Lien douteux || PV : Ellie Lévy

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Du sang. Il y avait du sang absolument partout. Sur les murs. Sur le sol. Sur le lit. Sur les meubles. Rien n'avait été épargné par la violence de l'acte. Les corps étendus par terre n'avaient plus rien d'humain. Un homme pourtant, se tenait là, au milieu de la pièce. Ses vêtements étaient souillés, mais il s'en moquait éperdument. Les dents serrées, il analysa la situation. Il venait de tuer - de massacrer - une famille, et avait accompli sa mission : récupérer le cœur de l'enfant, et se débarrasser des parents. Bien entendu, le tout sans alerter les voisins.

Il était temps, il devait faire vite pour rapporter l'organe à l'endroit indiqué. C'est donc sans perdre une minute qu'il mit le cœur dans l'emplacement réfrigéré, et sortit discrètement de la maison, prenant garde à ne pas être vu. Il savait que quelqu'un d'autre avait pour mission de venir nettoyer la maison, aussi il ne se préoccupa des corps laissés derrière lui. Il courut avec une incroyable vitesse jusqu'au lieu de rendez-vous, ses longs cheveux noirs flottants dans l'air. Il finit par tomber sur l'homme qu'il cherchait. Enfin.

- Irumi Zoldik... Tu as fait vite... Je n'en attendais pas moins de toi. Maintenant, donne-moi ce coeur.

- L'argent d'abord.

La voix de l'assassin était glaciale. Il fit craquer ses doigts comme pour faire comprendre au type face à lui qu'il valait mieux pour lui qu'il ne plaisante pas avec le Zoldik. Irumi avait déjà eu affaire à cet homme par le passé, et bien qu'il n'avait encore jamais osé tenter de le piéger, il préférait rester sur ses gardes. Il n'avait pas peur, oh non, bien sûr que non. Il était juste fatigué de servir des individus aussi inintéressants et inutiles que ce type.

- Je vois que tu ne perds pas le Nord, Irumi... L'homme balança aux pieds de l'assassin la mallette contenant l'argent. Tu peux vérifier, le compte y est.

Irumi compta effectivement les liasses de billets, avant de s'avancer dangereusement vers son client, une aura meurtrière l'entourait désormais. Il ne souhaitait qu'une chose, inspirer la peur à cet homme qui le prenait un peu trop de haut pour un simple humain. Il lui tendit l'objet qui contenait le cœur, et s'éloigna de quelques pas.

- A l'avenir, il vous faudra voir avec mon père. Je n'aurai plus de temps à vous consacrer.

Sans surprise, il regarda son client porter le cœur à sa bouche, pour le lécher puis... Le dévorer. Avec délectation, prenant son temps. Irumi se retourna et s'en alla. Les tâches de sang sur ses vêtements avaient eu le temps de sécher, et formaient désormais des tâches marrons pas très esthétiques. Mais cela, l'assassin s'en moquait. La nuit commençait à tomber, et il tenait à enchaîner sa seconde mission afin d'être tranquille ensuite.

Après avoir fait le tour des résidences, Irumi tomba sur la maison qui l'intéressait. A l'intérieur vivait un homme, seul. Sans épouse, sans enfant. Sans témoin. Intérieurement, l'assassin s'étonna d'ailleurs de n'avoir croisé personne par ici. Pas un chat. Mais alors qu'il s'apprêtait à entrer par la porte arrière, il entendit un bruit qui le fit se retourner, en alerte. Il plissa les yeux, puis d'un voix calme, il demanda :

- Qui est là ?

Ellie avait cru ne plus s’approcher de York Shin avant un moment – Un long moment. Après ces dernières rencontres en ville elle n’avait absolument aucune envie d’y retourner. Mais voilà, personne ne l’écoutait jamais et le destin avait décidé de l’emmerder. (Elle trouverait bien un moyen de l’emmerder en retour). Il se trouvait que plusieurs organes qu’elle avait gracieusement donné à l’hôpital du coin avait été vendus au marché noir et rachetés aussitôt par elle ne savait quel type.

Et si Ellie détestait bien une chose c’était bosser pour des prunes.

Tout son beau travail, foutu ! Et peut-être même que ce qu’elle avait fait avait aidé des bandits, ou pire encore, au lieu d’aider à réduire cette saleté de listes de donneurs d’organes. Elle avait donc mené sa petite enquête de loin, bien à l’abri chez son tuteur –avec un pc qui ramait un peu certes, mais une connexion internet acceptable. Et avait trouvé plusieurs cibles à questionner.

Enfin, à boxer d’abord, puis à questionner ensuite : après tout elle était une grande timide. Ensuite, ma foi, en fonction des réponses elle allait récupérer ses affaires et les tuer, ou les tuer puis récupérer ses affaires.

En arrivant dans la ville-qui-ne-lui-foutait-jamais-la-paix, elle avait immédiatement ressenti la présence de plusieurs de ses « infectés. ». Des gens qui partageaient son sang –volontairement ou non. Un en particulier attira son attention : Irumi Zoldik. Silencieusement, Ellie se promit de faire un gros détour pour éviter de recroiser sa route. Qu’il ne puisse plus la tuer sans se mettre en danger avec leur serment ne changeait rien : ce type restait flippant et moins elle le côtoyait, mieux elle se portait.

- Je vais avoir des copains, chouette… Commenta-t-elle simplement en sortant de l’aéroport, trainant des pieds.

Elle déposa ses affaires dans sa chambre d’hôtel et se changea rapidement. Une tenue simple et discrète cette fois, elle ne voulait pas se faire repérer mais faire du repérage, la nuance prenait son importance. Ellie enfila donc ensemble sombre et attacha ses cheveux en une queue de cheval haute. La couleur blanche risquait de la gêner, songea-t-elle une seconde, mais prendre le temps de la teindre risquait de la retarder. Et une perruque ça gênait dans les scènes d’actions –elle en avait déjà perdu trois comme ça.

- Bah, ça va aller, c’est pas comme si je devais être sexy pour aller buter des gens. Je suis sûre que mes victimes ne m’en voudront pas !

Elle partit aussitôt en claquant la porte. Elle savait très exactement où se trouvait sa première cible. Un homme en apparence seul, sans enfant, sans histoire. Sauf qu’il avait versé un énorme pot-de-vin au médecin en charge des greffes de l’hôpital. On ne fait pas ça quand on est honnête.

Le trajet ne lui prit pas énormément de temps, elle avait consulté le GPS avant de partir et se souvenait parfaitement de l’itinéraire à suivre, ainsi que de toutes les rues par où elle pouvait fuir. En revanche la présence silencieuse mais bien tangible d’Irumi commença à l’inquiéter. Il se rapprochait, ou plutôt, elle, se rapprochait.

- On va peut-être se croiser sans se voir, se serait bêêête, quel dommage, comme je serai déçueee. Murmura-t-elle pour se rassurer.

Raté, il était toujours là. Ellie leva les yeux au ciel et maudit tous les dieux de l’existence et plus encore. Parce qu’ils se foutaient clairement de sa gueule, là. Inspirant un bon coup, elle décida d’ignorer le problème – c’est bien connu, si on ne le regarde pas, il disparait. La mission passait d’abord. Fort de cette décision, elle arrêta son repérage au nen – elle n’en avait pas besoin après tout pour s’introduire chez un vieux. Advienne que pourra, elle n’allait pas s’inquiéter pour peut-être rien du tout. La parano ça suffisait.

Ellie parvint, quelques minutes plus tard, à destination, bien plus sereine. Personne, pas de témoin. Pas d’Irumi, parfait. Tout était parfait. Naturellement la jeune femme contourna la demeure pour entrer par la porte de derrière…Et elle n’eut même pas le temps de le voir qu’elle entendit sa voix.

- Qui est là ?

Oh elle aurait reconnu cette foutue voix entre mille.Les dieux n'avaient aucun humour, ou alors ils ne pigeaient pas le sarcasme.

Une part d’elle hurla tout simplement « DEMI-TOUR DROITE ! », l’instinct de survie, mais la part raisonnable, douée d’intelligence, lui rappela judicieusement à quel point le Zoldik l’avait rattrapée facilement la dernière fois. La meilleure défense c’est l’attaque. Le lion ne s’attend pas à ce que l’antilope lui file un coup de sabot.

Et puis, si ça se trouve, il allait être content de la voir et lui faire un grand sourire ! Après tout c’était sa « putain » (il avait dit ça, elle le soulignait) préférée. Celle qui l’avait fait taaaaant rire. Peut-être même qu’il allait sourire.

Un frisson remonta l’échine d’Ellie à cette pensée.

Ouais, non, en fait, mieux valait s’abstenir pour le sourire, rien qu’y penser la faisait flipper.

Elle se permit encore une demi-seconde d’autoflagellation à son encontre, de malédictions envers le ciel, puis elle se résigna. Bien décidée à dire bonjour, merci, au revoir, et continuer sa mission après. Ellie fit un pas en avant et sortit de l’ombre.

- Salut, comme on se retrouve, tu te souviens de moi ? Je t'ai manqué ?

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Alors il y avait bien quelqu'un. Ce quelqu'un sortit de l'ombre, et si l'assassin fut surpris de la personne qui se tenait devant lui, il n'en montra rien.

- Salut, comme on se retrouve, tu te souviens de moi ?

- Oh, ce n'est que toi.

Puis, l'ignorant royalement, Irumi se retourna et se dirigea vers la porte, qu'il ouvrit sans trop de difficulté. Il n'avait pas le temps de s'occuper d'elle. Ellie. Cette fille était étrange. Elle le perturbait, il devait l'avouer. Mais le brun préféra se concentrer sur sa mission. Il devait tuer cet homme au plus vite, après enfin il pourrait s'accorder un temps de repos. D'ailleurs en parlant d'homme, sa future victime avait du être informée que quelqu'un viendrait s'occuper de son cas, puisque tout le rez-de-chaussée était vide, totalement plongé dans le noir.

Sans se démonter, mais commençant à s'agacer de perdre ainsi son temps à chercher, l'assassin se dirigea vers les escaliers, qui les menèrent à une porte fermée. Comme si une simple porte allait l'arrêter... Il ne fallut pas longtemps à Irumi pour se débarrasser de l'obstacle, et trouver la pièce où se cacher l'homme. Il fixa sa proie de ses grands yeux noirs inexpressifs. Et plus Irumi avançait, plus l'homme tremblait, un couteau de cuisine dans la main droite.

- N'... N'approchez pas ! Vous ne me faites pas peur ! Je suis armé, reculez !

Le mercenaire sortit une aiguille de sa poche, prêt à tuer sa cible. Quand il fut suffisamment près de l'homme, il approcha l'aiguille du front de ce dernier, trop apeuré pour faire le moindre mouvement. Il était à deux millimètre de le transpercer, quand...

Irumi venait de la snober. Purement et simplement. Elle aurait probablement dû être vexée, mais Ellie se sentit plutôt soulagée. Pas de confrontation ou de regard-de-la-mort-qui-tue. Du moins, elle l’était jusqu’à ce le Zoldik entre dans la maisonnée.

Woa. Woa. Il foutait quoi là ?

Généralement quand un Zoldik entrait chez quelqu’un, ce n’était pas pour lui apporter une tarte en gui se de bienvenue dans le quartier. Sauf qu’Ellie avait BESOIN des informations que détenait ce type ! Pas le temps de réfléchir, la jeune femme suivit le grand brun, sur ses talons.

Tout le rez-de-chaussée était plongé dans le noir : soit le type dormait, soit il attendait de la visite. Par réflexe elle étendit son nen.

Il y eut un cri, apparemment la bonne solution était la deuxième option et le tueur venait de trouver le pauvre bougre terrifié. Sauf qu’elle en avait besoin vivant, capable de répondre à des questions, et que même mort elle le désirait avec des organes en bon état !

- Att…

Puis elle s’arrêta subitement. Ses yeux prirent une couleur carmine. Un infecté. Ici. Dans cette maison. Elle le sentait grâce à son nen de la manipulation, grâce au nen qui les unissait. Et la seule raison pour laquelle un type infecté par son sang se trouve ici, à observer la scène sans porter secours au pauvre homme….

- C’est un piège.

Elle avait murmuré ces mots, mais elle fut pratiquement certaine qu’il l’avait entendue.

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Un piège ? Il ne manquait plus que cela. Dans un soupire agacé non-dissimulé, Irumi attrapa l'homme, l'attira à lui, manquant de le faire tomber, et le frappa sans utiliser toute sa force, de sorte à seulement l’assommer. Il fit ensuite le tour de la pièce, mais il n'y avait rien de suspect. Il jeta un coup d’œil par la fenêtre. Rien non plus. Il s'approcha d'Ellie, son aura menaçante augmentant au fil de son impatience.

- Comment peux-tu être aussi certaine qu'il s'agisse d'un piège ?

Soudain, un bruit de vase cassé attira son attention. Irumi commençait à perdre patience. Il ne pouvait même plus faire son travail tranquillement. Non, bien sûr, ça aurait été trop beau. Il tourna brusquement le dos à Ellie, et sans laisser le temps à cette dernière de réagir, il écrasa le crâne de l'homme avec la seule force de son pied.

- Un de moins. Mission accomplie. Au suivant.

Il s'approcha d'Ellie, son regard s'attardant sur elle quelques secondes, puis sortit de la pièce, à la recherche de cet intrus. Un témoin ? S'il faisait tout pour garder une expression neutre malgré son regard assassin, intérieurement il bouillonnait. Il ne demandait pas grand chose pourtant. Pour une fois, une pause. Juste, une petite pause. Il tuerait pour ça. Il tuerait volontairement, pour ça.

Au début, elle crût sincèrement qu’il l’avait écoutée, puisque le tueur se contenta d’assommer le vieil homme au lieu de le tuer. Puis il darda son fameux regard sur elle. Et même si Ellie savait qu’il ne pouvait plus la tuer à cause du serment, tout son être n’avait plus qu’une idée en tête : s’enfuir très loin de cette menace.

Il lui demanda comment elle pouvait savoir pour l’autre. Cela signifiait qu’il ne percevait donc pas sa présence : or, Irumi l’avait dénichée elle, à l’aéroport, alors qu’elle était en plein Zetsu –pas qu’elle maitrise la dissimulation de son aura de manière incroyable, mais assez pour survivre. Cela signifiait qu’elle ne pouvait le repérer que grâce à leur « lien de sang ».

Cela pouvait donc signifier deux choses : soit l’inconnu ne maitrisait pas le nen et n’avait même pas une force nécessaire pour avoir une présence. Soit l’ennemi était fort. Très fort, assez fort pour ne pas être repéré par un Zoldik. Peut-être, au mieux, un type spécialisation –avec cet atout comme particularité. Au pire…

Et bien Ellie ne voulait pas imaginer le pire. La manipulatrice s’apprêtait à faire part de ses hypothèses, quand le tueur cessa de lui porter la moindre attention. Il y eut un bruit de vase brisé, et d’un seul coup, le brun écrasa littéralement la tête de sa précédente victime. D’inconscient il passa à trépassé, en une seconde.

- Ah ! Nan mais c’est malin t’en a fait de la bouillie !

La réflexion sortit toute seule et Ellie se rua vers le corps. Merde, merde, merde ! Elle pouvait dire adieux au jeu des questions/réponses maintenant ! Et quelle pagaille, c’était vraiment dégoûtant ! Il aurait au moins pu faire ça proprement le sale cochon ! Elle plaignait la femme de ménage.

D’un geste rapide elle s’écorcha le poignet et fit sortir un filet de sang de son bras. Le liquide oscilla légèrement, puis serpenta jusqu’au mort pour se glisser par la plaie béante.

Il n’y avait plus rien à faire pour la cervelle, mais peut-être qu’en créant une boucle, elle pouvait simuler un semblant de respiration et garder les autres organes en vie ? Au moins sauver les meubles !

Elle avait tellement l’habitude que l’action ne lui prit même pas une seconde. Il n’empêche qu’elle pouvait dire adieu à ses plans. Et tout ça à cause de l’autre lunatique là !

- J’avais besoin des réponses de ce type !

Ce n’était pas une accusation, juste une exclamation agacée. Mieux valait ne pas menacer un type capable de piétiner la tête d’un autre. Ellie s’obligea à ravaler sa colère – Oh que c’était dur, mais l’aura meurtrière qui émanait du Zoldik était une bonne source de motivation. – Et elle finit par s’exclamer :

- Ok. Je vais repérer l’autre. Mais celui-là il est à moi !

Elle n’attendit pas sa réponse et se concentra sur l’appel qui pulsait dans sa poitrine. Son sang, qui réagissait au sien. Aussi efficace qu’une boussole, il ne pouvait pas lui échapper. Aussitôt, elle perçut une chose étrange : le type n’avait pas fui loin d’eux, mais sous eux. Un souterrain ? Elle baissa les yeux et tenta un Gyo : mais rien.

Le vase alors ? Peut-être qu’il s’était cassé lors de l’ouverture d’un passage secret quelconque ?

Elle jeta un regard par-dessus son épaule sur le cadavre du vieux (celui-ci avait la poitrine qui se soulevait artificiellement, dans un simili de respiration, le cœur battant alors qu’il n’avait plus de tête.) Tu parlais d’un banal monsieur tout-le-monde.

La manipulatrice trouva rapidement les débris de vases par terre, à côté d’une trappe –pas de passage secret, quel dommage, ça perdait en originalité. Mais elle la pointa du doigt :

- Là-dessous.

Cela ne faisait aucun doute, elle le sentait palpiter sous ses pieds, un pouls différent du sien. Un pouls, affreusement calme, trop calme pour qu’il soit surpris par la situation.

Le problème c’était qu’Ellie ignorait à qui le piège était destiné, lui, le célèbre Zoldik, ou elle.

Une part d’elle espérait que ce soit le Zoldik (pour ne pas avoir d’ennuis) mais la part logique lui susurrait que si elle rencontrait des gens prêts à affronter la célèbre famille d’assassin, alors elle allait faire face à quelqu’un de bien au dessus de son niveau. Alors, elle souhaitait plutôt que les types soient des petits bandits de pacotilles venus arrêter la voleuses d’organes occasionnelle qu’elle était.

Par mesure de précaution, elle envoya à Irumi :

- Avant d’y aller, j’aimerais éclaircir quelques détails.

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Irumi avait quitté la pièce où se trouvait la jeune femme et le corps, désormais sans tête, de sa victime, et en trois ou quatre pas seulement, il se retrouva face à une autre porte, qu'il ouvrit aisément. Il jeta un coup d’œil dans ce qui semblait avoir été la chambre du propriétaire des lieux, mais ne remarqua une fois encore rien de suspect. Il sentait qu'Ellie de son côté ne restait pas sans rien faire, et pendant quelques secondes, il se surprit à se demander ce qu'elle pouvait bien faire ici. Mais bien vite, il ne s'en préoccupa plus, se contentant de rejoindre la pièce d'où était survenu le bruit, se retrouvant à suivre la jeune femme qui se hâtait presque, sûre d'elle.

Quand ils arrivèrent jusqu'au vase brisé, Irumi n'eut pas le temps d'analyser la pièce que déjà l'autre lui montrait quelque chose du doigt.

- Là-dessous.

Comment avait-elle pu repérer aussi vite ce que lui n'avait même pas eu le temps d'au moins apercevoir ? Prêt à se défendre en cas d'attaque surprise, l'assassin s'arma de ses aiguilles. Il s'approcha avec précaution de l'endroit désigné ; il s'agissait d'une... Trappe ? L'assassin l'effleura des doigts avec une lenteur calculée. Puis, ne sentant rien - aucun nen n'était activé pour la protéger - il se décida à l'ouvrir. Mais à peine eut-il fait ce geste que la voix d'Ellie l'arrêta.

- Avant d’y aller, j’aimerais éclaircir quelques détails.

L'homme aux longs cheveux noirs se redressa donc, lentement, dangereusement. Il voulait bien admettre avoir fait une erreur impardonnable en n'ayant pas été plus méfiant. Mais désormais, la source de son problème - car oui, cette personne qui l'empêchait de partir sereinement de sa mission, devenait automatiquement son problème - se trouvait tout près de lui. Peut-être même à seulement quelques mètres. Et cette femme - bon sang, cette femme, elle n'avait donc rien de mieux à faire que de l'emmerder ? - voulait lui faire croire qu'elle avait quelque chose à lui dire ? Avait-il donc seulement la tête de quelqu'un avec qui on peut discuter, avec qui on peut "éclaircir quelques détails" ? Il lui laissa la parole, jouant dans un même temps avec ses aiguilles, comme pour lui faire comprendre que là, à ce moment précis, il ne la voyait que comme une gêne de plus, un putain d'obstacle sur sa route.

- Sois brève, je t'écoute.

Sa voix était froide, tranchante, mais surtout trop calme. En apparence, il renvoyait bien l'image habituel du Zoldik sans expressions, sans sentiments. Mais intérieurement, l'assassin se jura que ce qu'elle avait à dire avait intérêt à être important. Sinon, il ne répondrait plus de rien, il en était désormais certain.

Décidément, les Zoldik devaient avoir un doctorat en « snobisme » et en « autoritarisme ». Son injonction avait plus l’air d’une menace de mort qu’autre chose.

Il veut que je sois brève ? Et bien je vais être brève et le laisser foncer dans le mur, je vais peut-être même appuyer sur l’accélérateur, histoire qu’il se le mange bien.

Bien entendu, elle ne pouvait pas faire ça, même si elle en mourait d’envie. Alors elle se força à souffler, puis inspirer sereinement. Voilà, comme disait Cornell : on expire la colère pour ne récupérer que de la sagesse.

Ou alors je fais la technique du mal de crâne, j’imagine ce Zoldik en vache et je le bute.

Sa méthode fonctionna plus que celle de son tuteur et elle put enfin reprendre un semblant de calme –et même son humour, enfin, plutôt son envie de rire. Voilà, ça ne servait à rien l’orgueil quand on est mort, alors autant être intelligente et partager ses informations pour éviter de finir dans la tombe. Elle aimait le risque, mais pas l’inconscience.

- Je sais qu’il y a un type, là-dessous, ça c’est certain. Mais je n’ai aucun moyen de savoir s’il y en a plus d’un. Tu sais à quoi ressemble mon « don ». Il se trouve que le type en a profité, c’est la raison pour laquelle je peux le sentir.

Elle s’arrêta, essayant d’être la plus évasive possible concernant ses capacités, au cas où le type pouvait les entendre. Mais en même temps il fallait qu’Irumi comprenne et il n’avait eu qu’un aperçu de son pouvoir…Elle espérait que ça suffisait.

- Ce n’était pas un serment comme avec toi, donc je n’ai aucune idée de son don à lui. Le fait que tu ne le sentes pas signifie deux choses, soit qu’il n’a aucune présence et donc n’est pas dangereux…Soit le contraire puissance max. Tu me suis ?

Elle n’attendit pas la réponse et pointa du doigt le cadavre.

- J’étais ici pour poser des questions à ce type. Personne ne pouvait savoir pour mes intentions, parce que moi-même j’ai décidé de le visiter lui, en premier, ce soir, pas plus tard qu’il y a une heure. Et même si c’était le cas, alors ce serait juste du menu fretin…

Cette fois elle leva les yeux vers le Zoldik, puis soutint son regard –cette fois, elle savait qu’il ne pouvait pas la tuer, elle avait donc moins peur de son regard vide.

- Donc ma question est, est-ce que celui qui t’a demandé d’intervenir ici est dangereux, savait-il où et quand ? Peut-il, oui ou non être une menace ?

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Irumi serrait les dents. Il écoutait d'une oreille les propos de la jeune femme. A vrai dire, il était pressé qu'elle la boucle, pour aller défoncer l'autre enquiquineur. Cependant, il retint qu'elle ne lui avait pas tout dit concernant son Nen, qu'en réalité, il avait encore beaucoup à apprendre dessus. Cela attisa un instant la curiosité de l'assassin, avant que la colère ne resurgisse en lui.

- Le fait que tu ne le sentes pas signifie deux choses, soit qu’il n’a aucune présence et donc n’est pas dangereux… Soit le contraire puissance max. Tu me suis ?

Il haussa un sourcil quand Ellie sous-entendit que le Zoldik pouvait être trop faible. Il était fort peu probable qu'Irumi n'ait pas senti la présence de l'intrus parce que celui-ci était plus puissant que lui. Après tout, l'assassin avait été entraîné à ce genre de choses. Il n'avait pas passé son enfance à se faire torturer, à endurer mille et une souffrance, pour ne pas être capable de repérer un utilisateur de Nen plus puissant que lui. Et s'il avait jugé son adversaire véritablement plus fort que lui, il ne serait pas là à le chercher. Et l'autre qui lui demandait s'il voyait où elle voulait en venir, comme s'il était trop stupide pour comprendre. Elle le prenait de haut, et cela l'agaçait au plus haut point.

- J’étais ici pour poser des questions à ce type. Personne ne pouvait savoir pour mes intentions, parce que moi-même j’ai décidé de le visiter lui, en premier, ce soir, pas plus tard qu’il y a une heure. Et même si c’était le cas, alors ce serait juste du menu fretin…

Pourquoi lui disait-elle donc tout cela ? Il n'en avait absolument rien à faire de la raison qui l'avait emmenée ici. Lui se contentait d'accomplir sa mission, quand elle l'a interrompu. En y pensant, cela lui offrait une raison suffisante pour la tuer...

"Non, non. Pas tout de suite. Son Nen est si intéressant. Je dois attendre. Oh Hisoka, regarde l'influence que tu as sur moi, saleté de clown..."

Quoi qu'Ellie pouvait dire, aux yeux du Zoldik, le problème était réglé. L'individu était soit là pour des raisons similaires aux siennes, soit il était un ami qui avait des problèmes et devait être caché. Irumi irait le vérifier, le tuer, et cette histoire serait terminée. Mais non, évidemment, bien sûr que non, ce n'était pas fini. La jeune femme continuait de parler, encore, encore. Ne s'arrêtait-elle donc jamais ? Quand il recroisa son regard, le sang de l'assassin ne fit qu'un tour, il se mit à bouillonner, tandis que le brun ne pensait qu'à une chose : lui sauter dessus pour enlever cette expression de supériorité de son visage et la remplacer par une expression différente... De terreur, de douleur, ou bien même les deux. Il hésitait encore... Et elle, alors même que le regard du Zoldik se faisait plus noir, plus menaçant, tellement dangereux, elle osait soutenir son regard.

- Donc ma question est, est-ce que celui qui t’a demandé d’intervenir ici est dangereux, savait-il où et quand ? Peut-il, oui ou non être une menace ?

Cette impertinence, Irumi ne la supportait plus. Il s'approcha de la jeune femme, jusqu'à n'être qu'à quelques centimètres d'elle, et lui répondit dans un murmure :

- La chose que je peux te dire, c'est qu'en ce moment même, l'envie de te tuer ne me manque absolument pas.

Il marqua une petite pause, comme pour laisser à Ellie le temps d'assimiler ce qui se passait, avant de reprendre :

- Tu parles trop. Tu m'agaces. Peut-être devrais-je utiliser mes aiguilles pour fermer ta jolie petite bouche ? Et ton regard est si insolent. Peut-être devrais-je te crever les yeux pour ne plus voir ça ?

Toujours aussi proche de la jeune femme, Irumi se mordit la lèvre inférieure, se retenant de faire quoi que ce soit qu'il pourrait regretter par la suite. C'est alors qu'il remarqua que sa main droite était venue enserrer le cou d'Ellie. Il ne s'en était même pas rendu compte. Il la retira vivement, et s'éloigna un peu, permettant ainsi à Ellie de respirer à nouveau normalement. Tentant de se reprendre, et de prendre surtout sur lui pour se contenir, l'assassin se décida à faire avancer les choses.

- Je ne peux rien te dire concernant mon client. Je pense que cela, tu l'as bien compris. Sache que personne n'ira s'attaquer à un Zoldik, sans savoir ce qui l'attend. Si cet individu qui se cache était dangereux, il ne resterait pas planqué ici à nous attendre. Sauf s'il nous prépare un piège. Ce dont je doute fort. De plus, pour répondre à ta question... Non, mon client ne représente absolument pas un danger. Il n'est pas assez influent pour cela, et ne maîtrise pas non plus le Nen. Mon hypothèse en revanche, est la suivante : soit l'homme était ici pour tuer ma proie, et a pris peur en me sentant arriver ; soit l'homme avait un lien avec ma victime. Lequel, je ne sais pas. Et à vrai dire, je m'en fiche. Je pense qu'il se cache, mais ni de moi, ni de toi. Il doit attendre quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui le recherche et qui n'est pas encore arrivé. Et je suis d'avis que ce quelqu'un sera plus dangereux, que l'autre en bas.

Ayant repris à peu près son calme, Irumi attendit que la jeune femme encaisse, avant d'en finir avec cette discussion, inutile selon lui.

- Donc. Allons-nous débattre encore longtemps sur le sujet, ou pouvons-nous aller nous débarrasser du problème, une fois pour toutes ?

Ellie marqua une pause quand ce dernier se montra visiblement agacé par ses précautions –EXCUSEZ-MOI MOSIEUR-JE-SUIZ1ZOLDICK, d’être prudente et précautionneuse, la dernière fois qu’elle ne l’avait pas été elle s’était juste retrouvée coincée dans une chambre d’hôtel avec lui. Désolée d’apprendre de ses erreurs. Hein. Elle fit un gros effort pour ne pas réagir quand il leva les yeux aux ciels. Elle était une personne raisonnable, compréhensible, qui savait prendre sur elle et garder son sang-froid et ceci n’était qu’une épreuve pour le prouver.

Bon, ce n’est pas grave, tu inspires, tu expires, tu te calmes, tu prends sur toi. C’est ta faute, tu l’as pris de haut. Expire la colère, inspire la sérénité comme disait Cornell. Tu vas buter quelqu’un…

Oui mais en fait non.

Lui de préférence, après tout, tu en as le pouvoir, il a TON sang dans les veines Ellie. Tu as plus de pouvoir sur lui qu’il n’en a sur toi. Tu es plus forte et raisonnable que lui, alors tu te calmes.

A ce moment précis, le Zoldik, lui, perdit son sang-froid. (Ah, quand elle disait qu’elle était plus forte et patiente, il avait cédé le preums ! C’était donc une victoire pour elle, non ?).

- La chose que je peux te dire, c'est qu'en ce moment même, l'envie de te tuer ne me manque absolument pas.

Allelujah ! Ils étaient donc sur la même longueur d’onde pour la première fois de la soirée. Peut-être qu’ils allaient réussir à s’entendre dans leur envie de mutuellement se buter. Dans les yaoi ça se finissait par un plaquage sur le mur en règle et un bon petit viol pour transformer toutes ces frustrations meurtrières en sexuelles.

- Tu parles trop. Tu m'agaces. Peut-être devrais-je utiliser mes aiguilles pour fermer ta jolie petite bouche ? Et ton regard est si insolent. Peut-être devrais-je te crever les yeux pour ne plus voir ça ?

Ok, il semblerait que les dieux ne l’écoutaient jamais quand elle leur demandait de ne pas faire quelque chose, mais obéissaient toujours quand elle délirait. Ce qu’elle disait sur le yaoi plus haut, c’était une blague. Le karma n’avait décidément aucun humour.

Ellie essaya de répliquer mais il apposa sa main sur son cou et lui coupa la respiration. Alors que jusqu’à présent elle stagnait dans un mélange de fureur et de frustration, elle retrouva bien vite la sensation de morgue mêlée de peur qui l’avait saisie lors de leur premier face à face.

Mais cette fois c’était différent, songea-t-elle, le cœur battant. Elle n’était pas sans défense face à lui. Qu’il essaye donc de la blesser délibérément, de la tuer, le serment passé entre eux le tuerait aussitôt.

Je suis en position de force et il ne le sait pas, se répéta-t-elle en boucle. Je gagne.

L’idée de gagner avec un piercing aux lèvres et les yeux crevés ne l’enchantait pas, tout de même. Alors elle se contenta de le fixer, de soutenir son regard, pour lui montrer qu’elle ne le craignait pas. Son regard noir avait quelque chose d’animal, dans leur inexpressivité. On ne savait jamais ce que songeait une bête féroce pendant qu’elle nous fixait. Alors elle agissait de la même façon que conseillé dans ce genre de situation. Ne pas bouger, ne pas fuir, soutenir le regard, montrer que l’on a pas peur…

Et au pire faire le mort. Comme l’opossum.

C’est bien un opossum.

Finalement elle n’eut pas besoin d’en venir à cette extrémité, il la relâcha de lui-même et se retourna pour la prendre bien de haut dans ses explications. Bon, sa faute, apparemment, elle l’avait pris de haut en premier. Un point partout donc. Quel match de tennis passionnant. Elle n’était cependant pas prête à demander la belle.

- Je ne peux rien te dire concernant mon client. Je pense que cela, tu l'as bien compris. Sache que personne n'ira s'attaquer à un Zoldik, sans savoir ce qui l'attend. Si cet individu qui se cache était dangereux, il ne resterait pas planqué ici à nous attendre. Sauf s'il nous prépare un piège. Ce dont je doute fort. De plus, pour répondre à ta question... Non, mon client ne représente absolument pas un danger. Il n'est pas assez influent pour cela, et ne maîtrise pas non plus le Nen. Mon hypothèse en revanche, est la suivante : soit l'homme était ici pour tuer ma proie, et a pris peur en me sentant arriver ; soit l'homme avait un lien avec ma victime. Lequel, je ne sais pas. Et à vrai dire, je m'en fiche. Je pense qu'il se cache, mais ni de moi, ni de toi. Il doit attendre quelqu'un d'autre. Quelqu'un qui le recherche et qui n'est pas encore arrivé. Et je suis d'avis que ce quelqu'un sera plus dangereux, que l'autre en bas.

Bien, il ne voulait pas en parler…BIEEEEN. Grand BIEN lui fasse. Elle avait fait son boulot, qu’il descende donc et se fasse buter, elle n’en avait rien à cirer. Ah mais non qu’elle était bête, un Zoldik ça ne meurt pas, c’est pas humain, ça risque rien ; hein. Mais oui.

Elle allait demander à s’inscrire dans la famille puisque c’était le seul moyen d’obtenir l’invincibilité en ce monde apparemment !

Enfin bon, il faisait ce qu’il voulait, après tout, c’était son problème –il l’avait dit clairement-. Elle, elle le suivait juste pour obtenir les réponses qui lui manquaient. D’un coup de pied elle ouvrit la trappe et s’inclina :

- -Et bien, les…

Les femmes ? Les prétentieux ? Les invincibles ? Non, elle tenait à rester sans piercing.

- -Zoldik d’abord.

Mais elle songea très fort « j’espère qu’il y a une grosse bombe sur laquelle tu vas foutre tes gros pieds. Voilà. »

Respire, Ellie, inspire, expire, la technique de Cornell. Garder son calme ne pas sortir la réparti qui va énerver tout le monde, voilà tu es devenue une adulte équilibrée maintenant. Puis de toute façon il ne peut pas savoir que tu l’imagines en grosse vache.

Oui c’était très mâture, mais chacun gérait l’humiliation et la frustration comme il pouvait, et elle n’avait aucun bandit à buter à portée de main actuellement, alors elle faisait avec les moyens du bord.

Au moins, essaya-t-elle de se tempérer, il disait « nous » quand il parlait d’entrer dans la cave et finir la mission. Ce qui impliquait qu’elle avait une chance de récupérer le cadavre en pas trop mauvais état.

Elle analysa ses chances, d’un côté, elle avait un cadavre qu’elle ne conservait que pour ses organes : le faire marcher ne la fatiguait pas trop. Elle lui fit un signe et il se redressa pour venir lui servir de rempart de chaire au cas où. En dessous de ses pieds, l’autre n’avait pas bougé. Cela sentait définitivement le piège pour elle, mais soit. Mosieur Zoldik n’avait pas peur des pièges. Bien. Au pire, elle, il lui suffisait d’un contact avec celui qui contenait son sang pour gagner –elle espérait juste qu’il n’y avait que lui au sous-sol. Dans tous les cas, les réponses à ses questions se trouvaient sous terre. Alors Irumi ou pas, elle y allait.

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- Et bien, les... Zoldik d'abord.

D'un coup de pied, Irumi fracassa la trappe. Bon, question discrétion, on avait vu mieux. Certes. Mais à l'heure actuelle, l'assassin pensait à tout sauf à être discret. Il voulait en finir rapidement. Il saisit Ellie par les hanches, et sans lui laisser le temps de réagir, la fit passer par la trappe.

- Excuse-moi, tu disais ?

Comme s'il allait prendre le risque de passer en premier. Impatient, énervé, mais pas complètement fou. Du moins, pas encore. Il rejoint la jeune femme après s'être assuré qu'elle n'avait rien - non pas qu'il en avait quelque chose à faire, mais plutôt pour constater si suite à cela, elle s'était faite ou non attaquée.

Apparemment, non. D'un côté, cela rassura Irumi - bien que rassurer étant un bien grand mot - car ainsi, il pourrait s'occuper personnellement de la jeune femme, plus tard.

Le sous-sol dans lequel ils se trouvaient permettait largement de marcher debout, et ressemblait nettement à un couloir. Ce dernier était sombre, éclairé seulement par deux ou trois lumières accrochées aux murs, à des distances relativement bien éloignées. D'ailleurs, en regardant sur sa gauche, Irumi aperçut une porte au loin. Sur sa droite, un tableau était posé par terre. Trop poussiéreux pour que l'on puisse juger de sa valeur, et pour le coup Irumi n'en avait que faire de cette oeuvre. En face, rien. Juste un mur.

- Passe devant.

Il poussa Ellie et la força à marcher devant lui, le couloir étant trop étroit pour marcher l'un à côté de l'autre. Techniquement, il ne la forçait pas réellement. Il ne la menaçait pas de ses aiguilles, et ne la maintenait pas non plus fermement afin de l'empêcher de se retourner. Qu'elle soit d'accord avec cette situation ou non, la jeune femme semblait pourtant accepter d'ouvrir la marche.

D'un pas pressé, ils finirent pas atteindre la porte. Il s'agissait d'une porte simple, en bois, et aucun Nen ne semblait l'avoir piégée. Irumi sortit ses aiguilles et fit signe à Ellie d'ouvrir la porte, lui montrant qu'il l'a couvrirait en cas de danger - sauf s'il jugeait préférable de fuir, évidemment. De l'autre côté, aucun bruit. Prêt à bondir sur l'individu qui se cachait forcément là, prêt à le faire saigner, prêt à le réduire en bouillie, l'assassin attendit que la jeune femme se lance.

Ellie ne vit absolument pas le coup venir et le type l’empoigna par les hanches (Hey, d’habitude on la payait pour avoir ce droit !) Avant de la balancer sans vergogne dans la trappe. Apparemment il n’y avait pas de dispositif explosif –Lucky- qui l’attendait car le seul bruit de casse qui retentit fut celui de son pauvre bassin. Parce qu’évidemment elle atterrit sur les fesses. Nooon, elle ne pouvait pas être de celle qui, tel un chat, retombaient toujours sur leurs pattes avec grâce et habileté.

Mais comme on dit au baseball, c’est de la faute du lanceur.
Elle se releva en se frottant le bas du dos et en grommelant, maudissant ce foutu zozo qui se servait d’elle comme d’un cochonnet à la pétanque. Elle savait que la galanterie disait « les femmes d’abord », mais elle doutait que le brun soit doté d’une telle qualité. Malheureusement, il lui semblait de plus en plus évident que le Zoldik était lunatique, capricieux, dangereux, mais malin. Un combo mortel pour elle. (Même si elle s’en plaignait, Ellie appréciait la stupidité des sbires).

Par mesure de précaution elle sortit ses fils d’aciers qui s’enroulaient autour de ses bras, et elle les recouvrit de son nen sanglant pour pouvoir en prendre le contrôle. Voilà, si jamais il lui prenait envie de la rebalancer quelque part, elle pourrait au moins s’accrocher à lui pour qu’il tombe aussi.

« Tu disais ? »

En parlant du loup, le tueur descendit à son tour et la rejoignit, manifestement très peu complexé de s’être servie d’elle. Il lui envoya même une touche d’humour qui la surprit. « Comment, il savait proférer autre chose que des menaces ? » s’il ne l’avait pas tout juste jetée du haut d’une trappe, elle aurait peut-être dis qu’ils venaient de trouver un terrain d’entente. Mais en l’occurrence elle se contenta de grommeler tout bas :

« Rien ; de toute évidence même quand je le fais on ne m’écoute pas. »

La jeune femme avait conscience de dire beaucoup de bêtises et de mensonges, mais ma foi, elle appréciait que les rares fois où elle s’abstenait, on en prenne compte.

Irumi ne la menaça pas, ni ne lui mit un couteau sous la gorge pour la forcer à prendre la tête, mais c’était tout comme. Le couloir s’avérait trop étroit pour entrer autrement qu’à la queue-leu-leu et bien évidemment, il ne bougea pas avant qu’elle ne prenne la tête.

Soit, se dit Ellie, elle serait peut-être la première à trinquer en cas d’attaque –parce que ce couloir était parfait pour une attaque surprise du genre BOULE DE FEU WAZAAA- mais elle serait également la première à voir l’ennemi. Et elle avait compris que le seul moyen pour elle de voir son boulot bien fait et d’obtenir les réponses qu’elle désirait : c’était encore de prendre le Zozo de vitesse. Un pari risqué, certes, mais elle se sentait prête à le tenter.

Par mesure de précaution –elle ne désirait pas être prise en tenaille- elle laissa le cadavre ambulant de la première victime d’Irumi à l’entrée de la trappe. Il pourrait alors la prévenir si jamais le pire se produisait.

Le corridor souterrain n’avait rien de bien avenant, étroit et mal éclairé à cause de l’absence de torches à intervalles réguliers. En plus tout en pierre grise et froide. Un jour, se dit Ellie, j’aimerais rencontrer un ennemi qui a du papier peint rose aux murs et des peluches mignonnes sur des étagères. Être glauque et vilain, c’était tellement banal. La jeune femme fit tout de même l’effort de retenir tout ce qu’elle croisait, au cas où cela se révélait important : un exercice qu’elle s’imposait depuis toute petite déjà. Même ce tableau couvert de poussière pouvait avoir son importance. D’ailleurs, elle fit glisser son fil sanglant jusqu’à lui et le força à s’y attacher.

Voilà si jamais le type décidait de lancer une boule de feu, en s’en servant comme d’un bouclier –entouré de nen- elle pourrait peut-être en réchapper. Et si l’ennemi venait de derrière elle pourrait le prendre en sandwich avec. Elle préférait tout prévoir.

Ils marchèrent d’un pas pressé –imposé par Irumi derrière-elle. Elle aurait aimé prendre plus son temps et tester chaque dalle –pour éviter de finir en bouillie d’Ellie sur les murs (même si elle se plaignait de la déco, elle ne se sentait pas prête à y mettre du sien pour la refaire avec ses entrailles.) Mais elle commençait à comprendre qu’on ne discutait pas avec le Zoldik. Puis Ellie n’aimait pas avoir un homme dans son dos comme ça –bien que le tueur lui avait prouvé être particulièrement naïf dans ce domaine la dernière fois.

Ils finirent par arriver devant une porte –impossible de la manquer, elle était au bout du bout et arrêtait le couloir.

Le zoldik lui fit signe d’ouvrir et d’entrer en première –mais bien sûr, et c’était lui qui ne craignait rien ni personne !- et il sortit ses aiguilles. Seulement impossible de dire s’il s’agissait d’un message de soutien ou d’une menace. Elle préférait largement le « Entre et je tue le type qui t’attaque » que le « Entre ou je te tue ».

Ellie le sentait, cet intrus, derrière. Avec leur « lien » sanglant, elle savait qu’il se trouvait là. Elle souhaitait juste qu’il soit tout seul. Après une inspiration et avoir resserré sa prise sur le tableau au loin, la jeune femme décida de se lancer.

« Sois rapide, et agile, pas comme tout à l’heure. »

Avant de tourner la poignée, elle corrigea sa pensée :

« Et si tu veux vraiment atterrir sur les fesses, fais-le après avoir maîtrisé tout le monde. »

Ses instructions mentales finies, elle était prête.

Bien évidemment la porte grinça –oui, les méchants ne huilaient jamais leurs portes. Discrétion foutue. Dès qu’elle perçut le bruit, Ellie bondit en avant. Grand bien lui fasse, elle sentit quelque chose lui frôler le dos –quelque chose recouvert de nen- mais elle ne prit pas le temps de s’inquiéter de ce dont il s’agissait. Elle roula en avant et se redressa.

Deux hommes.
Ok. Elle avait déjà vécu pire.

Elle repéra aussitôt celui dont elle partageait le sang – comment aurait-elle pu le louper, il lui semblait qu’il incarnait une autre part d’elle-même. Elle se rua vers lui, sauta, se servit de ses épaules comme d’un tremplin pour lui passer au dessus et son contact activa sa technique.

Le sang sortit par tous les orifices du pauvre homme. Le temps qu’elle touche le sol, elle l’avait dépossédé de plus de deux litres et s’en servit comme d’une lance pour établir un périmètre de sécurité. Sa victime –toujours vivante mais en état d’anémie, s’effondra par terre. D’un geste vif, Ellie obligea le tableau à venir vers eux et elle le sentit heurter une pauvre tête sur son passage –mais elle ne vit pas bien qui.

Elle se permit alors de voir comment s’en sortait Irumi. Tout était beaucoup trop facile jusqu’à maintenant, et elle avait senti du nen en entrant, cela ne pouvait pas s’achever si vite, non ?

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Quand Ellie ouvrit la porte, tout se passa très vite. Irumi la vit foncer sur l'un des deux hommes présents dans la pièce, et à peine eut-elle frôler l'ennemi que le sang de celui-ci jaillit de part et d'autre de son corps. Avec le sang de l'homme à terre - il devait avoir perdu facilement quelques litres de sang en peu de temps - l'assassin vit son alliée se fabriquer une lance. Son Nen était décidément des plus intéressant. Mais le mercenaire n'avait pas vraiment le temps de continuer son analyse, après tout ils n'avaient pas un mais deux ennemis.

En effet, pendant qu'Ellie attaquait le premier homme, le seconde tenta de courir jusqu'à Irumi, qui vit du coin de l'oeil que quelque chose fonçait dans son dos ; d'un geste rapide et mesuré, il s'écarta à temps pour apercevoir un tableau - le tableau poussiéreux qu'il avait vu quelques minutes plus tôt - s'écraser sur son ennemi. Sous le choc, l'homme recula de quelques pas, jusqu'à être au milieu de la pièce, entre Ellie et le Zoldik.

Tandis qu'Irumi marchait lentement vers l'ennemi - toujours ses aiguilles dans les mains, et sans faire attention au regard d'Ellie posé sur lui - ce dernier reprit tant bien que mal ses esprits, et s'exclama d'une voix forte, claire, et peut-être même légèrement effrayée :

- Je sais qui tu es ! N'approche pas, saleté de Zoldik !

- Moi aussi, je sais qui tu es.

Irumi avait refusé d'avouer à Ellie qu'il savait qu'un Hunter était présent dans cette pièce, pour la simple et bonne raison qu'elle n'aurait sans doute jamais accepté qu'il tue quelqu'un de bien.

- Ne fais pas le malin avec moi. Je suis ici pour t'arrêter. Tu es un danger et-

Une première aiguille transperça l'épaule du Hunter. Une seconde vint prendre place dans son genou. Les lèvres d'Irumi s'étaient étirées en un sourire étrange. Mauvais, effrayant, carrément malsain. Tout comme son aura, noire et dérangeante, qui s'étendait dans toute la pièce. L'homme était désormais à terre, les yeux écarquillés, n'ayant même pas eu le temps de réagir aux attaques du mercenaire. Irumi s'avança tranquillement vers lui, puis s'accroupit près du corps.

- Tu parles trop. Que dirais-tu de la fermer, une bonne fois pour toutes ?

Et sans même laisser au Hunter le temps de comprendre ce qu'il lui arrivait, Irumi l'attrapa par le cou et d'un geste vif, il cloua les lèvres de son ennemi avec ses aiguilles. Puis il le regarda sombrer vers l'autre monde, le corps convulsant, les yeux exorbités. Les premières aiguilles qu'il lui avait plantées contenaient un fort paralysant, tandis que celles qui maintenaient ses lèvres fermées étaient enduites d'un poison mortel mais pas seulement : avec son nen, en plus de les avoir empoisonnées, il avait fait en sorte que la mort qui attendait leur victime soit longue et douloureuse.

- Tous des faibles, ces Hunter.

Avant de se relever, Irumi fouilla un instant les poches de l'homme à terre, mourant lentement sous ses yeux, et récupéra argent et carte de Hunter.

- Tu n'auras plus besoin de ceci, désormais.

Le mercenaire se releva et fit craquer ses doigts les uns après les autres. Il n'était pas peu fier de lui. Il avait tout de même réussi à se contrôler, n'avait pas réduit en bouillie l'autre homme, et lui accordait une mort pas si terrible que cela - enfin, tout était relatif...

Ellie reprit son souffle. Apparemment, c’était bel et bien fini. Pas de quoi se monter le bourrichon comme elle l’avait fait au final. C’en devenait presque décevant. D’un geste elle ramena son lien ensanglanté vers elle et celui-ci s’enroula autour de son bras comme un serpent bien dressé –prêt à l’emploi au cas où il reprendrait au Zoldik de jouer au jet d’Ellie. Elle garda aussi sa lance de sang mais prit garde à rester près de sa proie.

- Ne fais pas le malin avec moi. Je suis ici pour t'arrêter. Tu es un danger et-

Apparemment l’autre type se la jouait pléonasme. N’importe qui, même les non-initiés au Nen devaient savoir que les Zoldik étaient des dangers publics !

Le tueur se fit d’ailleurs un plaisir à jouer avec sa victime. Et de toute évidence il lui avait MENTI. Il savait très bien de qui il parlait. Dommage que le tableau ait heurté l’ennemi plutôt que le Zoldik. Enfin la vie était ainsi faite. Au moins, elle s’en sortait indemne, cela ne l’empêcha pas de siffler.

-Je vois, on ne dit rien à celle qui passe en première ligne, même quand elle demande. J’ai gaspillé de ma salive avec mes plans. Mes joooolies lèvres comme tu disais.

Quand l’autre eu fini de jouer avec sa victime (cela devait être un grand timide en fait : il tapait beaucoup plus qu’il ne posait de question), Ellie avait plus ou moins saisi que le type était un Hunter et qu’il y avait un passé entre lui et le Zoldik. Enfin, l’intérêt du passé, c’était bien que c’était passé. Et avec le cadavre abandonné, certainement empoisonné vu comment il se tortillait sur le sol. Encore de beaux organes en pleine santé foutus.

Du vrai travail de cochon.

-Dommage ses organes auraient pu être utiles… Marmonna-t-elle, déçue.

Peut-être pas à son frère mais à d’autres. Enfin, Irumi eut la présence d’esprit de fouiller le corps et récupérer carte t argent –il avait bien raison, un mort n’en avait pas besoin comme un vivant !

En parlant de vivants : elle avait toujours celui anémique au sol. Ellie s’agenouilla pour le fouiller – peut-être qu’il avait une carte de Hunter lui aussi ? Se serait amusant, elle pourrait revenir voir Cornell pour la lui montrer et lui faire croire qu’elle avait réussi l’examen.

Malheureusement le sien semblait n’avoir que des capsules de bouteilles dans ses poches. Bien sa veine, tomber sur un collectionneur d’ordures. Elle décida donc de le réveiller : d’abord, elle le ficela bien avec sa corde ensanglanté. Puis d’un mouvement sec du poignet, elle lui renvoya son sang dans les veines – juste assez pour qu’il reprenne conscience, elle ne désirait pas le voir l’attaquer d’un coup. Ce dernier reprit légèrement des couleurs, puis papillonna des cils.

Avant de piquer du nez à nouveau.

Ellie lui envoya son pied dans la figure histoire de le réveiller plus efficacement.

-Ok, j’ai perdu assez de temps comme ça, debout où mon pied tu vas le recevoir ailleurs !

La menace, ça marche bien. Il se mit aussitôt bien droit, comme au garde-à-vous. Mais il fixait le Zoldik avec suspicion. Apparemment, elle était invisible, ou insignifiante. Aucun terme ne lui convenait en tout cas. Elle lui chopa la mâchoire et l’obligea à se tourner vers elle.

-T’es gentil, mais tu me regardes moi. J’ai des questions à te poser, et je veux les réponses.
-Tu travailles avec les Zoldik.

Travailler n’était pas vraiment le mot qu’elle aurait employé…Elle haussa des épaules :

-Oui oui, pas bien méchante moi. Aaaah, je suis tellement désolée je m’en veux. Voilà tu as mes excuses je recommencerai plus, maintenant tu es prêt à répondre où il va falloir que je te fasse mal ?

Silence. De toute évidence il voulait avoir mal. Ou alors il n’avait pas compris l’ironie. Ou alors il n’avait aucun humour. Ellie grommela contre les masochistes et s’assit donc devant lui.

-Je peux te tuer dans d’atroces souffrances tu sais ?

Elle fit un mouvement de poignet et le type écarquilla des yeux quand du sang commença à lui couler d’une narine pour venir flotter dans les airs en un arc de cercle parfait pour revenir dans son autre narine. Son regard oscilla entre Ellie, son sang, et le Zoldik (comme s’il était lui aussi responsable de ce qui lui arrivait). Elle claqua des doigts et le liquide se mit à bouillonner comme sous pression, de grosses cloques explosant à la surface comme du magma en fusion.

Si elle lui infligeait ceci, elle allait le sentir passer, son sang se mettrait également à chauffer –pas au point de la tuer, mais assez pour être douloureux, mais Ellie avait appris à surmonter les petites douleurs. La jeune femme se permit donc un sourire sadique vers sa victime et elle lui envoya :

-Tu veux vraiment avoir ça dans tes veines ?

D’habitude ça suffisait à dissuader la plupart des gens, mais le jeune homme resta stoïque, le regard vissé sur le Zoldik. (Il lui foutait en l’air son plan à être là, il pouvait pas déguerpir ?). Bien. Elle ne bluffait jamais là-dessus. Elle claqua de nouveau des doigts et activa sa technique. Le garçon se raidit et se recroquevilla. Elle-même eut aussitôt très chaud, mais elle fit mine de rien et se releva lentement.

-Mes questions : Qui est derrière tout ça, que faites-vous des organes que vous volez, si vous les vendez au marché noir je veux la liste des clients.

Elle lui tourna le dos pour le laisser seul avec la douleur et réfléchir à ses priorités, puis s’avança vers le Zoldik. Elle aurait aimé pouvoir lui dire ses quatre vérités, mais de un, il risquait de s’énerver et la buter, de deux, elle avait trop mal pour faire des efforts vains. A la place elle s’appuya, dos contre le mur, face à lui et essaya de lui lancer avec morgue :

-Si tu as des questions, vas-y aussi, ne sois pas timide, te gêne pas. D’ici quelques minutes, lui, il devrait devenir bavard.

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Irumi assistait à la scène, sans un mot. L'homme n'avait cessé de le fixer tandis qu'Ellie s'occupait de lui... A croire que les femmes ne lui faisait pas peur. L'assassin esquissa un sourire à cette pensée ; la jeune femme à ses côtés n'avait décidément rien d'ordinaire, et il aurait mieux valu pour leur ennemi qu'il s'en rende compte plus tôt.

- Tu veux vraiment avoir ça dans tes veines ?

A peine ces mots sortirent de la bouche d'Ellie que le corps de l'homme se recroquevilla sur lui-même, la douleur semblait lui être insupportable. Et bien, il n'avait qu'à parler, plutôt que de le fixer ainsi. Mais alors que son regard allait passer à la jeune femme, l'assassin fronça les sourcils. Une minute. Cet homme... Il l'avait déjà vu quelque part. Oui, mais où...

- Mes questions : Qui est derrière tout ça, que faites-vous des organes que vous volez, si vous les vendez au marché noir je veux la liste des clients.

Mais bien sûr. Il s'agissait d'un des sbires de son dernier client. Alors comme ça, ils s'intéressaient réellement aux organes... Le regard d'Irumi se perdit dans le vide. Un homme pouvait-il vraiment engager des mercenaires, pour récupérer grand nombre d'organes, dans seul but de les manger ?

Alors qu'il essayait de trouver un lien logique à toute cette histoire, qui allait finir par lui donner mal à la tête tant elle l'ennuyait, il remarqua qu'Ellie s'approchait de lui. Elle avait beau tenter de le cacher, il voyait bien qu'elle souffrait physiquement de ce qu'elle avait fait à l'autre homme - eh oui, on ne la fait pas à un Zoldik. Une contrepartie à son puissant pouvoir, sans aucun doute. S'il fut surpris qu'elle s'adresse directement à lui, il n'en montra rien :

- Si tu as des questions, vas-y aussi, ne sois pas timide, te gêne pas. D’ici quelques minutes, lui, il devrait devenir bavard.

S'en fut trop pour les nerfs de l'assassin, qui éclata de rire. Un rire franc, comme cela faisait si longtemps qu'il n'avait pas ri. S'il n'était pas qui il était, il en aurait presque eu la larme à l’œil. Se forçant à reprendre une expression neutre, il répondit néanmoins non sans un sourire à la jeune femme :

- J'ai une méthode bien plus efficace et rapide pour le faire parler. Et sans me fatiguer. Admire.

Secouant la tête de droite à gauche comme pour oublier la bêtise de la déclaration, il s'approcha du corps toujours à terre. Il s'agenouilla et, dans un geste d'une précision et d'une rapidité étonnantes, il planta deux aiguilles dans le corps de l'homme.

- Grâce à la première, qu'elle que soit la douleur que tu lui feras endurer, il ne la sentira pas. C'est très pratique pour torturer quelqu'un et le faire parler. Dès que je retirerai l'aiguille, tout ce qu'il n'a pas senti jusqu'alors, se projettera à lui. Il en mourra sûrement sur le coup d'ailleurs, vu sa faible résistance physique apparente... Pour faire rapide, elle le maintient en vie le temps de l'interrogatoire. La seconde aiguille, l'oblige tout simplement à répondre à toutes nos questions. Absolument toutes.

Irumi jeta un coup d’œil à la jeune femme, comme pour s'assurer qu'elle l'ait bien écouté - un Zoldik ne parle jamais dans le vide. Dans le ton qu'il avait employé, on pouvait très nettement sentir une once de menace. Une sorte de mise en garde. Qu'elle n'oublie pas qui elle avait en face de lui. Puis il s'adresse à l'homme à terre :

- Pourquoi ton maître récupère les organes ? Je veux dire, à part pour les dévorer.

L'homme serra les dents, puis sans qu'il ne puisse contrôler son corps, il se mit à parler :

- Il ne mange que les cœurs. Les cœurs des enfants uniquement. Le reste, il s'en fiche. Parfois, il engage des mercenaires pour récupérer les organes et les revendre. Parfois, non. C'est selon son humeur.

- Intéressant... La demoiselle ici présente souhaite la liste de vos clients, tu vas la lui donner, n'est-ce pas ?

- Oui... Vous avez de quoi noter ?

Irumi se redressa et laissa à Ellie le plaisir de noter les noms donnés. Il saurait se souvenir de chacune des personnes énoncées sans aucun problème. Après tout, c'était son métier. Et même si d'ordinaire il ne se sentait pas concerné par autre chose que ses missions, il devait avouer que son dernier client l'avait intrigué. Il sentait que quelque chose ne tournait pas rond dans la tête de ce type. Et il voulait en avoir le cœur net - sans mauvais jeu de mots.

Ellie avait l’esprit légèrement embrumé par la douleur, aussi, le rire si franc du Zoldik la surprit au plus haut point. Manquant de sursauter, elle écarquilla des yeux pour le dévisager. Quoi, quoi qu’avait-elle encore dit de drôle ? Décidément, c’était la deuxième fois qu’il éclatait de rire en sa présence. Elle devait vraiment avoir loupé sa vocation de comique.

Etait-ce le fait qu’elle soit légèrement à l’ouest ou qu’elle ne soit plus menacé, ni par un inconnu, ni par l’assassin, en tout cas, la jeune femme se fit la réflexion qu’il avait un joli rire. Plaisant à entendre. Pas aussi psychopathe que le laissait présager son nom de famille ou son regard inexpressif.

Quand il lui sourit avant de lui répondre, Ellie en était venue à la conclusion qu’il aurait pu faire un très bon Don Juan s’il s’en donnait les moyens.

- J'ai une méthode bien plus efficace et rapide pour le faire parler. Et sans me fatiguer. Admire.

Oh. Admirer ; oui c’était dans ses cordes. Elle admonesta en silence en secouant la tête, ah ces Zozo, étaient-ils tous si sûrs d’eux ? S’il se montrait plus efficace qu’elle, elle ne disait pas non. Mais s’il se loupait, ce serait à son tour de rire.

Quand Irumi planta l’aiguille dans le corps de son prisonnier elle eut des doutes : la dernière fois il avait ruiné le cadavre, elle espérait que cela ne se reproduirait pas. Mais apparemment, le type survécut et elle ne voyait pas ce que les armes pouvaient endommager à part les muscles. Et les muscles, ça ne se greffait pas ? Non ?

Le Zoldik se tourna vers elle et, tout comme il avait secoué la tête à la manière d’un professeur un peu plus tôt, il lui expliqua, avec un ton légèrement menaçant de celui qui ne parle pas pour rien :

- Grâce à la première, qu'elle que soit la douleur que tu lui feras endurer, il ne la sentira pas. C'est très pratique pour torturer quelqu'un et le faire parler. Dès que je retirerai l'aiguille, tout ce qu'il n'a pas senti jusqu'alors, se projettera à lui. Il en mourra sûrement sur le coup d'ailleurs, vu sa faible résistance physique apparente... Pour faire rapide, elle le maintient en vie le temps de l'interrogatoire. La seconde aiguille, l'oblige tout simplement à répondre à toutes nos questions. Absolument toutes.

"Même la couleur de son caleçon ?" Aurait-elle dit normalement.

Mais Sur le coup, Ellie oublia toutes ses rancœurs envers lui et son attitude « oui je me la pète je suis un Zoldik ». Si elle s’était laissé aller, ses yeux auraient brillé de convoitise : ça c’était une technique très pratique ! Elle voulait la même pour noël !

-C’est pratique en effet !

Du coin de l’œil elle essaya de mémoriser l’emplacement des aiguilles, après tout avec le serment de nen entre eux, elle pourrait faire de même – et oublier sa technique qui lui faisait mal. Elle n’avait pas encore essayé d’apprivoiser le nen du Zoldik, mais elle rattraperait bien vite cette erreur. Se baissant légèrement pour voir le type allongé, elle le tapota du bout du doigt. Pas de réaction. Un doute surgit cependant suite aux explications de l’assassin.

Mais s’il ne sent plus rien, comment peut-on le torturer ?

Enfin, puisqu’il répondait aux questions, elle ne voyait plus l’intérêt de le faire souffrir après tout. Ellie voulait juste débarrasser la planète de cette vermine tout en aidant les innocents. Son but n’avait rien d’ambitieux ! La torture ne faisait d’ailleurs pas parti de son activité favorite, probablement parce qu’elle demandait à ce qu’elle souffre en même temps que sa victime, mais une part d’elle espérait aussi que c’était pour une raison morale. (Mais généralement, Ellie ignorait cette petite voix, elle était agaçante). Tant qu’elle tuait les salopards et leurs volaient leurs organes, elle se sentait mieux.

- Pourquoi ton maître récupère les organes ? Je veux dire, à part pour les dévorer. Demanda Irumi.

Charmant. Ainsi donc, il savait depuis le début qui était à l’origine de tout ça ? Il s’était bien foutu de sa gueule. Ellie était sur le point de lui en faire la remarque quand le type répondit, comme forcé :

- Il ne mange que les cœurs. Les cœurs des enfants uniquement. Le reste, il s'en fiche. Parfois, il engage des mercenaires pour récupérer les organes et les revendre. Parfois, non. C'est selon son humeur.

C’était magique ! Pour un peu elle se serait mise à babiller comme une gosse. Des étoiles dans les yeux, elle toucha encore la joue du type forcé à révéler ce qu’il savait. Elle envoya un regard à Irumi plein d’admiration : c’était le père Noël en fait ! Elle retirait tout ce qu’elle avait dit de méchant sur lui mentalement, même s’il faisait peur, il se révélait très utile le doudou !

Elle mit un peu de temps à comprendre ce que la victime disait, enthousiaste comme elle l’était.

Berk, et re berk pour les propos en revanche. Son patron semblait être une belle ordure ! Encore heureux il n’avait pas mangé le fruit de ses efforts –comme quoi, cannibale oui, mais sélectif, il ne mettait pas n’importe quoi dans sa bouche le monsieur. Mais ce genre de propos faisait vaciller ses certitudes. Oui, ce type là, peut-être que cela valait le coup de le torturer avant de le tuer. Il pouvait respecter le travail des autres au moins ! Surtout que les organes du marché noir allaient toujours dans les corps des richards ou des membres de la mafia. C’était vraiment du foutage de gueule.

Se rendant compte que depuis une minute elle affichait trop clairement ses émotions, entre l’admiration et la colère, Ellie secoua la tête et reprit son masque professionnel. C’était la douleur. La douleur, vu que cela ne servait plus à rien d’ailleurs, elle pouvait arrêter. Cela lui éviterait de se tourner en ridicule devant le Zoldik. D’un froncement de sourcil elle cessa de faire bouillir le sang de la victime.

- Intéressant... La demoiselle ici présente souhaite la liste de vos clients, tu vas la lui donner, n'est-ce pas ?

Oh. Elle ne s’attendait pas à recevoir le titre de demoiselle. Cela lui faisait le drôle d’effet d’être une Lady. La classe. Une lady qui pataugeait dans une cave, couverte de sang, mais une lady quand même. En plus il se montrait serviable. Décidément, elle s’était trompé sur son compte. Enfin, il valait mieux qu’elle pense faire face à une ordure hautaine et se voir détromper plutôt que l’inverse, non ?

- Oui... Vous avez de quoi noter ? Demanda la victime de son air de lobotomisé.

Pour peu on aurait dit un de ses zombies. Elle secoua la tête à son intention :

-Je retiendrai tout. Parle.

Elle détestait noter quoique ce soit, parano, elle ne voulait pas rassembler des preuves de ses méfaits par écrit. Et ma foi, elle avait été entraînée toute son enfance pour avoir une mémoire phénoménale, et continuait encore chaque nuit avec des exercices simples. Autant que ses efforts servent. Elle écouta attentivement la longue litanie de noms qui suivit et intégra, tria et rangea tout dans un coin. Une fois fini l’homme s’arrêta, aussi vif qu’un rutabaga anémique. Elle ne voyait pas quoi lui faire crache d’autre, mais le tuer si rapidement alors qu’elle allait peut-être devoir partir à la recherche de son patron l’embêtait. Et si ce cannibale cachait plus d’un tour dans son sac ? Si jamais il aimait sacrifier les vierges à la pleine lune ? De ce côté-là, Ellie ne risquait pas grand-chose, mais elle n’appréciait pas les surprises de ce genre en mission.

Elle supposa que les aiguilles resteraient actives tant qu’elles seraient fichées dans sa peau. Avec sa volonté annihilée et avec son sang dans son corps, elle pourrait le manipuler aussi aisément qu’un cadavre. Bon par contre, pour l’autre, elle allait devoir le déposer dans un hôpital parce qu’il risquait de se mettre à puer dans les prochain jours.

Après un moment d’hésitation elle se remit debout et dévisagea le Zoldik.

-Je peux le garder ? J’ai toujours rêvé d’avoir un zombie à moi. Et j’ai cru comprendre que toi tu étais plutôt chat.

Puis se souvenant qu’il lui avait quand même évité de souffrir en questionnant le type, elle lui envoya un sourire qui se voulait sincère :

-Merci beaucoup.

Maintenant elle savait qu’il était capable de lui faire cracher tout ce qu’elle cachait avec une aiguille…Ellie voulait éviter de se retrouver à danser la macaréna toute nue en pleine rue en dévoilant les derniers secrets de sa famille. Elle essaya de chercher une parole gentille, ou un acte de courtoisie afin de le remercier plus en avant…Mais inviter un assassin à boire un café c’était un peu de la provocation non ? Et la dernière fois, il n’avait pas eu l’air très emballé à l’idée de se faire emballer par Ellie.

Ah, les relations sociales, quelle plaie.

Dans le doute, elle haussa des épaules et lui envoya :

-Je vais enquêter sur le patron de ce type, si ça se trouve, on se recroisera ? En tout cas faire cette mission avec toi c’était…

Un enfer. Pas aussi pire qu’elle ne l’escomptait ? Au final, Ellie ne savait pas si le mensonge valait le coup d’être prononcé, alors elle haussa des épaules en concluant évasivement.

-Quelque chose.

Puis comme cela semblait un peu bateau elle ajouta, ne pouvant camoufler son enthousiasme sur ce point :

-Ta technique elle claque !

Elle établit mentalement la liste de choses à faire. D’abord abandonner son cadavre ambulant devant un hôpital, ensuite rentrer à l’hotel avec le zombie, se changer, se laver, manger, faire les recherches sur les noms obtenus pendant la nuit et partir en mission demain. Le reste dépendrait de ce qu’elle trouverait. Alors qu’elle s’apprêtait à partir et à passer devant le Zoldik, elle hésita.

D’abord parce que tourner le dos à un assassin avéré ce n’était pas signe d’une très bonne santé mentale. (Mais concernant Ellie, c’était jouer les captain obvious). Ensuite, et bien, parce qu’une idée subite la fit s’arrêter. Hors de question de partir si simplement. Elle voulait une sortie classe, pas comme lors de leur dernière rencontre.

En trois pas elle s’approcha d’Irumi et appréhendant le problème de taille – ce mec était un géant comparé à elle- elle sauta légèrement.

Lui plantant un bisou sur la joue.

Pas d’étranglement, pas d’aiguille ? Elle ne finissait pas crucifiée contre le mur comme la dernière fois ? Elle atterrit sur terre indemne, aussi en profita-t-elle pour asséner :

-Voilà, c’aurait été dommage de fermer ma jolie bouche avec une aiguille, non ?

Elle lui envoya un sourire taquin, très fière de son tour.

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Décidément. Cette histoire de chat allait-elle donc le suivre encore longtemps ? Il était prêt à se servir de ses aiguilles sur la jeune fille, recommençant à s'agacer, quand elle le surprit franchement :

- Merci beaucoup.

Un sourire sincère et un remerciement. Le Zoldik n'en avait pas eu depuis des années. Mais en avait-il seulement déjà reçus ? Très peu. En dehors de ses clients qui le remerciaient pour ses actions, rares étaient les occasions permettant à l'assassin de recevoir autre chose que des mots haineux.

- Je vais enquêter sur le patron de ce type, si ça se trouve, on se recroisera ? En tout cas faire cette mission avec toi c’était… Quelque chose.

Etait-ce là une façon pour la jeune femme de le remercier, de lui dire qu'elle avait apprécié le temps passé ensemble ? Irumi en doutait fortement. Du moins, il devait avoué être légèrement - très légèrement - touché par les propos qu'elle tenait. C'était assez plaisant à entendre, en fait. Alors ainsi, la jeune femme souhaitait elle aussi enquêter sur cet homme. C'était bon à savoir. Si effectivement ils étaient amenés à se retrouver au même endroit, au même moment, cela allait pouvoir être intéressant. Peut-être même qu'ils finiraient par travailler en équipe, à force de se croiser ! "N'importe quoi. Moi vivant, il est hors de question que je traite avec une chieuse pareil."

- Ta technique elle claque !

Un compliment ? Mais que cherchait-elle donc ? Si elle pensait se mettre le mercenaire dans la poche, elle se foutait le doigt dans l’œil, jusqu'au coude ! On n'achète un Zoldik qu'avec de l'argent, pas avec de belles paroles ! Faisant craquer sa nuque, Irumi observait la jeune femme qui semblait prête à s'en aller. Enfin, il allait être tranquille. Enfin, il aurait droit à un peu de repos. Ce n'était pas trop tôt ! Mais alors qu'il pensait la voir passer devant lui et partir comme si de rien n'était, Ellie le surprit une nouvelle fois en s'approchant de lui. Il fronça les sourcils, prêt à lui demandait ce qu'elle pouvait donc encore manigancer.

- Qu'est-ce que tu-

Avant même qu'il n'ait fini sa phrase, il sentit les douces lèvres de la manipulatrice de sang effleurer sa joue, y déposant carrément un baiser. Se retenant de rougir - il était un terrible assassin, craint par tous, bon sang ! - il posa son regard étonné sur la jeune femme.

- Voilà, c’aurait été dommage de fermer ma jolie bouche avec une aiguille, non ?

- Non.

La réponse était partie toute seule, par pur esprit de contradiction sans doute. Le sourire qu'abordait Ellie lui hérissait le poil. "Non mais, pour qui elle se prend celle-là ?" Ni une ni deux, Irumi attrapa le menton de la jeune femme, se pencha et l'embrassa. Devait-il préciser que c'était bien la première fois que ses lèvres rencontraient celles d'une femme ? C'était un acte assez naïf, à dire vrai le Zoldik ne voyait là qu'un moyen de la surprendre à son tour. Le baiser fut rapide, bref. Et l'assassin reprit son air hautain. Il haussa les épaules et reprit la parole :

- Bof. Ma foi, fermer ta "jolie petite bouche" avec une aiguille n'aurait pas été une grosse perte, finalement. Elles ne valent pas tant le coup que cela.

Menteur, le Zoldik ? Peut-être un peu. Mais plutôt mourir que d'admettre qu'une telle chose lui ait plu. Toujours était-il, que sans se démonter, il se dirigea vers la sortie de la salle. Il n'avait plus rien à faire ici. Et, toujours sans se l'avouer, il ne tenait pas à supporter davantage la jeune femme. Elle avait le don de le mettre mal à l'aise, de quoi l'excéder encore plus. Arrivé à l'embrasure de la porte cependant, il s'arrêta un instant et, sans même prendre la peine de se retourner, lança d'une voix qui se voulait calme et dénuée de toute émotion :

- Notre cible étant la même, il est effectivement possible que nous soyons amenés à nous revoir. Alors... A bientôt, Ellie.

Puis le Zoldik s'en alla, véritablement cette fois, en direction de l'hôtel où une chambre lui était déjà réservée. Un peu de repos bien mérité selon lui. Et un bon repas bien chaud comme il en rêvait depuis quelques temps. Il prit le chemin menant à la trappe, souriant au souvenir qu'il en avait. Faire passer Ellie avant lui avait été une bonne idée, finalement. Les ennemis auraient pu s'y trouver, plutôt que d'être dans cette grande pièce.

Irumi soupira légèrement. Il venait de laisser deux de ses aiguilles sur un corps à l'agonie. Des aiguilles, il n'en manquait pas, le problème n'était pas là. Il avait seulement omis de préciser que l'effet ne durait qu'une heure. "Enfin, tant pis pour elle. Elle tenait à le garder alors, disons que ce sera ma petite surprise."

- Non.

La réponse ne tarda pas à retentir et Elllie arqua un sourcil. Elle n’obtenait pas souvent ce genre de réaction après un baiser, mais elle s’en doutait un peu. Après tout, vu sa réaction dans sa chambre d’hôtel…Bref, c’était une des raisons pour lesquelles elle avait préféré se contenter d’un bisou sur la joue plutôt qu’un roulage de pelle. L’autre raison était qu’elle ne désirait absolument pas se prendre la dite pelle dans la figure et se faire enterrée dans un parc. Enfin, au moins, elle l’avait rendu mal à l’aise et surpr-

C’est à ce moment là qu’Irumi lui saisit le menton –fermement et l’embrassa.

C’était un baiser assez naïf et simple. Un contact des lèvres comme le font les jeunes adolescents avec leur première copine. Mais ce geste suffit à la figer sur place.

Woa, woa, il était pas censé être timide lui ?

Irumi rompit le contact et se redressa en lui adressant un regard hautain, presque dédaigneux. Il n’y avait pas de quoi être fier, ce n’était pas comme s’il avait un diplôme en baiser, loin de là. Mais Ellie ne parvint pas à répliquer, parce qu’en un sens il avait gagné. Il l’avait surpris et obtenait le dernier mot.

Merde quoi il avait gagné !

- Bof. Ma foi, fermer ta "jolie petite bouche" avec une aiguille n'aurait pas été une grosse perte, finalement. Elles ne valent pas tant le coup que cela.

Oh et il enfonçait le clou en plus. Elle lui aurait bien répondu « Elles valent toujours mieux que la tienne » mais il risquait fortement de les lui clouer vraiment avec un clou. A la place elle croisa les bras et arqua un sourcil dans une expression qui se voulait claire quant à son commentaire.

Finalement, le Zoldik se dirigea vers la sortie, mais juste avant de partir, sans même se retourner, il ajouta d’une voix neutre :

- Notre cible étant la même, il est effectivement possible que nous soyons amenés à nous revoir. Alors... A bientôt, Ellie.

C’était bien son prénom qu’il venait d’employer ? Ellie se figea légèrement embarrassée. Au final, il avait quand même fait l’effort de retenir son prénom, et en plus…Il venait de sous-entendre qu’il supporterait de la revoir quand même. Sauf si en fait il avait retenu son prénom parce qu’il comptait la tuer plus tard, et que justement, la même cible dont il parlait c’était elle à ce moment là, forcément il comptait la revoir et…

Oh la migraine.

-Ca m’apprendra à agir sur un coup de tête…murmura Ellie, piteuse.

Mais seule dans cette cave, enfin débarrassée de l’autre Zoldik, elle se sentit curieusement seule. Même si ça avait été loin d’être une sinécure et qu’il s’était plus servi d’elle comme bouclier qu’autre chose…Mais enfin, n’aurait-elle pas exactement agi de même si les rôles avaient été inversés ? Rapidement elle passa sa main sur ses lèvres.
Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas été embrassée aussi gentiment, innocemment. Sans manipulation derrière, sans plan, juste une envie. Mais c’était bizarre de qualifier Irumi Zoldik de mignon et naïf. (D’un autre côté si elle le traitait de puceau, ce serait probablement ses derniers mots, pas très classe comme sorti finale !).

Après un moment d’hésitation, elle décida de ne pas rester ici, au cas où les collègues des morts passaient par là, elle avait eu son compte de mauvaises surprises. Après avoir « contaminé » avec son sang l’autre cadavre, elle se dirigea, bien entourée vers les rues de York Shin. Jetant un coup d’œil à son zombie de temps à autre.

Oh moins elle avait gagné un beau cadeau !

Avant de rentrer à l’hotel elle déposa discrètement les morts devant les hôpitaux (discrètement, pas vraiment, ceux qui avaient encore une tête elle les faisait tituber jusqu’à l’accueil puis mourir devant la pauvre secrétaire, et ceux trop amoché, elle les balançait de pas trop haut pour qu’il s’écrase devant le hall. Tous bien sûr, avec une carte de donneurs d’organes remplis par ses soins.)

Alors qu’elle croyait enfin en avoir fini, le zombie émit un gargouillis très peu…Zombifié. Elle eut tout juste le temps de se retourner pour le voir essayer de prendre la poudre d’escampette !

Une course poursuite et un plaquage digne d’un rugby man plus tard, Ellie se trouva obligée de gaspiller un peu de drogue pour le faire tenir tranquille et le rendre docile.

Déçue et maudissant le Zoldik et leurs cadeaux empoisonnés, elle admira les aiguilles devenue inutiles.

Bon au moins, si elle croisait Irumi, elle pourrait toujours lui demander de lui apprendre sa technique ? En échange elle pourrait lui proposer d’apprendre un peu comment manipuler son sang. Ou alors un bisou.

Parce que si un jour il voulait mettre une fille dans son lit, il allait devoir apprendre à rouler une pelle correcte. Après tout, la réputation des Zoldik était en jeu !

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Lien douteux || PV : Ellie Lévy

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