3h33. Trop de 3.
Me voilà une seconde fois au volant. Mais cette fois-ci, je pilotais une voiture de seconde classe. En effet, conduire en limousine dans un quartier tel que celui dans lequel nous arrivions tout juste était trop risqué. On pourrait nous pister, nous prenant pour des riches, et nous faire braquer. Cela permettrait également de remonter jusqu'à nous, pour la mafia et/ou la police à la recherche du porté disparu. Habituellement, je rentrais seul. Là, j'étais accompagné d'une jeune femme et d'un otage. Je n'allais donc pas faire comme à l'habitude, rouler lentement, vitres baissées, sono à fond, et sous mon vrai visage -comme si je revenais de soirée. Je roulais plutôt rapidement pour ne pas qu'on pose les yeux trop longtemps sur mon véhicule, et surtout, je gardais mon costume. Première fois que je le portais dans mon quartier. Mais bon. Tant que personne ne me voyait.. de toute manière j'avais encore une voiture volée, on ne pouvait pas savoir que c'était moi. Nous étions désormais dans un coin du quartier où tout le monde fermait les yeux. Là où avaient lieu tous les règlements de compte, les viols, les tortures, bref, tout. Cette petite zone du quartier n'avait aucun lampadaire en marche. Et on éteignait les phares lorsqu'on y arrivait, en roulant doucement. C'était la tradition dans le coin. Tout le monde faisait ce qu'il voulait sans aucun bruit. Les seuls qui osaient y traîner ne craignaient pas la mort, parfois, ils la côtoyaient même quotidiennement. Surtout les junkies. Parmi les ruelles de cette zone, une impasse, débouchant sur une petite place, derrière des immeubles, où des garages étaient disposés au fond de ce qui ressemblait à une cour. Contre les immeubles, il y avait des portes, espacées d'une dizaine de mètres chacune. Elles menaient à des escaliers, eux-mêmes donnant accès à des caves sous-terraines. Garant la voiture au beau milieu de la cour, je brisai le silence qui régnait déjà depuis une bonne demi-heure.
- Suis-moi.
Je reçus un SMS. Une petite vibration était audible. J'ignorai cela pour l'instant. Je sortis de la voiture, ouvrant la porte arrière pour sortir Parkson. Il dormait encore. Je le basculai sur mon épaule. Je ne fermai même pas la portière. Je partis en direction de l'une des entrées aux caves. J'ouvris en donnant un simple coup de pied ; ce n'était JAMAIS verrouillé. Usant de ma main libre, je sortis mon cellulaire afin d'éclairer mon chemin, la lumière du couloir étant défaillante. J'avançais jusqu'à ma cave. J'en profitai pour lire mon SMS : mon acolyte était rentré chez lui, tout s'était passé sans aucun problème. Satisfait, je rangeais mon téléphone. J'ouvris la cave. J'entrai. La lumière marchait, à l'intérieur. En effet, par des prises qui passaient par les aérations dans l'angle du mur et du plafond, laissant une vue sur le sol de la cour, nous passions tous des fils électriques reliés à des appartements non-occupés auxquels nous avions bidouillé les panneaux électriques pour qu'ils aient accès à l'électricité. Un moyen simple pour ne pas payer de facture, mais également pour avoir, via des multi-prises, des lampes et autres appareils électriques dans nos caves. Il y avait déjà tout ce qu'il nous fallait. Au fond, une chaise. Des liens. Une lampe pointée pile sur le visage de la personne qu'on asseyait sur la chaise. Plus au centre, une table, ainsi que trois chaises. Sur les côtés, j'avais un petit frigo, et divers outils de torture entreposés les uns sur les autres. J'assis Parkson sur la chaise dédiée à l'otage, avant de tirer une chaise pour Yvette, m'asseyant ensuite sur une des deux autres. Les coudes sur la table, les doigts croisés, je fixai l'adolescente. Après m'être raclé la gorge, je repris la parole.
- Hum. Bon. Il ne se réveillera sûrement pas d'ici une bonne demi-heure. On peut parler librement. Personne ne nous emmerdera ici.