversant. Katsuo put de nouveau voir Yukihime, le regard désolé, agenouillé aux côté de sa maitresse. Cette dernière eut un petit toussotement et de ses lèvres glissa un filet de sang. La puissance déployer par Katsuo avait fait grimpé les écritures jusqu’à ce qu’elle dévore la moitié de son visage et ne laisse d’une jambe vierge de toute traces, si ce n’était la boue dans laquelle était tombé la brune.

Epuisez. Erinté. Blesser. Il n’y avait plus de mot pour décrire l’état de cette enfant que restait la petite Lay’. Enfant inquiète, pas pour elle, mais bien pour les autres. Avant de tomber de fatigue, elle reprit ses dernières forces pour articulés tant bien que mal avec sa voix qui s’effaçait doucement, ses quelques mots à l’encontre de sa camarade :

- Ellie … Fuit …

Sa tête bascula et elle tomba de fatigue, allongé dans la boue. Ne sentant même plus le contact de l’eau sur sa peau. Désormais, elle ne pourrait plus rien faire, ni même ses esprits gardiens d’ailleurs.

Ellie peinait de plus en plus à trouver son souffle, suant à grosses gouttes et, alors que son zombie se jetait vers le maître des lieux, elle s’autorisa un moment de répit pour essayer de faire circuler l’air dans ses vêtements. Comment pouvait-elle transpirer comme ça alors que la jeune femme avait l’impression d’avoir les membres pris dans des congères ? Secouant légèrement le tissu, elle se rendit alors compte de la teinte dangereusement rosée qu’ils prenaient. Sa vision se fit trouble et elle se rattrapa de justesse, titubante.

Bon sang, qu’est-ce qui lui arrivait au juste ? Elle connaissait cet enchaînement : l’anémie n’était pas loin…Mais c’était bien la première fois que son corps la trahissait de la sorte ?

Elle secoua la tête chassant les doutes de son esprit –pas maintenant, plus tard-, et quelques gouttes rougeâtre, saumâtre lui coulèrent sur les joues et le menton pour éclabousser le sol. Elle porta les doigts à son visage et les retira : imprégnés de sang. Son sang à elle.

« Je me vide de partout ! »

Cela ne lui était jamais arrivée jusqu’à maintenant…Jamais rien de tel ne s’était produit tout court. Une pointe de panique la submergea, et elle eut bien du mal à la refouler. Son regard chercha aussitôt le zombie –celui qui n’agissait pas comme les autres. Cela allait bien se passer : oui il y avait des inconnus dans ses calculs et des imprévus : mais tant qu’il y en avait des bons pour palier les mauvais…

C’est à ce moment précis que son pion, sur le point de frapper l’esclavagiste, se décomposa complètement dans un bruit de pourriture. Si elle avait pu, Ellie aurait très certainement hurlé de frustration, et peut-être de désespoir, bien qu’elle ne soit pas encore consciente qu’il s’agissait du sentiment lui broyant la poitrine et lui écrasant les entrailles en cet instant. Dans son dos, un faible murmure lui glaça l’échine.

« Ellie…Fuis… »

La blanche se retourna pour contempler la jeune esclave, effondrée, à terre, inconsciente. Aussi pâle qu’un cadavre.

Elle se serait bien ruée vers elle pour la secouer, lui filer quelques baffes tout en lui haranguant un « Non allez c’est pas le moment, encore un petit effort ! » mais elle se sentait si proche de défaillir elle aussi qu’elle ne trouva pas la force de faire lui reprocher quoique ce soit.

Autour d’elle, les mercenaires les fixaient, encore hésitants, méfiants, mais ils ne tarderaient pas à réaliser sa position et à retrouver le sourire.

« Je vais perdre. » Réalisa Ellie.

Puis, une pensée, plus sournoise, vicieuse que la simple déception liée à la défaite l’envahit.

« Je vais perdre et je vais être à leur merci. »

Une bile aigre lui brûla le gosier à cette simple constatation, et elle en même temps que la nausée, une vocifération, un refus catégorique la submergea.

« Non ! »

Au-delà des certitudes incohérentes, trop floues et confuses, trop chargées d’émotions qu’elle avait toujours refoulées, elle trouva ce qui lui restait d’énergie.

Ellie observa avec rancœur le maître de Läyan, de l’autre côté de la courette.

« Ce n’est plus une question de gagnant ou de perdant mais de survivant… »

Puis son regard se porta sur la petite esclave inconsciente. La rage se transforma en frustration, puis en excuses muettes.

« C’est elle ou moi. »

Claquant des mâchoires pour retenir un cri, Ellie tourna des talons, et concentra son nen. Honnêtement, sa vision trouble et ses forces déclinantes ne lui permirent pas de garder un souvenir clair de la mêlée qui suivit. Elle perçut clairement qu’elle utilisait un homme comme un tremplin, un de ses zombies, et qu’en durcissant son sang elle réussit à percer assez le mur pour avoir une prise. Le reste de l’escalade se fit grâce aux fils de nen de ses bras, qui la hissèrent tant bien que mal par-dessus le parapet, au bout duquel elle bascula simplement. Elle s’écroula de l’autre côté, dévalant la colline en plusieurs roulades mal contrôlée mais parvint plus ou moins à se remettre sur ses jambes. Et elle courut. Courut jusqu’à en perdre haleine, jusqu’à perdre la notion du temps…jusqu’à ne plus en être capable.

A bord de l’apoplexie, incapable de continuer, elle avisa un terrier abandonné dans la lande devant lequel dormait un chat paresseux. Le virant tout bonnement elle se faufila dans la terre et s’y recroquevilla, espérant passer inaperçue.

Pendant un moment elle ne se concentra que sur les bruits extérieurs. Si elle percevait des gens, des voix, des pas, n’importe quoi qui prouve qu’elle était prise en chasse. Mais la pluie recouvrait tout et les battements frénétiques de son cœur finirent par l’assourdir.

Seule en tête à tête avec l’écho de son souffle et les pulsations de son cœur malmené, elle ne put pas nier son échec cuisant.

La défaite la laissait avec les poumons en feu, la nausée, les muscles gourds et tremblants…Et elle continuait dangereusement à perdre son sang, suant, éternuant, crachotant des glaires roses. L’échec avait un goût de fer et de mort.

Ellie commençait à se dire qu’elle allait mourir ici, déjà à moitié enterrée sans comprendre ce qui clochait avec son nen, la raison pour laquelle elle ne parvenait plus à manipuler son sang, ni même à sentir tous ses infectés, ou à décrypter ce qui s’était produit avec ses zombies là-bas.

« Je suis désolée Joshua…Je suis désolée. »

Elle se surprit à espérer que quelqu’un trouve son frère avant qu’il ne meurt de soif, dans sa cachette, et qu’on en prenne soin à sa place. Elle n’aurait pas dû tenter cette mission : de toute évidence elle n’avait pas le niveau. Elle avait lamentablement échoué. Echouer…Et fui la queue entre les jambes, sans avoir pu porter le moindre coup à ce salopard d’esclavagiste

« Je suis désolée Läyan… »

Non en vérité, ce n’était pas le fait de n’avoir pas pu faire ravaler ses dents à ce salopard de « maître » qui la tourmentait. Ce n’était pas d’avoir perdu, fait tout ça pour rien. Non, ce qui broyait le cœur d’Ellie en cet instant, c’était un triste constat :

« Je suis incapable de sauver qui que ce soit… Personne…Ni ma famille, ni mon frère, ni toi… »

Un constat qui la laissait froide et vide. Lui donnait presque envie de rire tant elle trouvait cela pathétique. Certains naissaient avec la capacité d’aider les autres, et d’autres, comme elles, étaient juste voués à essayer en vain…Ou à détruire. Pourtant, pourtant ! Elle avait vraiment voulu sauver Läyan cette fois ! Elle avait vraiment essayé. Pas pour la victoire sur un sale type, pas pour sauver des souvenirs flous, mais pour elle. Pour laissé quelque chose de bien derrière elle, pour une fois, avoir le sentiment que ses efforts avaient un sens…Une conséquence !

Ellie plissa les yeux jusqu’à s’en fendre les paupières : des croutes de sang s’empaquetant dans ses cils. Elle ne pleurait pas : elle n’y arrivait plus depuis un moment, mais la bile qui lui obstruait la gorge avait quelque chose de familier avec ses souvenirs de gros sanglots. Ou alors elle s’étouffait avec son propre sang. C’était une possibilité aussi. Histoire de mourir comme une looseuse, jusqu’à la fin.

« Pas même moi. »

Elle ferma les yeux.

Spoiler:

Epilogue
Malgré les années passant, enfermer dans sa sombre prison, Läyan n’oublia jamais cette nuit, bien qu’elle reste floue.

Elle se souvenait avoir été sauvé, l’espace d’un instant, par une jeune femme à la chevelure blanche et de c’être battue avec elle pour un peu d’air pur et de pluie en dehors du dédale poussiéreux, où raisonnait les cris de souffrance et empestait le sang. Elle se souvint vaguement du combat qu’elles avaient mené au dehors, trop épuisé, trop blesser pour que son corps ne se souvienne qu’elles avaient combiné leur pouvoir par le plus grand des hasards. Katsuo avait bien été là pour essayer de lui rappeler, elle lui avait réussi à lui rendre un corps, les sensations d’un être vivant pendant quelques instants, mais rien. Tout n’était qu’une brume sans fin, des cris qui rendait sourd et le noir.

Après que Läyan eut perdu connaissance, Ellie dut s’enfuir. La médium retourna à sa cellule après avoir été recousue par un hunter de grand talent, qui rendit invisible l’impact de la balle. La brune dut reprendre du service, parler avec les morts, se faire posséder par ses derniers et parfois prêté son corps à quelques clients mélancolique devinrent monnaie courante. Même après avoir été revendu, des années plus tard, à la mort de maître, ce cauchemar ne pris jamais fin.

Läyan ne revit jamais Ellie, du moins pendant son esclavage. Elle l’avait manipulé, elle c’était servi d’elle comme un vulgaire bouclier et elle avait fini par fuir pour protéger sa misérable vie. Pendant longtemps Katsuo lui en voulu, à cette petite qu’il avait aimé l’espace d’un instant, mais Läyan ne lui en voulu jamais. Elle la remerciait à chaque fois qu’elle pensait à elle, car elle était l’une des rares à avoir osé s’aventuré aussi loin et surtout … Elle avait essayé de la sauvé… Jusqu’au bout. Beaucoup d’autre à sa place aurait abandonné ou serai déjà mort. Elle, elle n’a jamais abandonné. La jeune femme croyait sincèrement.

Sept ans après cette nuit, Läyan fut libéré de ses chaines par un homme portant une croix renverser dans son dos, quittant l’esclavage définitivement pour marcher à ses cotés dans ce monde qu’elle ne connaissait que trop peu. Qui sait, peut-être qu’un jour elle recroisera cette jeune femme à la chevelure blanche ? Elle l’espérait.

Epilogue

Aussi étrange que cela puisse paraitre, Ellie ne mourut pas dans cette nuit là. Elle se réveilla bien plus tard dans la matinée, après avoir dormi ce qui lui semblait être des années. Sale, couverte de tellement sang qu’elle aurait dû n’être plus qu’un cadavre exsangue, elle s’extirpa de sa cachette et marcha. Longtemps. Les pensées vagues et le cœur si lourd qu’elle avait l’impression de le traîner comme un boulet, enchaîné à ses pieds. Penser à des chaînes ne l’aida pas à se débarrasser de cet étau de culpabilité.

Arrivée en ville, elle se dirigea vers l’hôpital où elle avait déposé son frère avant sa mission, et en profita pour passer aux urgences pour se faire soigner. A part les marques de coups, de balles, on ne lui proposa aucune transfusion sanguine. Elle n’en avait apparemment pas besoin.

Pourtant Ellie se souvenait de la sensation de se vider entièrement, de suer du sang, de voir le monde en rouge et du froid se propageant dans tout son être. Etait-ce le revers de la technique hasardeuse avec Lay ? Il y avait tant de choses qu’elle ne comprenait pas sur son nen. Pourquoi n’avait-elle plus besoin de dormir ? Qu’est-ce qui maintenant son frère en vie ? Qu’est-ce qui s’était passé avec son « zombie » ? Et maintenant ça.

Cette nuit-là, après avoir pansé ses plaies, elle récupéra son frère et s’enfuit loin de la région, pour ne pas risquer d’être retrouvée, faisant le serment de ne plus jamais y revenir. Elle ne désirait pas savoir ce qu’il était advenue de Lay, elle ne voulait plus y penser. Son échec la hantait bien trop.

Quelques semaines plus tard, Ellie se rendit compte qu’elle ne « ressentait » plus la présence de toutes ses victimes infectées par son nen. Et elle entreprit, la mort dans l’âme, de recommencer tout depuis le début. Il le fallait bien après tout, ce n’était pas comme si elle avait le choix. Elle devait bien manger, non ? Il fallait bien que Joshua soit soigné, non ?

Un échec ne pouvait pas la paralyser indéfiniment. Après tout, elle n’était pas morte. Mais si elle se bornait à refuser les missions, elle fonçait droit dans un mur et le serait bientôt.

Mais elle ne recommencerait plus, décida-t-elle. Péché d’orgueil, voilà ce qui l’avait menée droit à sa perte. Ellie ne pouvait pas se permettre de recommencer, de choisir de tels travaux. Son frère avait besoin d’elle pour survivre et tant que ce serait le cas, elle se devait de survivre aussi.

« Je ne prendrai plus de mission imposant des infiltrations. Ou des gens de pouvoirs. Et plus jamais je n’accepterai de mission visant à sauver un être vivant. » Se promit-elle.

Après tout, ses mains à elle, couvertes de sang, n’étaient pas faites pour sauver qui que ce soit.

« Je ne prendrai d’abord que les missions que je sais pouvoir accomplir à 100%. »

Alors, ce jour-là, devant le pc à disposition dans quelques bâtiments public, Ellie choisit avec précaution son prochain travail. Une corvée simple, de récupération d’u n objet que son clan avait étudié et caché il y avait longtemps et dont elle se souvenait très précisément de la localisation. Le reste de l’après-midi lui permit de penser à autre chose : la préparation de son départ, l’endroit où elle confierait Joshua, et tout ce qu’impliquait le voyage. Après avoir imprimé tous les documents dont elle avait besoin, Ellie se permit un coup d’œil sur le nom du commanditaire. Si différent de la jeune esclave. Là où elle était une pauvre fille sans défense et soumise à la loi, il y avait un homme d’âge mur, riche et assez influent pour croire que tout lui était dû.

« Cornell Lévy »

Et elle sourit. Elle ne commettrait pas l’erreur se s’attacher cette fois.