Qui a besoin d'un psy ? [PV // Gash- Ellie]

-Tu devrais voir un psy.

Tels avaient été les mots de Cornell, après une énième dispute futile. (Il ne voulait pas de cadavre dans sa salle de bain, alors elle l’avait mis dans le frigo et cela ne lui avait pas plu. Petite nature qu’il était.)

Bien entendu, Ellie avait refusé tout net.

-Pourquoi ? Lui avait-elle répondu, avec tout le flegme et le détachement dont elle était capable.

Elle, voir un psy ? Et puis quoi encore ? Pas qu’elle se croyait saine d’esprit –la jeune femme savait qu’elle avait des problèmes, elle n’était pas aveugle à ce point – mais pour lui dire quoi ?

« Bonjour je m’appelle Ellie, et en fait, je tue des gens parce que vraiment, l’inactivité ça me réussit pas ». Ouais. Et ensuite elle se retrouverait avec une camisole entourée d’hommes en blancs dans un bel asile tout propre. Merveilleuse idée Cornell, vraiment, et dire qu’on jugeait son tuteur comme un mec intelligent. De plus ce n’était pas comme si un psy pouvait régler ses problèmes.

Parler ne lui rendrait pas ses parents. Parler ne permettrait pas à Joshua de sortir de son coma. Parler ne lui permettrait certainement pas de se débarrasser de son petit souci avec l’autre zozo….En règle générale, en parler ne rendrait que le problème que plus réel encore à ses yeux. Au moins, en le gardant pour elle, Ellie pouvait prétendre que ces problèmes l’indifféraient voire n’existaient pas.

-Parce que je crois que tu en as besoin.

L’ennui, avec les Lévy, c’était leur volonté de fer. Plus borné tu meurs. Tout comme quand il avait eu en tête cette histoire d’examen Hunter, il était devenu impossible de parler à son père d’adoption sans qu’il n’aborde ce sujet. La vie à la maison devenait de plus en plus compliquée et Ellie avait fui du domicile au premier prétexte.

Mais les paroles de son tuteur continuaient de résonner dans un recoin de con crâne malgré la distance qu’elle mettait entre eux, faisant son petit bonhomme de chemin, vicieusement.

« Tu en as besoin »

Et puis quoi encore ? Elle n’avait besoin de rien. Rien du tout. Sauf peut-être tuer les salopards gangrénant cette foutue planète.

Pourtant l’idée ne voulait pas la quitter. C’est pourquoi elle se retrouvait ici, à York Shin –encore cette foutue ville, à croire qu’elle ne pouvait pas l’éviter. Dans la salle d’attente d’un jeune psychologue, un certain Gash.

Elle ne le faisait pas pour suivre les ordres de Cornell, se répétait-elle, et encore moins parce qu’elle croyait qu’il avait raison et que cela lui permettrait d’aller mieux. Non, elle le faisait pour qu’il se taise. En choisissant elle-même son psy, elle évitait qu’un certain papa-poule-adoptif ne lui impose une personne qu’elle n’apprécierait pas.

Ellie avait fait des recherches sur le type du cabinet. Jeune et venant d’une famille compliqué, elle pouvait espérer qu’il soit incompétent et la laisse bien tranquille.

De toute façon ce n’était pas comme si elle allait lui dire la vérité.

C’était juste pour faire taire Cornell.

-C’est à vous Mlle Elliot. Lui lança simplement la réceptionniste.

Ellie soupira, habituée au pseudonyme, et se leva, époussetant son ensemble simple, jeans, t-shirt et basket unis.

Oui, elle y allait juste pour avoir la paix, se répéta-t-elle alors qu’elle entrait dans le bureau du soi-disant médecin.

En tant que jeune psychiatre venant tout juste d'installer son cabinet, Gash n'avait pour l'instant que très peu de patients. Il arrivait même qu'il n'ai qu'un seul patient en une journée. Ce jeudi là était donc un cas exceptionnel, Gash avait déjà reçut 2 personnes et était en pleine séance avec son avant-dernier patient. L'homme qu'il recevait actuellement était veuf d'une policière infiltrée au sein d'un gang mafieux. Malheureusement, elle avait été découvert et exécutée d'une bien sinistre façon. Son corps a été retrouvé dans une chambre froide, pendue à un crochet de boucher et atrocement mutilé. Après la mort de sa femme, l'homme a plongé dans une profonde dépression et trouve un peu de réconfort en venant rendre visite à Gash au moins deux fois par semaines.

Les cas de ce genre ne sont pas rare à York Shin et cet homme peut même s'estimer heureux de ne pas avoir été la prochaine cible de la mafia, beaucoup n'ont pas cette chance. Les cas de dépression sont relativement courant et facile à traiter. En continuant à ce rythme, Gash sera capable de le réconcilier avec la vie d'ici un mois. La séance toucha à sa fin et Gash raccompagna son patient jusqu'à la sortie en lui rappelant de ne pas oublier la prochaine séance. L'homme décrocha même un sourire avant de quitter la pièce, ce qui faisait toujours plaisir à voir pour Gash. Gash aimait beaucoup s'occuper des gens comme lui même si ce dont il avait hâte c'était d'avoir l'occasion d'étudier des comportements et de traiter des maladies plus complexes.

Gash Retourna s'assoir à son bureau en bois synthétique et sirota une gorgée de sa tasse de café. Comme d'habitude, Gash avait très peu dormit cette nuit et la fatigue commençait à se faire sentir. Il jeta un oeil à son carnet des rendez-vous. Sa dernière séance de la journée allait se dérouler avec une jeune femme du nom de Elliot. Gash posa sa tasse et pressa un petit bouton sur le combiné de téléphone posé sur le bureau.

- Miranda, est-ce que Mlle Elliot est arrivée ?

- Oui docteur, elle est en train d'attendre.

- Très bien, vous pouvez lui dire d'entrer.

La jeune femme ne tarda pas à rentrer dans la pièce. C'était une femme plutôt petite avec un teint très pâle, même ses cheveux était d'un blanc immaculé. Gash sourit et se leva pour aller saluer la jeune femme en lui serrant la main. Gash n'avait peut-être pas beaucoup d'expérience mais il avait un don pour juger les gens. En la regardant, il sût qu'elle était différente de ses autres patients. Il le vit dans ses yeux.

- Vous êtes Mlle Elliot c'est bien cela ? Je vous en prie, asseyez-vous.

Dit-il en désignant la chaise se situant juste en face de son bureau. Gash prit ensuite place à son bureau.

- Tout d'abord, au cas ou vous ne le sauriez pas, en tant que médecin je suis bien évidemment soumis au secret médicale. Par conséquent, tout ce que vous pourrez dire ici ne concerne que vous et moi et personne d'autre ne sera jamais au courant. Donc sentez-vous libre de dire absolument tout ce que vous souhaitez. Alors Mlle Elliot, racontez moi, D'où venez-vous et qu'est-ce qui vous amène à venir me voir ?

Lança Gash, toujours avec un grand sourire.

Ellie arqua un sourcil en voyant le médecin : elle savait qu’il était jeune, mais il lui semblait même plus jeune qu’elle. Cela lui faisait toujours bizarre de rencontrer des personnes qui malgré leur âge, avaient déjà une vie bien établie. Sûrement, pensa-t-elle, le plus grand souci qu’avait jamais rencontré ce mec c’était un client tardif qui retardait l’heure de son déjeuner.

La petite femme le dévisagea, le jaugeant de la tête aux pieds : grands, l’air fatigué –dormait-il pour avoir des cernes pareils ?- et l’air dégingandé, il n’avait pas l’air très sérieux malgré son ton affable.

Tant mieux. Ce serait bien plus simple.

-Vous êtes Mlle Elliot c'est bien cela ? Je vous en prie, asseyez-vous.

Au moins se montrait-il aimable. Ellie hocha du chef quand il l’appela par son patronyme et prit aussitôt son masque habituel : celui d’une jeune femme au sourire serein.

-Enchantée monsieur. Lui répondit-elle poliment.

Elle s’installa sur la chaise –comment, pas de divan ? C’était une insulte au cliché ça.- et battit de l’air de ses pieds une fois bien en place.

-Tout d'abord, au cas ou vous ne le sauriez pas, en tant que médecin je suis bien évidemment soumis au secret médicale. Par conséquent, tout ce que vous pourrez dire ici ne concerne que vous et moi et personne d'autre ne sera jamais au courant. Donc sentez-vous libre de dire absolument tout ce que vous souhaitez. Alors Mlle Elliot, racontez moi, D'où venez-vous et qu'est-ce qui vous amène à venir me voir ? Lui lança Gash avec un sourire.

Les yeux d’Ellie brillèrent d’amusement. Ah-ah, oui c’est ça, mais elle n’allait quand même pas courir le risque, après tout, en dénonçant ses confessions lui risquait une médaille, et elle la peine de mort : c’était un peu injuste non ? Elle se contenta donc d’hocher du chef à nouveau, sans se départir de son sourire. Puis elle s’affaissa contre le dossier de la chaise et fit mine de chercher une réponse –qu’elle avait pourtant déjà préparé. Les meilleurs mensonges étaient soient les plus gros, soient les plus proches de la vérité. Elle avait opté pour la deuxième option.

-Mon travail m’empêche de me poser quelque part en particulier, donc je ne peux pas répondre à la première question. Quant à la raison qui m’amène ici…Et bien un ami à moi que j’apprécie beaucoup m’a fait comprendre que j’étais une accro à mon boulot et que je devais consulter pour être normale.

Elle sourit au psychologue.

-Je trouve le mot normal assez vulgaire en fait. Qui l’est au juste ? Mais enfin, il ne cesse de me le répéter et j’ai décidé de céder pour le faire taire : après tout, qu’est-ce que je risque à consulter un psy ? A part perdre mon argent, mais, après tout, c’est pour ça que je bosse.

Elle s’étira, et décida que c’était le moment de sortir son alibi :

-Je travaille dans le recyclage. Les vieux trucs dont personne ne veut, je les attrape, je m’en occupe, je prends ce qui est encore bon dessus et je m’arrange pour leur trouver un nouveau propriétaire. D’ailleurs si vous êtes intéressés par des meubles pour votre cabinet, n’hésitez pas.

Depuis que la jeune femme c'était installée, Gash avait déjà commencé à l'observer. Décrypter le langage du corps et les expressions du visage est une étape importante pour comprendre une personne. Grâce à cela, on peut apprendre beaucoup de choses sur cette personne sans même qu'elle s'en rende compte. Ce que Gash observait actuellement c'était une fille souriante qui semblait se sentir parfaitement à son aise. Cette confiance en était presque suspecte, pour Gash cela cachait de la méfiance. Il est naturel de se méfier de quelqu'un que l'on voit pour la première fois. Mais la plus part du temps, les patients méfiants ne réagissent pas de cette façon là. Cette fille intriguait de plus en plus le jeune psychiatre.

- Mon travail m’empêche de me poser quelque part en particulier, donc je ne peux pas répondre à la première question. Quant à la raison qui m’amène ici…Et bien un ami à moi que j’apprécie beaucoup m’a fait comprendre que j’étais une accro à mon boulot et que je devais consulter pour être normale.

" Une réponse vague. Je m'y attendais. Comme je le pensais, malgré son attitude confiante, elle ne semble pas vouloir se confier totalement. Il semblerait qu'elle se méfie de moi. Voyons, essayons d'analyser sa réponse. Tout d'abord, il semblerait que la nature de son travail soit la raison de sa présence ici. Un travail qui l'oblige à faire de nombreux déplacements. De plus il semblerait qu'elle ne soit pas venu me voir de sa propre initiative. On dirait que cet ami qu'elle mentionne s'inquiète beaucoup pour elle et c'est sans doute lié à la nature de son travail. "

- Je trouve le mot normal assez vulgaire en fait. Qui l’est au juste ? Mais enfin, il ne cesse de me le répéter et j’ai décidé de céder pour le faire taire : après tout, qu’est-ce que je risque à consulter un psy ? A part perdre mon argent, mais, après tout, c’est pour ça que je bosse.

Gash fut relativement surprit par la tournure que son interlocuteur faisait prendre à la conversation. Il était d'accord avec le point de vue de la jeune femme en ce qui concerne le mot normal. C'est un terme dont la définition est souvent remise en question, d'autant plus lorsqu'il s'agit de décrire un comportement humain. Gash ne relâcha cependant pas son attention sur ce que disait sa patiente. Ses propos confirmaient que ça ne lui faisait absolument pas plaisir d'être ici et qu'elle le faisait uniquement par contrainte de son ami. La jeune femme prit ses aises et s'étira avant de poursuivre.

- Je travaille dans le recyclage. Les vieux trucs dont personne ne veut, je les attrape, je m’en occupe, je prends ce qui est encore bon dessus et je m’arrange pour leur trouver un nouveau propriétaire. D’ailleurs si vous êtes intéressés par des meubles pour votre cabinet, n’hésitez pas.

- Merci, je réfléchirais à votre proposition.

Il était vrai que le cabinet de notre jeune psychiatre n'était pas très meublé et donnait même une sensation de vide. Il n'y avait que le bureau, deux chaises et une grande étagère à gauche de la pièce sur laquelle reposait de nombreux livres traitant de psychologie. Sur le côté droit il y avait la porte qui donnait sur la sortie de l'immeuble avec une plante verte juste à côté.

" Dans le recyclage hein ? Soit cette fille dit la vérité et sa passion du recyclage prend une telle ampleur dans sa vie que son ami la prend pour une sorte de maniaque du recyclage. Soit c'est tout autre chose. Il est possible que cette histoire de recyclage soit une métaphore pour dissimuler sa véritable occupation. "

Gash penchait plutôt pour la deuxième solution, il trouva d'ailleurs la comparaison assez amusante et dû retenir un petit ricanement. Cependant, le mensonge de la femme était plutôt crédible et il aurait pût y croire si il ne l'avait pas soupçonné de se méfier de lui plus tôt. Elle se donnait du mal pour cacher la nature de son travail. Il était même probable qu'elle lui ai donné une fausse identité.

" je prends ce qui est encore bon dessus et je m’arrange pour leur trouver un nouveau propriétaire. "

" Qu'est-ce que ça peut bien représenter ? Du trafique d'oeuvres d'art ou d'objets anciens ? Ou peut-être quelque chose de plus glauque. Il parait que le trafique d'organe peut s'avérer très lucratif. Il parait même qu'il y a des collectionneurs d'organes prêts à débourser des fortunes pour des morceaux de corps rares. Très bien, je vais rentrer dans son jeu. Même si elle continue de me cacher la vérité ce n'est pas grave, je pourrais toujours apprendre des choses sur elle et peut être même réussir à gagner sa confiance. Je vais commencer par essayer d'en savoir plus sur l'ami dont elle parle. "

- Dites moi, cet ami qui vous conseille, vous le connaissez depuis longtemps ? Vous devez être importante pour lui si il s'inquiète pour vous à ce point.

Il y avait deux raisons pour lesquelles Gash voulait parler de ce mystérieux ami. La première étant que si il avait commencer par essayer d'obtenir des informations sur le travaille de la jeune femme elle aurait sans doute augmenté sa vigilance. La seconde était que cette personne semblait occuper une place importante dans sa vie et qu'elle tenait beaucoup à lui.

Le jeune psychologue la regardait –oh bien entendu c’était normal qu’il la regarde, c’était un peu son boulot, il n’allait pas dévisager l’unique plante verte du cabinet pour lui diagnostiquer un trouble de la personnalité. Mais Ellie savait discerner les différents regards qu’on lui adressait. Il le fallait bien, après tout elle ne voulait pas finir avec une balle entre les deux yeux parce qu’elle n’avait pas bien su voir qu’on se méfiait d’elle et de ses mensonges. Tout de même, là, si elle ne se trompait pas, le psyhologue lui envoyait une œillade perplexe : soit il doutait de ses paroles, soit il réfléchissait à quel tic lui attribuer. En tout cas cela l’agaçait. Elle n’aimait pas être là, dépendante de son jugement.

- Merci, je réfléchirais à votre proposition.

Ellie fit de son mieux pour renforcer son masque d’indifférence et son sourire serein s’élargit. Surtout que le jeune psy eut la décence –s’il doutait d’elle et de son mensonge- de faire comme s’il y croyait. Elle préféra juger cela pour de la politesse plutôt que de la manipulation, mais conserva tout de même cette possibilité dans un recoin de son crâne. En tout cas ce week-end, elle irait visiter quelques brocantes pour lui trouver un meuble quelconque de psy –le genre de breloque comme l’oiseau qui boit dans son verre ou les billes qui s’entrechoquent- histoire d’apporter du poids à son récit.

De toute façon, songea-t-elle en jetant un regard circonspect autour d’elle : quoiqu’elle rapporte cela irait. Cet endroit avait un petit côté « désert ». Loin du faste ou de l’ingéniosité des demeures de Cornell. Mais après tout, Cornell était architecte.

- Dites moi, cet ami qui vous conseille, vous le connaissez depuis longtemps ? Vous devez être importante pour lui si il s'inquiète pour vous à ce point.

La question n’aurait pas dû la surprendre : c’était la suite logique de la conversation. Il avait compris que le travail était un terrain miné –un gamin intelligent, elle avait peut-être dû opter pour un vieux sur le point de partir à la retraite et n’en aurait plus rien eu à foutre d’elle- alors il passait à l’autre sujet. Son ami.

Voilà pourquoi Ellie détestait l’idée même d’un psy. Ils voulaient toujours parler des sujets dont elle ne voulait pas parler. Vraiment. Bon, au moins, le bon côté des choses : il ne lui demandait pas ce qu’elle ressentait pour lui. Elle envoya un sourire qu’elle désirait assuré et surtout : anodin, comme si il s’agissait là du sujet le plus banal du monde.

-Oh. Lui. Et bien je le connais depuis…

Elle avait 24 ans aujourd’hui, et il l’avait recueillie, elle et son frère, alors qu’elle avait tout juste 17 ans. Déjà ? Tant que ça ? Cette constatation lui arracha un sourire mélancolique et quand elle se rendit compte, plutôt que le cacher, décida de s’en servir pour étoffer le personnage.

-7 Ans déjà. Le temps passe vite ! Des fois j’ai l’impression que c’était juste hier.

Elle haussa des épaules.

-C’est mon protecteur en quelque sorte, il m’héberge quand je travaille près de chez lui et me rend service dès qu’il le peut. Je crois qu’il se prend un peu pour mon père. Un peu trop souvent d’ailleurs.

Et d’ailleurs c’était très chiant quand il agissait de la sorte.

La jeune femme continuait d'afficher un sourire plein d'assurance et de détachement pour le sujet. Pour elle cela semblait être un sujet complétement anodin. Cette fille était douée pour dissimuler ses émotions, Gash devait bien le reconnaître.

- Oh. Lui. Et bien je le connais depuis … 7 Ans déjà. Le temps passe vite ! Des fois j’ai l’impression que c’était juste hier.

" Elle semblait songeuse pendant un instant. Cela prouve bien que cette personne lui tient à coeur. Ses émotions ont tout de même finis par la trahir. Elle a dû s'en rendre compte et à choisit de dire la vérité, ses paroles semblent plus sincères que ce qu'elle a put me dire avant. 7 ans c'est plutôt long, surtout qu'elle semble plutôt jeune. Je la situerais à peu près dans ma tranche d'âge, peut-être un peu plus âgée que moi. En tout cas elle ne doit sans doute pas dépasser les 25 ans. Ce qui indique qu'elle était probablement mineure quand elle a rencontré son ami. "

- C’est mon protecteur en quelque sorte, il m’héberge quand je travaille près de chez lui et me rend service dès qu’il le peut. Je crois qu’il se prend un peu pour mon père. Un peu trop souvent d’ailleurs.

" Je vois, un homme qui l'héberge et se considère comme son père. Pour une raison ou une autre elle a dû être séparée de ses parents à un jeune âge et c'est cet homme qui l'a recueillie. D'une certaine manière il doit se sentir responsable d'elle. "

Gash pouvait comprendre la situation de cette fille, lui aussi avait quitté ses parents avant d'avoir atteint sa majorité. Tout comme lui, elle devait poursuivre un but précis qu'elle comptait réaliser par le biais de son travaille acharné. Gash prit un air plus sérieux lorsqu'il se rendit soudain compte qu'ils avaient sans doute beaucoup de points communs tous les deux.

Il saisit sa tasse de café et sirota une gorgée pendant qu'il réfléchissait. Quel but pouvait bien poursuivre cette fille ? pour le découvrir, il allait devoir essayer d'en apprendre plus sur son passé. Pour cela il décida d'éviter les subtilités et de poser directement la question. Cela lui permettrait aussi d'évaluer la réaction de la jeune femme.

- Il semblerait que votre ami essaye d'être comme une seconde famille pour vous. J'en déduit qu'il a dû se passer quelque chose avec votre vraie famille. Peut-être est-ce la raison qui vous a pousser à vous tourner vers le recyclage.

Le psy s’arrêta un instant après sa déclaration et sirota sa tasse de café. Ellie le regarda un moment tandis qu’il semblait réfléchir –ou alors il était gêné et se cachait derrière ce prétexte. Puis elle finit par croiser les mains sur ses jambes, comme pour attendre. Bon ça faisait un moment déjà qu’elle était là, non ? Une séance ça durait combien de temps ? Elle chercha une horloge dans le paysage, faisant mine de l’admirer d’un œil expert.

Doucement, le jeune homme reprit :

- Il semblerait que votre ami essaye d'être comme une seconde famille pour vous. J'en déduit qu'il a dû se passer quelque chose avec votre vraie famille. Peut-être est-ce la raison qui vous a pousser à vous tourner vers le recyclage.

Elle resta un moment silencieuse face à cette déclaration. Puis son sourire s’étira, machinalement. Le petit vicieux curieux qui essayait d’en savoir beaucoup trop. D’une voix taquine elle se permit de répondre, lui envoya son expression la plus innocente du monde :

-Ce n’est pas une question. Je n’ai donc pas à y répondre.

Elle aurait pu ajouter un n’est-ce pas, mais elle ne voulait pas lui laisser la moindre opportunité ; la moindre perche qu’il pourrait réutiliser contre elle.

Spoiler:

Gash vit à la réaction de la jeune femme que ça question la dérangeait profondément. Il avait essayer d'aller trop vite dans le vif du sujet et il était clair qu'elle n'était pas encore prête à parler de ça.

-Ce n’est pas une question. Je n’ai donc pas à y répondre.

- Effectivement. Et même s'il s'agissait d'une question, rien ne vous obligeait à y répondre. Je ne voulais surtout pas vous brusquer et je m'en excuse.

La fatigue commençait à se faire de plus en plus rapide et Gash se rendit compte qu'il n'avait plus de café. De plus le dialogue risquait d'être difficile à poursuivre. C'est bien dommage mais peut-être était il temps de mettre fin à la séance. Gash reprit avec un sourire.

- Très bien Mlle Elliot, nous avons déjà beaucoup discuter et je penses avoir appris pas mal de choses sur votre situation. Cependant, pour éviter de brusquer les choses nous devrions peut-être en rester là pour le moment. Nous pourrons reprendre cette discussion à la prochaine séance, la semaine prochaine, qu'en dites vous ?

Le jeune psychiatre se leva pour raccompagner sa patiente.

- En attendant prenez bien soin de vous.

Cette jeune fille semblait très intéressante mais Gash sentait qu'elle allait lui donner du fil à retordre. Il allait sans doute avoir du mal à lui faire aborder certains sujets. Il était sur qu'elle allait représenter un véritable défi pour lui.

HRP:

Le jeune psychologue se rétracta, revenant sur ses mots avec une douceur et une sorte de compassion exaspérante. Ellie eut bien du mal à garder son sourire serein alors qu'il lui présentait des excuses.

Ah. Des excuses. Elle s'en fichait comme...comme...Comme les crottes des chats errants qui se planquaient dans cette foutue mégalopole ! Ellie avait bien conscience que l'homme agissait comme son travail le lui imposait et que cette curiosité maladive, cette volonté de fouiller la merde, venait de là. Mais son lien avec Cornell, ses parents, sa famille...tout ça ne regardait que elle. Cela ne concernait qu'elle.

D'ailleurs sa souffrance n'appartenait qu'à elle.

Voilà pourquoi elle détestait les psys.

Le jeune homme paraissait fatigué, épuisé, et aussi las qu'elle. Las peut-être, de se mêler de ce qui ne le regardait pas et ne lui apporterait jamais rien de bon. En tout cas il regarda la pendule et déclara :

- Très bien Mlle Elliot, nous avons déjà beaucoup discuté et je pense avoir appris pas mal de choses sur votre situation. Cependant, pour éviter de brusquer les choses nous devrions peut-être en rester là pour le moment. Nous pourrons reprendre cette discussion à la prochaine séance, la semaine prochaine, qu'en dites vous ?

Parce qu'en plus, elle devait revenir ? Si elle n'était pas si bien prise dans son rôle de fille douce et sereine, elle aurait croisé bras et jambes avant de souffler avec exaspération. Elle n'en fit rien et hocha gentiment du chef. Qu'est-ce qu'il ne fallait pas pour calmer Cornell ! Si seulement son tuteur pouvait croire à ses mensonges, mais même au téléphone il ne se laissait pas abuser, il sentirait immédiatement la supercherie.

Le jeune psychiatre se leva pour raccompagner sa patiente. Et alors qu'il lui montrait la sortie tout en lançant un :

- En attendant prenez bien soin de vous.

Ellie réalisa quelque chose. Ni Cornell, ni le psychiatre ne la laisserait tranquille facilement. Ils auraient beau faire autant de séances qu'ils voulaient, ils finiraient bien par revenir sur le sujet des parents (parce qu'il s'agissait d'un classique, non, les parents ? La relation avec le père, la mère, oeudipe tout ça...). Oh. Elle aurait pu mentir, Ellie était douée pour mentir...Mais imaginer une autre histoire, une autre famille...Un autre destin pour elle...Imaginer ne serait-ce qu'appeler, même en rêve, une autre personne, fictive, papa ou maman ?

Non.

On lui avait déjà pris leurs vies. Elle ne désirait pas perdre leurs souvenirs, ni même les corrompre. Elle ne voulait pas en parler, ni maintenant, ni jamais.

Alors que font les magiciens pour s'échapper d'une situation inextricable ? Piégés dans une boite de fer, enchaînés ? Ils détournent l'attention avec leur jolie assistante.

Ellie avait juste besoin d'un os à ronger. Un os assez intéressant pour que le jeune homme se désintéresse de sa famille -il la remercierait plus tard.

D'un rapide coup d'oeil elle avisa son médecin, son air pâle, las, épuisé. Elle aurait certainement dû pousser l'analyse un peu plus loin, mais le temps lui manquait. Et elle se souvenait avoir vu sur la pile de livres -dieu merci, sa mémoire lui servait- des ouvrages sur le sommeil. La jeune femme prit donc ce premier prétexte.

-Excusez-moi.

Elle se retourna avant de partir.

-Mais je me demandais si c'était vous ou un médecin qui prescrivez les ordonnances pour les somnifères...

Elle prit une mine penaude et surtout, aussi fatiguée que possible. Encore une fois, les meilleurs mensonges étaient ceux le plus proches possibles de la vérité :

-Je n'ai pas dormi depuis...Longtemps, et je crois que c'est aussi pour une de ces raisons que mon ami m'a envoyée consulter. Si je pouvais au moins lui montrer une ordonnance pour qu'il me lâche.

Elle haussa des épaules. Le psy n'avait pas à savoir qu'elle n'avait presque plus dormi depuis ses 14 ans. (Sauf quelques incidents qui s'apparentaient plus à des pertes de connaissances qu'à des phases de sommeil). Ellie se souciait peu qu'il la prenne pour une droguée venant quémander sa dose. Tant qu'il mordait à l'hameçon et abandonnait son sujet.

Cette jeune fille semblait très intéressante mais Gash sentait qu'elle allait lui donner du fil à retordre. Il allait sans doute avoir du mal à lui faire aborder certains sujets. Il était sur qu'elle allait représenter un véritable défi pour lui.